Stéphanie Bélanger-Naud à l’assaut du championnat canadien

COMPÉTITION. Fendre à la hache un billot de bois d’un diamètre de dix pouces, en découper un autre à la scie mécanique, puis un autre de 18 pouces au godendard, chaque fois en tentant d’obtenir le meilleur chrono; à la fin juillet, Stéphanie Bélanger-Naud aura l’occasion de se forger une place parmi l’élite canadienne féminine des sports de bûcheron (woodsmen), lors des championnats canadiens, à London en Ontario.  

Ce sera là l’ultime compétition parmi celles que chapeaute l’association STIHL Timbersports Canada. La native de Farnham, maintenant résidente de Brigham, se mesurera à six autres athlètes canadiennes.   

Les concurrentes, avant d’obtenir leur billet pour London, devaient traverser un processus de qualifications. À sa première présence au niveau professionnel, fin juin à Memramcook au Nouveau-Brunswick, Stéphanie Bélanger-Naud a épaté la galerie. Au terme des trois épreuves (scie mécanique, godendard, coupe à la hache) du rendez-vous regroupant 15 athlètes de l’Est du Canada, elle terminait en tête, devançant même par cinq points la championne en titre Janet Walker. Les compétitrices se classant parmi les quatre premières positions s’assuraient d’une place à London.

À travers les éclats de bran de scie et les copeaux de bois, l’athlète de 21 ans établissait du même coup un record canadien à la coupe à la hache chez les dames. Elle a fendu le billot de bois en 32,5 secondes, soit près de 12 secondes plus rapidement que sa plus proche rivale. À ce titre, les données sont compilées depuis 2013.    

Aspirante au titre canadien

Mais même si son nom surgit désormais comme aspirante championne canadienne, les responsables du circuit la qualifient d’«étoile montante» dans la division professionnelle féminine, Stéphanie Bélanger-Naud ne se fixe pas d’attentes pour London. Elle avoue être la première surprise de ses résultats en qualification.

«J’allais là [à Memramcook] sans objectif en tête, sans m’attendre à aussi bien performer, mentionne-t-elle. Pour le championnat canadien, je vais rester concentrée, tout en continuant d’y mettre tous les efforts. Je ne m’enfle pas la tête avec ça. Tout peut arriver, ce n’est pas gagné d’avance, loin de là.»

Technique, concentration, rapidité d’exécution, des qualités auxquelles il faut ajouter une bonne endurance musculaire, forment les caractéristiques des athlètes évoluant dans les sports de bûcheron. À travers le travail quotidien, Stéphanie Bélanger-Naud trouve le temps de s’entraîner, notamment en faisant de la course à pied. La discipline dans laquelle elle performe le mieux? La coupe à la hache.

Contrairement aux hommes, où les plus performants peuvent être sélectionnés pour prendre part aux championnats du monde, il n’existe toujours pas d’épreuves féminines réunissant les meilleures à cette échelle. «Ce n’est pas encore assez développé dans d’autres pays pour qu’un championnat du monde puisse être soutenu», fait valoir l’athlète de Brigham.    

Bientôt bachelière en agroéconomie

Ayant grandi sur une ferme, Stéphanie Bélanger-Naud a tailladé ses premières pièces de bois après son arrivée au campus Macdonald de l’Université McGill, à Sainte-Anne-de-Bellevue.

«C’est un sport qui m’était inconnu avant d’arriver à McGill, raconte-t-elle. Ça m’a beaucoup intriguée et j’ai rapidement eu la piqûre.»

Les entraînements en plein air, à raison de quatre sorties par semaines, tôt le matin avant les cours, valent aussi leur pesant d’or à ses yeux. «C’est un sport parfait pour moi!»

Elle entamera à l’automne les dernières sessions d’un baccalauréat en agroéconomie, qui fait suite à une technique en gestion agricole, toujours au campus Macdonald de l’Université McGill.

Elle ne pourra toutefois revêtir les couleurs de l’université au sein du circuit interuniversitaire, du moins en tant que compétitrice, puisqu’elle y a déjà passé quatre ans et demi; le règlement impose une limite de cinq ans aux athlètes. Elle compte toutefois transmettre son bagage de connaissances aux recrues, en tant qu’assistante-entraîneure.              

Le volet féminin des championnats canadiens se déroulera le jeudi 28 juillet. La jeune femme n’y sera pas seule; elle pourra compter sur le support et les encouragements de membres de sa famille.

Elle entend d’ici la fin de l’été participer à d’autres compétitions, notamment certaines en sol américain.       

Virtuoses bûcherons 

Loin de n’enfiler qu’une simple chemise à carreaux, symbole par excellence du bûcheron dans l’imaginaire collectif québécois, les athlètes portent diverses pièces de protection tout au long des épreuves, que ce soit des souliers renforcés d’acier ou de la cotte de mailles sur les tibias et l’intérieur des pieds pour la coupe à la hache, ou des lunettes, un casque d’écoute et un pantalon spécial pour la scie mécanique.

Les essences de bois mou utilisées dans les compétitions passent du pin blanc au tremble.