La Pommeraie veut joindre l’Estrie

SANTÉ. Se sentant plus Estriens que Montérégiens, les usagers du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) La Pommeraie ont profité du dévoilement du rapport annuel de l’organisation pour démontrer au gouvernement leur volonté de se joindre au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Estrie plutôt qu’à celui de la Montérégie comme le prévoit la réforme santé du Dr Barrette.

La réforme du ministre de la Santé et des Services sociaux, aussi connue sous le nom de projet de loi 10, prévoit l’abolition des Agences de santé et de services sociaux et la création de CISSS. Selon l’actuel projet de loi, le CSSS La Pommeraie joindrait le CISSS de la Montérégie, une méga-structure qui desservirait quelque 1,5M d’usagers. Cette idée est loin de plaire à la communauté de Brome-Missisquoi qui souhaite plutôt s’affilier à l’Estrie. Le sujet a d’ailleurs mobilisé la quasi-totalité de la période de questions de l’assemblée tenue au CLSC de Cowansville, le 22 octobre dernier.

L’actuel président du C.A, Michel Lafrance, a précisé qu’un comité de pilotage, notamment composé de lui-même, de médecins et de gestionnaires, avait été créé pour évaluer la situation. «J’ai le mandat du C.A de faire l’exercice objectif de définir les pour et les contres [d’être avec l’Estrie]», a-t-il indiqué en entrevue avec JournalLeGuide.com.

 Le comité doit cependant faire vite puisque l’échéancier de travail du gouvernement amènerait le ministre Barrette à faire adopter son projet de loi au début du mois de décembre. Un mémoire est actuellement en préparation et M. Lafrance consulte de nombreux intervenants à ce sujet. «Ce que je constate dans ma consultation, c’est qu’il y a un consensus. Même si Dr Barrette est un dur négociateur, il y a des éléments qui nous aident», ajoute-t-il. Un vote à main levée a également permis d’établir un consensus, mercredi soir, parmi la soixantaine de personnes présentes à la rencontre. Ce constat sera noté dans une résolution.

M. Lafrance soutient que les membres du C.A devraient être convoqués sous peu en assemblée extraordinaire pour faire avancer le dossier. «Ensuite, il va falloir travailler avec le politique. À ce moment, je n’ai pas de stratégie, mais Louisette Hébert [du bureau du ministre et député Pierre Paradis] était là. Je suis en contact. Et [nous pouvons compter sur] Liza Frulla qui a une finesse politique. Elle nous aide beaucoup et elle connait les rouages en politique. C’est une personne aidante», poursuit M. Lafrance.

Estriens de coeur

Parmi les arguments soulevés, M. Lafrance a laissé entendre que la région de l’Estrie avait besoin d’une masse critique d’au moins 500 000 usagers. Or, la région aurait 300 000 de population et il semble que ce ne serait pas suffisant, au sens du projet de loi, pour avoir un centre hospitalier universitaire et un CISSS. Les 52 000 usagers de La Pommeraie, plus les 8 438 résidents de Bromont – Michel Lafrance a rencontré la mairesse Pauline Quinlan pour élaborer des stratégies puisque Bromont souhaitent toujours intégrer La Pommeraie et le CISSS de l’Estrie – aideraient le CISSS de l’Estrie à atteindre le volume d’usagers requis.

Les gens présents, mercredi soir, étaient aussi d’avis que leur communauté s’imbriquait davantage dans les valeurs estriennes. «Si on va dans l’Estrie, notre rapport de force sera mieux qu’en Montérégie. On est plus Estrien que Montérégien», a ajouté une personne dans la salle.

«Si on fait partie de la Montérégie, on va être une goutte d’eau dans l’océan. On doit s’affilier à l’Estrie pour la protection de nos acquis», a lancé l’ancienne présidente du conseil d’administration, Me Marie-Claude Landry. «Si on veut se protéger, on doit se mobiliser et historiquement, Brome-Missisquoi s’est toujours mobilisé derrière son établissement de santé», soutient-elle.

M. Lafrance a aussi indiqué que si les choses étaient bien faites, le besoin de monter aux barricades ne se ferait pas sentir. «Mais si on a besoin de vous, on va vous faire signe.»