Farnham: la Chambre de commerce menacée

L’avenir de la Chambre de commerce de Farnham et région (CCFR) devrait se jouer dans les prochaines semaines. Pendant que le processus de dissolution de l’organisation s’amorce, un membre de la communauté d’affaires locale s’active pour relancer l’organisme, bien conscient que le temps joue maintenant contre lui.

 

Alerté par un article publié dans les pages de lAvenirEtDesRivieres.com, l’éditeur Web Vincent Robert a rencontré les administrateurs sortants de charge à quelques reprises, en janvier dernier, afin de leur faire part de son désir de s’impliquer.

«À titre d’ancien membre de la CCFR, je trouverais ça plate que l’organisme mette la clé dans la porte et se départisse de sa charte. Il faut tout faire pour garder la Chambre à Farnham», affirme l’ancien propriétaire de l’entreprise Audio Fidélité.

M. Robert a entrepris des démarches pour recruter d’autres bénévoles, mais les volontaires ne se pressent pas aux portes

«Certaines des personnes que j’ai approchées m’ont dit qu’elles n’avaient pas le temps d’assister aux réunions du conseil d’administration, tout en se disant prêtes à donner un coup de main à l’organisation d’une activité spécifique. D’autres encore m’ont dit qu’elles avaient déjà donné et étaient maintenant passées à autre chose», résume M. Robert.

Ce dernier ne perd pas espoir, malgré tout, et songe notamment à convoquer les gens d’affaires de Farnham à une rencontre d’information pour leur faire part de ses projets et solliciter leur appui.

«La relance de la Chambre m’apparaît être la solution idéale, mais je ne ferme pas non plus la porte à la mise sur pied d’un autre type de regroupement pour dynamiser le secteur commercial de Farnham», poursuit le principal intéressé.

Précédures de dissolution

Les ex-président et vice-président de la CCFR, Michel Noël et Ghislain Racine, voient les choses d’un tout autre œil.

«Vincent Robert est un chic type, mais il n’a pas réussi à faire la preuve qu’il pouvait réunir une équipe autour de lui pour relancer la Chambre. M. Robert n’est pas sans savoir qu’il ne peut pas administrer un organisme comme celui-là, seul ou avec deux ou trois autres personnes autour de lui. Nous avons vécu l’expérience et ça ne fonctionne tout simplement pas», affirme Ghislain Racine.

Ce dernier signale que les anciens administrateurs ont des responsabilités légales et sont notamment responsables des biens, des archives et du compte bancaire de la CCFR.

«Les fonds fondent à vue d’œil et je me vois mal retourner cotiser les membres quand la Chambre est sur le respirateur artificiel et que l’on s’apprête à entreprendre des démarches pour dissoudre l’organisme», précise le porte-parole de l’organisme, avant d’ajouter que la CCFR est en mode survie depuis l’automne 2011.

L’ex-président tient à préciser que les anciens administrateurs «ont été très clairs au sujet de leurs intentions» dans la lettre acheminée aux membres de la CCFR en décembre dernier. «Si plusieurs personnes – cinq, huit ou dix – s’étaient engagées à prendre la relève, nous aurions dit OUI. Ça n’a pas du tout été le cas».

M. Racine rappelle que M .Robert a déjà eu droit à plusieurs «extensions» et laisse entendre que les délais sont maintenant expirés.

Ghislain Racine a d’ailleurs entrepris des démarches auprès de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), à la mi-février, pour enclencher le processus de dissolution.

«La Fédération nous a notamment suggéré une fusion avec une autre chambre de commerce, mais M. Noël et moi-même n’étions pas très chaud à l’idée», indique-t-il.

En qualité de notaire, M. Racine est déjà familier avec le processus de dissolution d’une compagnie. Il tient cependant à préciser que la procédure actuelle comporte des différences significatives. «La dissolution d’une chambre de commerce, on ne fait pas ça à tous les jours. La Fédération s’est engagée à nous fournir un modèle de dissolution», affirme-t-il.

Ce dernier signale que la CCFR devra notamment dresser l’inventaire de ses biens, puis procéder à leur liquidation. «Nous ne nous sommes pas fixés de deadline, mais nous en avons certainement encore pour quelques semaines», affirme M.Racine.

Masse critique de 200 membres

La poursuite des activités d’une chambre de commerce, dans une communauté de la taille de Farnham, représente un défi continuel. La CCFR n’est pas la première, et sans doute pas la dernière, à éprouver des problèmes de recrutement.

«À mon arrivée à la Fédération, voilà cinq ans, on dénombrait 161 chambres au Québec. Il n’en reste plus que 148», précise Bruno-Serge Boucher, vice-président soutien au réseau à la FCCQ.

Au dire de ce dernier, les chambres de commerce ayant moins de 150 membres sont généralement les plus vulnérables, car leur bassin de bénévoles est limité.

Une chambre de commerce à bout de souffle dispose en fait de trois options. Celle-ci peut demeurer inactive tout en conservant sa charte. Elle peut également entreprendre une démarche de dissolution en s’adressant à Industries Canada. Il lui est enfin possible de fusionner avec une autre chambre existante.

«Chaque chambre de commerce est autonome et décide seule de son avenir. La Fédération n’a aucun pouvoir décisionnel à ce chapitre, mais encourage fortement les chambres en difficultés à se regrouper pour aller chercher la masse critique qui leur fait défaut», précise M.Boucher.

Plusieurs chambres de commerce ont entrepris ou compléter avec succès une démarche en ce sens. Les chambres de Saint-Laurent et Ville Mont-Royal, celles de Bécancour, Nicolet et Saint-Léonard d’Aston, celles de Vaudreuil-Dorion et Soulanges, celles de Repentigny, Le Gardeur et la Jeune chambre de Repentigny (aujourd’hui la CC de la MRC Le Gardeur) font notamment partie de ce groupe sélect.

«Plusieurs chambres de la Baie des Chaleurs sont également en voie de se regrouper. Il en va de même avec les chambres du Témiscamingue», signale le porte-parole de la FCCQ.

Bruno-Serge Boucher laisse par ailleurs entendre que les chambres ont de plus en plus tendance à se regrouper en épousant le territoire d’une MRC (une chambre par MRC).