Moins de fermes laitières dans la région

AGRICULTURE. En 20 ans, dans la MRC de Rouville, le nombre d’entreprises laitières est passé de 127 à 60, soit un recul de 52,76 %.  Même contexte dans la MRC de Brome-Missisquoi avec 89 fermes en moins depuis deux décennies. Une diminution de 41,59 %. Ce territoire en dénombre aujourd’hui seulement 125 fermes laitières.

Par Aline Honigmann

Le président du Syndicat de l’UPA de Rouville, Yvon Boucher, attribue surtout ces chiffres au contexte économique. Les statistiques, tant à l’échelle de la province que des MRC de Rouville et de Brome-Missisquoi, ne l’affolent pas.

Pour M. Boucher, «c’est tout le contexte économique qui a fait peur à de nombreux agriculteurs, notamment l’été dernier avec la crainte de l’abandon de la gestion de l’offre».

La tendance régionale reflète d’ailleurs la situation à l’échelle du Québec selon les données récentes de l’Institut de la statistique du Québec.

La province comptait 14 000 fermes laitières en 1995. Il en reste moins de 6000 aujourd’hui. À l’automne dernier, le Québec a perdu de 30 à 35 fermes par mois, pour un total de 257 fermes laitières en moins sur une année.

Insécurité et exigences en hausse

Sur le terrain, c’est l’insécurité, les fluctuations du prix du lait et le manque de relève qui ont raison de trop nombreux agriculteurs.

Producteur laitier à Brigham et président de l’UPA de Brome-Missisquoi, Réjean Racine le constate à travers ses rencontres. Des producteurs préfèrent liquider leur exploitation au lieu de poursuivre leur mission agricole. «Le plus gros morceau, c’est la mondialisation des marchés. C’est la principale raison.» «Le prix du lait à la ferme à la baisse et l’incertitude entourant les quotas (…). Des producteurs décident de passer à la caisse et d’encaisser le chèque», avoue le représentant local de l’UPA.

D’après M. Racine, la disparition d’exploitations laitières sans relève pourrait se poursuivre au cours des prochaines années. D’ailleurs, les encans de fermes seraient monnaie courante par les temps qui courent. «On vient de vivre une vague (d’encans) dans la dernière année et je ne crois pas que c’est terminé.»

L’incertitude face à la mondialisation des marchés notamment avec la ratification du Partenariat transpactifique pousserait certains producteurs laitiers à remettre en question leur avenir, soutient M. Racine.

«Qu’est-ce qu’il va arriver avec le système des quotas? Rien ne nous garantit que ça va rester. On entend de voir la position de Justin (Trudeau). Va-t-il signer ou pas le Partenariat transpacifique? C’est un dossier qu’on suit de près», indique Réjean Racine.

Tendance mondiale

Le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier, refuse toutefois de s’alarmer, car la bonne nouvelle, malgré tout, c’est que la production de lait continue de croître.

 «C’est une tendance mondiale que l’on observe aussi aux États-Unis et en France. Les gens adoptent un mode de vie urbain et le métier de producteur agricole est un métier difficile», observe-t-il.

Malgré la perte de nombreuses fermes, les producteurs qui restent en affaires récupèrent les quotas de production et la croissance se poursuit. On est toutefois encore bien loin du modèle des mégafermes américaines.

«Nos fermes moyennes ont environ 60 vaches, on est loin des 1000 têtes aux États-Unis», fait remarquer M. Dumontier.

Le climat semble ainsi tout de même s’améliorer dans l’industrie. «Le gouvernement nous a garanti que la gestion de l’offre serait maintenue au moins pour les 15 prochaines années», se réjouit le président du Syndicat de l’UPA de Rouville. Avec la collaboration d’Éric Patenaude

Les obstacles à la relève

 

-La valeur élevée des fermes potentiellement disponibles

-Le prix des quotas dans les productions sous gestion de l’offre qui accroît substantiellement la valeur marchande des fermes

-L’accès difficile au financement pour la relève

-La complexité des démarches administratives pour démarrer une ferme ou conjuguer l’exploitation d’une ferme et une autre activité professionnelle.