Un petit peu de Farnham dans le film «Gut Instinct»

CINÉMA. La Ville de Farnham a été prise d’assaut par l’équipe de tournage du film Gut Instinct, hier, pour la réalisation d’une demi-douzaine de scènes extérieures.

«Nous avons visité une dizaine de petites localités des Cantons-de-l’Est et des Laurentides dans l’espoir de dénicher une rue Principale pouvant ressembler à celle d’une petite ville de la Colombie-Britannique. La présence d’édifices de brique rouge au centre-ville de Farnham a fait pencher la balance», indique le cinéaste Daniel Roby, que l’on connaît pour la réalisation des films Louis Cyr et Funkytown.

L’équipe de tournage a notamment capté une scène de moto circulant à proximité du pont Antonio-Bernier, une Camaro d’époque stationnée devant l’ancien édifice de la Caisse populaire de Farnham et une séquence aux abords de la cantine L’ami du passant. Un chalet, situé à 15 minutes de Farnham, a également été mis à contribution pour les besoins de ce long métrage.

Une production de 7 M$

Le film est largement inspiré de la saga d’Alain Olivier, un ex-héroïnomane qui a croupi en taule à Bangkok pendant huit ans et été enchaîné pendant 42 mois à la suite d’une erreur sur la personne. On l’avait confondu avec une personne du même nom, ayant la même date de naissance.

Cette production canadienne fait également état des démarches de Victor Malarek, le journaliste du quotidien torontois The Globe and Mail qui a mené enquête dans l’espoir de prouver l’innocence de ce Québécois condamné à une sentence de 100 ans.

«Le projet mijote depuis dix ans. J’avais lu plusieurs articles sur cette affaire à la fin des années 80 et suivi l’enquête du journaliste Malarek. J’ai commencé l’écriture du scénario en 2008, soit un an après les démarches judiciaires entreprises par Alain Olivier. Il n’a pas été facile de trouver du financement public pour la réalisation d’un film en anglais, où l’action se passe en bonne partie à Vancouver et à Toronto.», précise M. Roby.

La création du film Gut Instinct aura nécessité 44 jours de tournage et un budget de l’ordre de 7 M$.

«Nous avons notamment tourné 15 jours en Thaïlande, dans une prison désaffectée depuis cinq ans, durant le mois de mars, puis quatre autres journées à Vancouver, en avril. Il faut ajouter à cela 22 jours de tournage à Montréal, en mai et juin», résume le cinéaste.

Ce dernier laisse entendre qu’il reste encore une dizaine de jours de tournage avant la Fête nationale et que le film pourrait être projeté sur grand écran au dès le début de 2019 ou au printemps de la même année.

Le choix des comédiens

Le rôle titre du film a été confié à Antoine Olivier Pilon (Mommy, 1:54, Junior majeur) alors que Josh Hartnett (Pearl Harbor, La Chute du faucon noir, Halloween 20 ans après…) campe le rôle du journaliste du Globe and Mail.

«Quand j’ai commencé à m’intéresser au projet, Antoine n’avait que 15 ans et était trop jeune pour interpréter un gars de 28-29 ans. Les délais entre l’écriture du scénario et le tournage du film lui ont cependant permis de prendre de l’âge. À 21 ans, Antoine est l’acteur parfait pour ce genre de rôle. Il est à la fois très professionnel et très charismatique. Dans ce cas-ci, on peut dire que la malchance est devenue une chance», indique Daniel Roby.

L’ex-détenu Alain Olivier, dont le film s’inspire, confirme les dires du réalisateur.

«Je me reconnais tout à fait dans Antoine. Il est criant de vérité dans ce qui s’avère être son premier rôle d’adulte», affirme l’homme de 58  ans qui assiste religieusement au tournage du film et dit vouloir s’assurer que le système de justice va continuer à défendre la vérité.

La sélection de Josh Hartnett est également le fruit d’un beau hasard.

«Hartnett recherchait ce genre de rôle. On ne l’avait pas vu depuis longtemps. Il a vieilli et cadre bien avec le personnage du journaliste d’enquête», soutient M. Roby.

Le cinéaste a pris soin de bien se documenter avant le tournage. Il a notamment réalisé cinq entrevues de deux heures avec Victor Malarek et consulte régulièrement Alain Olivier, avec qui il a fait connaissance avant le début du procès à Montréal.

«Alain est là pour me rafraîchir la mémoire. Sa présence sur les lieux du tournage m’aide également à mieux conceptualiser les choses», explique-t-il.