50 ans de passion dans l’industrie du spectacle!

L’impresario Pierre Gravel a trois passions dans la vie: l’agence de spectacle PGI, le Musée de l’arme et du bronze et la Fondation Alzheimer. Ces trois champs d’activité accaparent le plus clair de son temps, mais il ne s’en plaint pas. C’est que, pour lui, le travail n’est pas une corvée, mais une façon de se dépasser.

 

 

Quand on connaît la réputation de Pierre Gravel International, il est difficile de s’imaginer que son fondateur s’est promené à bicyclette jusqu’à l’âge de 21 ans. On ne peut pas non plus deviner qu’il a commencé dans le métier comme organisateur de soirées dansantes dans les écoles secondaires, sous-sols d’église et centres de loisirs.

 


«J’étais encore aux études à l’époque», affirme celui-ci qui se destinait d’abord à devenir technicien en électricité. «Je m’installais dans une cage de bois grillagée, à l’entrée de la salle, et vendais moi-même les billets. Comme je n’avais pas de méthode de classement très sophistiquée, je jetais les dollars par terre et ceux-ci s’empilaient jusqu’à la hauteur de mes genoux. Et comme je n’avais pas non plus  valise pour transporter les billets, je les entassais dans mon chandail. Ça me faisait une méchante bedaine», raconte le Granbyen.

 


Tout jeune, Pierre Gravel faisait déjà de bonnes affaires et n’hésitait pas à défier le règlement municipal qui interdisait la pose d’affiches sur les poteaux de téléphone.

 


«Avant d’aller poser mes affiches, je faisais un détour par le poste de police de Granby pour payer l’amende de 50 $, soit l’équivalent du salaire hebdomadaire de deux secrétaires. Les policiers ne se gênaient pas pour enlever les affiches, mais je repassais derrière eux pour en installer de nouvelles», ajoute-t-il, avec l’air enjoué d’un gamin qui vient de réussir un bon coup.

 


Pierre Gravel se rappelle également avec plaisir de cette époque où le twist était interdit dans les salles paroissiales et où on devait allumer toutes grandes les lumières durant les danses contacts (slow).

 


Un coup gagnant
Après avoir passé une année au Jardin zoologique de Granby pour se familiariser avec les rouages d’une entreprise, Pierre Gravel était prêt à se lancer en affaires. Il a fait ses véritables premiers pas dans le milieu artistique en 1962. Son entreprise célèbrera d’ailleurs, l’an prochain, un demi-siècle d’existence.

 


«Le premier groupe, avec lequel j’ai signé un contrat d’exclusivité, s’appelait Les Chanceliers et mettait en vedette un certain Michel Pagliaro», signale le principal intéressé.

 


Il y en a eu bien d’autres par la suite, ce qui fait dire à certains que tout le show-business québécois est passé par l’agence de Pierre Gravel. Et ce n’est pas si loin de la vérité…

 


«À l’époque, mon bureau roulait 24 heures par jour, six jours par semaine. Il n’était pas rare de recevoir l’appel d’un organisateur de festival en milieu de soirée ou celui d’un hôtelier à trois heures du matin. On devait être au bout du téléphone pour lui répondre. Les cellulaires n’existaient pas à l’époque», précise M.Gravel.

 


Quand la popularité des Classels, des Baronnets, des Sultans et des autres groupes québécois a chuté, l’agence de spectacle granbyenne a commencé à s’intéresser à des chanteurs qui présentaient les versions françaises de grands succès américains ou britanniques. Il y a eu Pierre Lalonde d’abord, puis Nicole Martin. Renée Martel s’est jointe à l’écurie Gravel à la même époque.

 


L’entreprise a réussi un autre coup de force, quelques années plus tard, en misant sur le talent d’André-Philippe Gagnon.

 


«Il a fait son numéro a capella dans mon bureau et j’ai tout de suite réalisé qu’il avait un grand potentiel. J’avais préparé un contrat valide pour un an, que j’ai déchiré pour un contrat de dix ans. Je n’ai jamais regretté cette décision», nous confie M.Gravel, à propos de son artiste fétiche.

 


La percée de Marc Hervieux
La société PGI représente aujourd’hui une centaine d’artistes avec lesquels elle détient un contrat d’exclusivité. Humoristes, chanteurs, auteurs-compositeurs, mentaliste, magiciens, animateurs, conférenciers, artistes de cirque, spectacles concepts, jazz et classique, il y en a pour tous les goûts et tous les groupes d’âge.

