Des milliers de poissons morts à Saint-Armand

La présence de milliers de poissons morts sur les berges du lac Champlain, à la hauteur du quartier de la falaise à Saint-Armand, a alarmé les citoyens au début de la semaine. Les spécialistes du ministère des Ressources naturelles du Québec, dépêchés sur place à la demande des autorités municipales, reconnaissent qu’il s’agit d’un taux de mortalité élevé, mais estiment que la qualité de l’eau n’est pas en cause. Des analyses plus poussées permettront de valider cette hypothèse.

Yves Langlois, résidant du secteur Philipsburg et cinéaste engagé, a fait parvenir des photos inquiétantes à lAvenirEtDesRivières.com, en fin de soirée, mardi dernier. Une quantité impressionnante de petits poissons morts apparaissait sur les clichés captés à quelques pas de sa résidence.

«Il est plutôt rare de voir des poissons morts durant l’hiver. La dernière fois que j’en ai vu autant, c’était en été, il y a 20 ou 25 ans. On ramassait ça par gros sacs et je peux vous dire que ça puait. Le député libéral de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis, était alors ministre de l’Environnement et s’était occupé du dossier», indique M. Langlois.

Au dire de ce dernier, près de 650 000 brochets avaient été décimés à cette occasion. On avait alors attribué le décès des poissons à un déversement de la conserverie de Bedford.

«À l’époque, on avait dit que des détritus – des pelures de légumes – avaient siphonné l’oxygène dans l’eau et privé les poissons d’air», ajoute le résidant, en puisant dans ses souvenirs.

Experts de la faune

La municipalité de Saint-Armand a dépêché l’un de ses employés dans le secteur Philipsburg afin de vérifier les dires de M.Langlois et a constaté l’ampleur du phénomène. Réal Pelletier, le maire de Saint-Armand a par ailleurs pris soin de contacter les gens du ministère des Ressources naturelles (MRN) et ceux du ministère du Développement  durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) pour les informer de la situation et faire appel à leur expertise. Ces derniers ne semblent pas inquiets outre mesure. Les résultats des premières analyses d’eau et les échantillons de poissons morts prélevés à Saint-Armand leur permettent même de croire que la qualité de l’eau du lac Champlain n’est pas directement en cause.

Guillaume Lemieux, technicien de la faune au MRN- Montérégie, s’est rendu dans le secteur Philipsburg, jeudi, afin de constater l’ampleur des dégâts et tenter d’en apprendre un peu sur les causes exactes de la mort prématurée de milliers de poissons.

«Les photos de M. Langlois  donnaient l’impression que les poissons présents sur les rives étaient desséchés alors que les poissons encore dans l’eau étaient en décomposition. Ma visite sur place m’a permis de confirmer cette hypothèse», indique le technicien.

M.Lemieux a également constaté que les poissons trouvés sur les berges du lac Champlain sont de la même espèce que les nombreux spécimens retrouvés à Clarenceville le 10 décembre dernier. Il s’agit du gaspareau, une espèce reconnue pour sa fragilité.

«On peut penser que les poissons morts étaient dans l’eau depuis déjà un bon moment. Les fortes pluies de la fin de semaine du 12 et 13 janvier ont fait monter l’eau du lac qui, en se retirant, a laissé les carcasses sur les berges. Ce n’est qu’à ce moment que les riverains ont pu détecter leur présence», explique le spécialiste de la faune.

Au dire de ce dernier, les cas de mortalité chez le gaspareau sont fréquents et ont été observés ailleurs au Québec.

«La mortalité chez cette espèce semble attribuable à un changement dans l’environnement du poisson. Même si les quantités en cause (quelques dizaines de milliers d’individus) sont importantes, on peut dire que la biomasse de la baie Missisquoi n’a pas été affectée de façon importante. La situation serait différente si on était en présence de poissons plus gros», poursuit M.Lemieux.

Des prélèvements d’échantillons d’eau ont aussi été faits dans la baie Missisquoi à plusieurs endroits. «Comme la prise d’eau de la station de pompage est située à 600 mètres de la rive, ça donne un meilleur portrait de la situation», explique Guillaumen Lemieux.

Ce dernier a notamment vérifié la température (très froide en ce temps-ci de l’année), la turbidité (dans les normes), le taux d’oxygène (correct à 17 milligrammes par litre) et le taux d’acidité (un PH de 6,95 sur une échelle de 1 à 14 – donc légèrement acide).

«Les analyses en laboratoire permettront de vérifier s’il y présence de contaminants dans l’eau du secteur Philipsburg. J’ai tendance à exclure l’hypothèse de contaminants, à croire qu’ils ne sont pas en cause dans les cas de mortalité observés cette semaine. Dans le cas contraire, plusieurs espèces de poissons auraient été affectées», conclut M. Lemieux.

Plus de détails dans la prochaine édition papier de lAvenirEtDesRivières.com.