Route de contournement: un «mal» nécessaire

L’aménagement d’une route de contournement au nord de Farnham pourrait pénaliser certains commerçants de la rue Saint-Paul et du centre-ville, mais devrait avoir des effets positifs à moyen et long termes affirment deux membres de la communauté d’affaires locale bien en vue.

Le propriétaire du magasin Brand Source Meubles Denis Riel, dont l’établissement est situé dans le secteur concerné, admet que le projet risque d’affecter l’achalandage dans son commerce et dans plusieurs autres établissements du centre-ville (le supermarché Métro Plouffe et la pharmacie PJC par exemple). Il estime malgré tout que le jeu en vaut la chandelle.

«De 30 % à 40 % du trafic sera détourné vers l’ouest sans passer par le centre-ville. Les consommateurs des localités environnantes qui transitent vers la route 235 n’auront plus l’obligation de passer devant chez nous. Même chose pour les travailleurs des usines du parc industriel qui habitent à l’extérieur de Farnham et qui doivent emprunter la rue Saint-Paul pour se rendre au travail», soutient le marchand de meubles.

Le président de la Chambre de commerce de Farnham et Région, Michel Noël, croit pour sa part que les commerces de service (le  dépanneur/station d’essence Irving, le dépanneur 7 Jours et le restaurant Aux Portes par exemple) risquent d’être les principaux perdants dans cette aventure. Il estime toutefois que les gens n’hésiteront pas à faire un petit détour pour se procurer les biens et produits plus spécialisés offerts chez  Meubles Denis Riel, FleurExcel ou au Verger Kessler.

«Le consommateur à la recherche d’un nouveau meuble n’arrête pas au magasin en se rendant au travail. Il va plutôt faire un déplacement spécial, le soir ou durant le week-end, le plus souvent avec sa conjointe», explique M.Noël.

Denis Riel signale au passage que les commerçants de son secteur connaissent déjà les «effets pervers» d’une fermeture de la rue Saint-Paul, eux qui ont dû composer avec les travaux de réfection de la route 235  et du pont Antonio-Bernier.

«Les commerces ont connu une baisse d’achalandage trois années de suite», prend soin de rappeler l’homme d’affaires.

Un choix «inévitable»

Même si son commerce risque d’être affecté par la présence d’une voie de contournement au nord de la municipalité, Denis Riel refuse de blâmer les autorités en place et va même jusqu’à les féliciter pour leur clairvoyance.

«Ça ne sert à rien de sortir dehors avec des pancartes. La décision était difficile à prendre, mais c’est la décision qui  se devait d’être prise. Nos élus municipaux ont fait preuve de vision à long terme et c’est maintenant à nous, les gens d’affaires, de s’adapter et d’être novateurs», croit le marchand de meubles de la rue Saint-Paul.

M.Riel explique que la Ville de Farnham n’a pas été construite pour accueillir le trafic lourd. Les rues du centre-ville sont très étroites, dit-il, et le passage des camions de type semi-remorque sur la rue Principale n’est jamais sans risque.

Michel Noël ajoute qu’un sondage auprès des membres de la Chambre de commerce, réalisé il y a quatre ans, avait démontré que de 75 % à 80 % d’entre eux étaient favorables à l’aménagement de la voie de contournement.

«Le passage du trafic lourd a toujours constitué un problème en raison de l’étroitesse de la rue Principale», ajoute le président de l’organisme, qui est également courtier immobilier.

Ce dernier s’attend à l’implantation de nouveaux magasins et au déplacement des activités commerciales dans l’axe des routes 104 et 235 sud au lendemain de l’ouverture de la voie de contournement.

«Le nord de la rue Saint-Paul va sans doute devenir un secteur résidentiel alors que la portion de la 235 délimitée par les rues Yamaska et Jacques-Cartier risque de connaître un boom commercial. Un peu à la façon du boulevard Jean-Jacques-Bertrand, à Cowansville», affirme M.Noël.

Le courtier immobilier laisse entendre que les rumeurs veulent qu’un restaurant McDonald et un magasin de grande surface s’établissement à Farnham.

«Ces entreprises ne s’implantent pas au hasard, mais basent plutôt leurs décisions sur des études de marché. Oui, je vous le dis, ça regarde bien pour Farnham», poursuit M.Noël.

Denis Riel croit lui aussi que de nouveaux  commerces vont s’implanter dans le secteur et n’écarte pas la possibilité d’y déménager son propre magasin un jour ou l’autre.

«Farnham a beaucoup changé en cinq ans et pour le mieux. On y retrouve une belle qualité de vie, des terrains et maisons abordables, un taux de taxe très acceptable, un marché public invitant, des parcs et activités de loisirs pour tout le monde. Vivre ici coûte 20 % moins cher qu’ailleurs, car les tentations ou les occasions de dépenser sont peu nombreuses en raison de la faiblesse de l’offre commerciale», ajoute M.Riel.