Les pompiers de la région sur le qui-vive

Huit pompiers de Sutton sont allés prêter main-forte sur les lieux de la tragédie de Lac-Mégantic, le week-end dernier. Une quarantaine de sapeurs de la région n’attendent qu’un coup de fil pour se rendre sur les lieux du déraillement de train qui a fait au moins cinq morts et une quarantaine de disparus.

«On a été appelés sur place», lance Marc-Antoine Fortier, du Service incendie de Sutton. En compagnie de sept autres confrères, M. Fortier s’est rendu à Lac-Mégantic ce week-end. Questionné sur son expérience par le JournalLeGuide.com, ce dernier n’a pas voulu commenter davantage.

Ailleurs dans la région, une quarantaine de sapeurs sont sur un pied d’alerte. «Absolument. On pourrait être appelés», lance Louis-Philippe Éthier, directeur du Service de sécurité incendie de Bromont. Cinq à dix pompiers de Bromont pourraient être mis à contribution, de même que les ressources matérielles nécessaires.

Son homologue de Cowansville, Gilles Deschamps, affirme être sur la liste d’attente. «Si jamais ils ont besoin de nous, on va être là. J’imagine que l’adrénaline va tomber et que la fatigue va embarquer», dit-il. Six pompiers de Cowansville sont prêts à intervenir. «On peut être appelés plus tard cette semaine. Il y a le déblai, l’assistance à la Sûreté du Québec. Il y a beaucoup d’ouvrage. On parle de 40 corps. C’est un ouvrage qui est fastidieux. Au World Trade Center, ça a pris des mois et des mois. Ce n’est pas la même ampleur, mais ça démontre le travail qu’il y a à faire. Le bureau du coroner indique qu’ils doivent faire la différence entre des os d’animaux et d’humain», ajoute Gilles Deschamps.

À Bedford, le chef Ralph Gilman a communiqué, samedi, avec le ministère de la Sécurité publique (MSP). «On a une équipe de six hommes qui est prête à partir avec de l’équipement au besoin. Le MSP a dit qu’il nous appellerait s’il avait besoin de nous», souligne-t-il.

Les sapeurs de Waterloo, Roxton Pond et de Shefford sont aussi sur le qui-vive. «La directive, c’est de ne pas arriver à coups de deux ou trois pompiers à la fois parce que ça devient ingérable là-bas. On a donc formé un groupe de dix pompiers de Waterloo, Shefford et Roxton prêt à y aller pour assurer la relève et le soutien», mentionne le directeur du SSI de Waterloo, Patrick Gallagher. Si ce dernier doit s’assurer d’avoir suffisamment d’hommes sur le territoire pour subvenir aux besoins, il fait savoir qu’une autopompe pourrait être mise à profit. M. Gallagher remarque toutefois que les ressources matérielles sont nombreuses à Lac-Mégantic. «Ils ont suffisamment de ressources en terme de véhicules. Ils ont seize services incendie, dont des États-Unis, de la Beauce et de Sherbrooke. C’est du man power qu’ils vont avoir besoin», lance-t-il.

Il s’attend à assister au déblai puisque le combat d’incendies est terminé. «Dès samedi, on était prêt à se rendre. Devant une apocalypse comme ça, on veut tous aider, mais des fois, c’est plus problématique quand il y a trop d’aide. Il faut que ce soit structuré. Alors, nous sommes entrés en contact avec les autorités et ils ont apprécié notre geste.»

Du côté de Granby, les sapeurs sont aussi aux aguets. «On a dressé une liste de volontaires. Une douzaine aurait pu se déplacer à Lac-Mégantic. On avait aussi dressé un inventaire de ce qu’on aurait pu amener parce qu’il faut leur fournir un peu d’outils», indique Pierre Lacombe, le directeur du Service des incendies de Granby. À ce moment-ci, M. Lacombe serait étonné de recevoir un appel, mais si c’est le cas, il avise que son Service répondrait favorablement à la demande.

Enfin, à Farnham, le directeur général de la Ville, François Giasson affirme que si Lac-Mégantic a besoin d’aide, Farnham va répondre favorablement. «On est pas contre la vertu. Si ça avait été le contraire, on aurait aimé avoir de l’aide.»

«On est vulnérable»

La tragédie de Lac-Mégantic fait réfléchir les sapeurs de la région. «Ça nous fait démontrer qu’on est vulnérable au quotidien à des sinistres parce que c’est un convoi de ce qu’il y a de plus normal», indique Louis-Philippe Éthier. Ce «train de la mort», comme le surnomme certains médias, serait d’ailleurs passé par Bromont avant d’atteindre Magog, Lennoxville, Nantes puis Lac-Mégantic. «Il y a trois convois de 98 wagons remplis de pétrole brut par semaine qui passent par Bromont. On est vulnérable», rappelle le directeur Éthier.

«On apprend de ces choses-là. Je crois que ça va aider à sensibiliser les autorités des risques que représente ce type de convois. On a tendance à oublier ça parce que c’est le quotidien. Il faut qu’on soit prêt et qu’on soit formé», enchaîne M. Éthier qui précise que ses pompiers ont suivi les formations nécessaires.

À Cowansville, là où Montreal Maine and Atlantic Railway (MMA) exploite aussi des chemins de fer, le directeur Deschamps avoue que la tragédie de Lac-Mégantic ne le «surprend pas vraiment». «Quand on regarde l’état des chemins de fer et qu’on voit un peu comment MMA gère la crise… Une chance, de ce que l’on voit à la télé, la crise est bien gérée sur place. C’est quelque chose que je n’aimerais pas vivre dans ma carrière», confie Gilles Deschamps.

Deux à trois trains par jour passeraient par Cowansville, mais ceux-ci n’utilisent pas la même ligne que ceux du désastre de Lac-Mégantic. Ils vont plutôt vers Richford et Newport aux États-Unis. «Je ne sais pas s’ils contiennent du pétrole. Tu regardes le genre de wagons, mais je ne peux pas le confirmer. Ça peut être du pétrole, du propane, de l’acide, du blé d’Inde. Tu sais c’est quoi quand ça arrive», conclut-il.