Guy Édoin présente son dernier film à Sherbrooke

CINÉMA. La Maison du Cinéma accueillait de la grande visite internationale, jeudi dernier, dans le cadre de la première sherbrookoise du film québécois Ville-Marie, qui met en vedette Monica Bellucci. La belle Italienne et le réalisateur de Saint-Armand, Guy Édoin, étaient présents pour répondre aux questions des journalistes et discuter un brin de l’histoire derrière cette belle aventure.

Par Cynthia Dubé

Il s’agit à peine de son deuxième long métrage, mais qu’à cela ne tienne, Guy Édoin, réalisateur natif de Saint-Armand, est allé chercher nul autre que la prochaine James Bond Girl pour camper son rôle principal. «Dans la mesure où le personnage s’est créé dans ma tête, c’est devenu indissociable, il n’y avait pas d’autres choix possibles que Monica Bellucci. On lui a envoyé le scénario un mercredi et le samedi suivant on avait un téléphone de son agent, qui nous disait que Monica avait adoré le scénario et qu’elle voulait faire le film», raconte le coscénariste et réalisateur du film Ville-Marie. 

Oui, la belle actrice italienne a accepté d’emblée, mais elle n’avait pourtant aucune idée de qui était à la tête de ce scénario. «Son agent m’a indiqué que Monica se demandait qui j’étais. Elle voulait savoir si j’avais déjà fait d’autres films. La semaine d’après je me suis rendu à Paris pour la rencontrer», souligne M. Édoin, qui signe aussi le long métrage Marécages, tourné en majorité à Saint-Armand et qui est sorti en 2011.

Quatre destins

Dans Ville-Marie, qui met aussi en vedette Pascale Bussières, Patrick Hivon et Aliocha Schneider, Monica Bellucci incarne le rôle de Sophie Bernard, une actrice française qui, lors d’un séjour pour le travail à Montréal, voit son passé ressurgir de façon brutale. «J’aime beaucoup ce film, mais pas que pour mon personnage. Tous les rôles dans ce film ont une force. C’est une sorte de puzzle dans lequel on retrouve une synergie parfaite», souligne Monica Bellucci.

L’actrice de réputation internationale s’est carrément mise à nu pour cette histoire sombre, réaliste et touchante. Sous l’œil des caméras, elle incarne une star troublée et a accepté de jouer sans maquillage et artifice. «J’ai eu un plaisir immense à jouer ce rôle, parce que j’ai eu la possibilité d’utiliser différentes palettes. C’est rafraîchissant pour une comédienne d’avoir la possibilité de jouer toutes sortes de notes.»  

Ville-Marie met aussi en scène trois autres personnages tout aussi touchants. Le destin tragique qui se jouera au cours d’une nuit réunira à l’hôpital Ville-Marie les quatre personnages, dont l’infirmière Marie, jouée par Pascale Bussières.

«Pour ce rôle, j’ai voulu aller voir ce qui se passait dans un hôpital. Je voulais sentir l’ambiance et comprendre comment le personnel médical vivait dans une salle d’urgence, là où des destins se jouent. C’est un point de rencontre où personne ne souhaite être vraiment», raconte la comédienne québécoise, qui joue dans un film du réalisateur de Saint-Armand pour la deuxième fois. Elle n’a d’ailleurs que de bons mots pour le scénariste et réalisateur. «Guy a un regard bien veillant, tendre et parfois dur sur la réalité des femmes. Il fait aussi tourner des comédiennes qui n’ont pas 22 ans! Il s’agit de femmes qui ont de la maturité. Il les amène dans une proposition complexe. Ça fait du bien et c’est rassurant.»

Tourné en format 35 mm, au cœur de la nuit, le film Ville-Marie apporte un regard différent sur Montréal. «Je trouvais qu’on ne voyait plus Montréal à l’écran, la nuit. Autant que la ville a été présente vers la fin des années 1990, autant elle est devenue absente par la suite. Il y avait donc ce désir de mise en danger, de sortir de mon élément et de filmer la ville autrement», remarque  Édoin.