Trois démissions à la Société d’agriculture de Missisquoi

La présence au sein de la Société d’agriculture de Missisquoi (SAM) de deux clans aux vues diamétralement opposées semble avoir précipité le départ de la directrice générale et de deux administrateurs, la semaine dernière, à la veille de l’assemblée générale annuelle de cet organisme responsable de l’organisation de la plus vieille exposition agricole du Québec.

«J’ai remis ma démission, parce que le climat était devenu invivable. J’avais également la prémonition qu’on allait me congédier», affirme Mona Beaulac, directrice générale en poste depuis 18 ans.

Le nouveau président de la SAM réfute cette affirmation, mais admet que le conseil d’administration jonglait avec l’idée de couper l’un des deux postes permanents pour aider l’organisme à rétablir sa situation financière.

«À dire vrai, la démission de Mona nous a pris par surprise, car la décision de couper le poste était loin d’être encore prise. Elle n’était peut-être pas sans savoir que le plus haut salarié d’une organisation est souvent le premier à  écoper lors d’une restructuration financière», indique Richard Grimard.

Le président laisse entendre que l’organisme n’a pas l’intention d’embaucher un nouveau directeur général.

«L’autre employée permanente, Maude Côté, ne se retrouvera pas seule pour autant. Elle aura droit à mon aide et à celle des autres administrateurs bénévoles», ajoute M. Grimard.

Mona Beaulac accueille cette affirmation avec beaucoup de scepticisme…

«Que doit-on lire entre les lignes quand quelqu’un parle d’abolir la direction générale? Est-ce que ça veut dire que j’étais là pour rien. Si certaines personnes pensent cela, c’est un peu insultant…», lance la directrice générale démissionnaire.

Cette dernière laisse entendre qu’elle part la tête haute et qu’elle n’aura aucune difficulté à vivre avec sa décision.

«Je quitte la SAM à contrecoeur, mais je suis zen avec ma décision. Pour moi, la SAM n’était pas seulement un emploi, mais une véritable passion. J’ai travaillé avec une centaine d’administrateurs au fil des ans et je n’ai jamais eu de pépin avec personne», insiste-t-elle.

Consciente de la précarité financière de l’organisme, Mona Beaulac prend soin de rappeler qu’elle avait choisi de sacrifier cinq heures de travail par semaine, il y a trois ans, afin de permettre à sa collègue de toucher un salaire plus convenable.

«Maude et moi, on formait une vraie équipe, on se complétait bien. J’ai toujours eu beaucoup d’estime pour elle», précise-t-elle.

Un malaise plus profond?

Tout le monde s’entend pour dire qu’il y avait beaucoup de dissension au sein du conseil d’administration de la SAM depuis un an. Cette situation peut sans doute expliquer la démission de la DG et le départ des administrateurs bénévoles Tony Beugger et Sylvie Messier, dont le mandat arrivait à échéance. Leurs postes sont maintenant occupés par Karen Crandall et Robert Martin.

Il faut également se rappeler que deux autres administrateurs, Marie-Ève Rousselle et Patrice Morrissette, avaient perdu leur siège lors de l’assemblée générale de décembre 2012 au profit d’Elsa Falcon, Jonathan Falcon et Luc Marchessault.

Le «match» entre les nouveaux administrateurs et les plus anciens n’a visiblement pas été facile, les uns et les autres s’accusant de tous les torts.

«La dernière année a été pénible pour tout le monde. Les nouveaux poussaient de nouvelles idées alors que les anciens avaient la nostalgie d’une autre époque. Ça ne pouvait tout simplement pas continuer», affirme M. Grimard.

Le nouveau président est convaincu que l’Expo de Bedford doit miser sur la nouveauté pour assurer sa survie.

«Il ne reste que 32 expositions agricoles au Québec alors qu’il y en a déjà eu 95. Pour survivre, il faut arriver avec de nouvelles idées et mettre sur pied de nouvelles activités. Le nouveau contrat accordé à Beauce Carvaval, une entreprise québécoise, constitue un premier pas dans la bonne direction. L’Expo de Bedford entre maintenant dans les ligues majeures avec la sanction de son jugement de basse-cour par l’American Bantam Association et la American Poultry Association», insiste le président Grimard.

Mona Beaulac reconnaît elle aussi que chaque clan travaillait de son côté au lieu de former une vraie équipe.

«Les nouveaux administrateurs n’ont jamais embarqué. À eux quatre, ils n’ont réussi à vendre que onze laissez-passer pour l’exposition agricole de 2013, pendant qu’un ancien administrateur en vendait une cinquantaine. Et quand est venu le temps d’agrandir le poulailler, ils brillaient encore par leur absence», signale l’ex DG, à titre d’exemple.

M. Grimard estime que le conflit est maintenant résolu et que tout le monde tire désormais dans la même direction.

«Nous nous sommes réunis, lundi soir, et ça s’est très bien passé. Il n’y pas eu de prises de bec, comme dans les derniers mois, au grand plaisir de tous les administrateurs présents. L’abcès est maintenant crevé», précise le président.