Bedford mise sur la biomasse forestière

Bedford pourrait bien servir de vitrine à la société World Renewable Energy Group (WREG) Canada, qui souhaite introduire en Amérique du Nord un nouveau procédé permettant de produire de l’électricité à partir d’une centrale de cogénération s’alimentant à même les résidus de la biomasse forestière.

L’entreprise canadienne entend soumettre une proposition d’affaires à la société Hydro-Québec, à la fin du mois, dans le cadre d’un appel d’offre pour l’achat de 300 mégawatts (MW) d’électricité qui expire en décembre prochain.

«Notre centrale permettrait de produire de l‘électricité (10 MW), de la vapeur et/ou de l’air comprimé tout en valorisant les dormants de chemins de fer et les poteaux d’Hydro-Québec. Ces pièces de bois  sont traitées au créosote et ne peuvent pas être détruites n’importe où, car leur combustion génère de la pollution. Le procédé de décomposition chimique en absence d’oxygène (pyrolyse), développé par la compagnie française Finaxo et commercialisé en Amérique du Nord par WREG Canada, est révolutionnaire en soi, car il ne produit aucune émission atmosphérique, ni gaz à effet de serre», indique Michel Larocque, président de la firme  de génie conseil Gestech International, qui travaille en partenariat avec WREG Canada dans ce dossier.

Débouchés secondaires

WREG Canada est actuellement en négociation avec Bonduelle, afin d’alimenter ses installations de Bedford en vapeur.

«L’appel d’offres d’Hydro-Québec stipule que 15 % des opérations des centrales de cogénération doivent servir à produire un type d’énergie autre que l’électricité. De la vapeur de procédé par exemple. Les gens de Bonduelle nous ont fourni des chiffres sur leurs coûts de production de vapeur et c’est maintenant à nous de leur démontrer combien ils pourraient économiser en ayant recours à nos services. Notre but ultime est d’obtenir une lettre d’intention de Bonduelle pour la joindre à notre proposition d’affaires destinée à Hydro-Québec», explique M.Larocque.

Au dire de ce dernier, la chaleur générée par la centrale de WREG Canada pourrait également servir à produire de l’air comprimé. Ce type d’énergie pourrait notamment être utilisé par la Ville de Bedford pour l’alimentation des véhicules de la voirie et du service d’incendie.

«Un camion de 25-30 tonnes dispose d’une autonomie de 200 km avec une réserve de huit mètres cubes d’air comprimé. C’est amplement suffisant pour les besoins quotidiens d’un autobus ou d’un camion à ordures», ajoute M.Larocque.

WREG Canada s’intéresse à une technologie italienne permettant de remplacer le diesel des camions par de l’air comprimé. Elle serait même intéressée à obtenir la licence de commercialisation du <I>kit de conversion<I>  pour l’Amérique du Nord.

«Les gens de WREG Canada laissent entendre que le coût de conversion du diesel à l’air comprimé pourrait s’élever à 10 000 $ par véhicule», signale le directeur général de la Ville de Bedford, Yvon Labonté.

Source d’approvisionnement

La centrale de cogénération pourrait être érigée aux abords de l’usine Bonduelle, sur un terrain privé convoité par WREG Canada. Son coût d’implantation est évalué à 30 M $ ou 35 M $.

«Hydro-Québec aura besoin de trois mois pour étudier la proposition de WREG Canada. Si la société d’État nous donne le feu vert, les études d’ingénierie préliminaires devraient débuter en septembre et les premières commandes d’équipement être placées à l’automne. Dans le meilleur des cas, la centrale pourrait être opérationnelle à la fin de 2014 ou au début de 2015», précise M.Larocque.

Au dire de ce dernier, l’entreprise pourrait s’approvisionner en matière première chez Les Industries JPB, une entreprise de Valleyfield qui récupère les dormants du Canadien Pacifique ou encore auprès du Syndicat des producteurs de bois de l’Estrie. Il lui faudra trouver une source d’approvisionnement relativement proche.

La réalisation du projet devrait générer la création d’une dizaine d’emplois.

«Il faut comprendre que l’usine fonctionnera sur une base de 24/24 heures, 7/7 jours», précise le président de Gestech International.

Trois études

La proposition de WREG Canada s’inscrit dans le cadre d’un long processus initié en 2011 par le CLD de Brome-Missisquoi.

«Même si Brome-Missisquoi n’est pas une région ressource majeure pour le bois, on retrouve plusieurs scieries sur notre territoire. Ça a été le point de départ de notre réflexion», indique Benoit Lévesque, conseiller en développement d’entreprise au CLD.

Cet organisme a fait appel au Fonds de soutien aux territoires en difficulté (FSTD) pour la réalisation d’un inventaire et d’une étude de caractérisation (dépôt été 2011). Une étude de préfaisabilité pour évaluer le déploiement d’un réseau de chauffage à la biomasse dans les édifices publics (aréna, hôtel de ville, centre équestre, école Mgr-Desranleau, etc.) et maisons privées a par la suite été réalisée. Cette étude, déposée en décembre 2011, a été financée à parts égales par le FSTD et la Ville de Bedford.

«La dernière étude, produite l’été dernier, a démontré que la construction d’une centrale de cogénération pouvant produire de l’électricité, de la chaleur et de l’air comprimé devrait être rentable. WREG Canada a financé la moitié des coûts de l’étude alors que le FSTD et la municipalité ont payé la différence», résume M.Lévesque.