Usine de biométhanisation: Brome-Missisquoi en mode lobbying

Une étude, réalisée par la firme comptable Raymond Chabot Grant Thornton, démontre que la construction d’une usine de biométhanisation au site d’enfouissement de Cowansville se traduirait par des gains économiques et environnementaux significatifs.

L’évaluation financière de la firme RCGT, commandée par la Régie intermunicipale d’élimination des déchets solides de Brome-Missisquoi (RIEDSBM), révèle également que les coûts d’exploitation pour le traitement de la matière organique par biométhanisation (55,38$/ tonne) seraient comparables à ceux de l’enfouissement (45,35$/ tonne en 2016) ou du traitement par compostage.

«Ce scénario est basé sur le cadre financier originel du Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation ou compostage (PTMOBC) qui subventionnait les dépenses admissibles à hauteur de 66 %», précise Brigitte Nadeau, directrice générale de la RIEDSBM.

Les résultats de l’étude indiquent cependant que les coûts d’exploitation grimperaient à 91,68$/ tonne (au lieu de 55,38$/ tonne) si l’aide financière gouvernementale était attribuée en vertu du nouveau cadre normatif (cadre 2 du PTMOBC) qui alloue un montant fixe de 800$/ tonne pour la construction d’une usine de biométhanisation.

«Le nouveau cadre financier est basé sur le tonnage et non sur les coûts réels du projet. La formule est nettement moins avantageuse», affirme Mme Nadeau.

La subvention accordée à la RIEDSBM passerait ainsi de 18,3M $ (cadre 1) à 9,3M $ (cadre 2) pour des installations pouvant accueillir 20 000 tonnes métriques (t) de matière organique. Le coût total de l’usine pourrait varier entre 30M $ à 40M $, selon que l’on y intègre ou pas un centre de tri optique.

«Pas moins de 20 000 t de matière organique sont enfouies chaque année au site du rang Saint-Joseph. La moitié de ce volume provient du secteur résidentiel (100 000 habitants répartis dans une trentaine de municipalités des MRC de Brome-Missisquoi, Memphrémagog et Haut-Richelieu). Nous recevons également 4 000 t des industries-commerces-institutions (ICI) et 6 000 t sous forme de boues usées»,  explique Mme Nadeau.

L’heure est au lobbying

À la lueur de ces informations, la RIEDSBM espère que son projet pourra être analysé dans le cadre normatif d’origine du PTMOBC, en vigueur lors du dépôt de la demande de subvention en décembre 2011.

«On fait le pari que l’aide financière sera calculée sur la base des normes en vigueur en décembre 2011, mais la partie n’est pas gagnée d’avance. Ça va prendre du lobbying auprès des ministres et députés sensibles aux questions environnementales pour mettre toutes les chances de notre côté», indique Mme Nadeau.

Le conseil d’administration de cet organisme sans but lucratif travaille actuellement à la mise sur pied d‘une délégation de quatre ou cinq personnes chargée de «vendre» le projet aux décideurs publics. La délégation serait dirigée par le maire de Cowansville et préfet de la MRC de Brome-Missisquoi, Arthur Fauteux. La directrice générale de la RIEDSBM, un représentant de la firme d’ingénieurs-conseil Electrigaz et un ou deux autres élus municipaux devraient également se joindre à lui.

«Le maire de Saint-Ignace, Albert Santerre et le maire de Bedford, Yves Lévesque, ont déjà manifesté de l’intérêt», ajoute Mme Nadeau.