 


«Jean Lapointe, Jean-Marc Chaput, Oliver Jones et André-Philippe Gagnon sont avec nous depuis le début. Nous présentons également les tournées de Chubby Checker et Dick Rivers depuis toujours», rappelle M.Gravel.
Certaines organisations et maisons de production confient par ailleurs à PGI des mandats bien spécifiques (Zone 3 pour la tournée Mixmania, Productions Julie Snyder pour les concerts hors salles des ex-Académiciens, Banque Scotia pour le spectacle-bénéfice de Centraide du Grand Montréal).

 


«De façon générale, nous ne sommes pas là pour gérer la carrière des artistes, mais pour planifier leurs engagements et voir à ce qu’ils ne manquent pas d’ouvrage», explique M.Gravel.

 


Le grand patron de PGI considère que le show-business québécois est une industrie en bonne santé financière.

 


«En période de récession, les humoristes ont la cote, car les gens ont besoin de se divertir. Pour la chanson, c’est différent. Certains gagnent très bien leur vie alors que d’autres ont plus de difficulté»,  indique notre interlocuteur.
Après avoir séduit les amateurs de musique classique et de chant lyrique, le ténor Marc Hervieux connaît actuellement une grande popularité auprès du grand public.

 


«Aucun des artistes que nous représentons n’a un calendrier aussi bien rempli. Marc clôturera d’ailleurs sa tournée Après nous au théâtre du Centre Bell à la fin mars», signale M.Gravel.

 


Obligations et responsabilités
Pierre Gravel considère que l’industrie du show-business a beaucoup évolué au cours des 50 dernières années… et dans le bon sens du terme!
«Quand j’ai débuté dans le métier, c’était un peu le Far West. Au fil des ans, les agences de spectacle se sont structurées et ont soigné leur image. On a mis du sérieux dans une entreprise qui, jadis, n’en avait pas beaucoup», soutient M.Gravel.

 


Le grand patron de PGI considère que la réputation d’un impresario se bâtit au fil des ans.

 


«Pour être un bon impresario, ça prend de la vision et du flair. Il faut également être disponible et ne pas compter ses heures», résume-t-il.
Quand il ne s’occupe pas de ses clients, M.Gravel travaille à la mise sur pied du Musée de l’arme et du bronze, un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps.

 


«Le Musée aura pignon sur rue, dès mai prochain, tout en continuant à présenter des expositions sur une base itinérante. La collection permanente de l’établissement de la rue Dufferin comptera entre 800 et 900 pièces, offertes pour la plupart par de généreux donateurs», indique M.Gravel.
La décoration est complétée et le mobilier déjà en place. Il ne reste plus qu’à accrocher les armes et à disposer les bronzes dans la salle d’exposition.

 


«Le Musée mettra l’emphase sur les armes, les timbres, la monnaie et les sculptures de bronze», ajoute le collectionneur et grand amateur d’arts visuels.

 


Il est intéressant de noter que ce nouveau musée a été invité à joindre les rangs de l’Association des musées internationaux, au même titre que le Musée de la guerre d’Ottawa.

 


«Je tiens à préciser que je ne suis pas un tireur, ni un chasseur. Contrairement à la croyance populaire, je ne possède que deux ou trois armes de collection, sans plus. Je m’intéresse à l’histoire des armes et des conflits armés, mais je n’aime pas les armes», affirme ce pacifiste qui a lui-même déjà opéré un commerce d’armes à feu à Granby et un autre à Sherbrooke.

 


Pierre Gravel s’implique par ailleurs au sein de la Fondation Alzheimer, un important bailleur de fonds de la Société Alzheimer de Granby. Le directeur du marketing et des communications chez PGI, Sébastien G.Côté, a également épousé cette cause.

 


La Fondation a présenté sept spectacles-bénéfices au fil des ans (Gagnon, Houde, Jalbert, Paquin, Petit, Lemire, Hervieux) et accueillera Sylvain Cossette, le 7 avril prochain, pour un concert dédié aux années 70.
«Nous avons réalisé des profits nets de 300 000 $ durant cette période, à raison de 43 000 $ à 48 000 $ par an. Cet argent permet à la Société Alzheimer d’offrir du répit aux aidants naturels qui prennent soin d’une personne aux prises avec cette terrible maladie», ajoute M.Gravel.