Saint-Ignace: Apiculture Patenaude fait le pari de la biodiversité

AGRICULTURE. Apiculture Patenaude, une ferme de Saint-Ignace-de-Stanbridge spécialisée dans l’élevage des abeilles, investit dans l’avenir en remplaçant des prairies inutilisées par des rangées de plantes à fleurs favorisant les pollinisateurs et la faune locale.

L’entreprise familiale vient de mettre en terre 750 plants de sureau du Canada et de spirée latifolia sur un lopin de terre de 60 000 pi2 (250 pi par 240 pi).

«Nous avons choisi ces espèces indigènes pour leur robustesse et pour la rapidité à laquelle elles produisent des fleurs et des fruits», explique l’apicultrice Annie Patenaude.

Et ce n’est qu’un début. Apiculture Patenaude prévoit en effet aménager une parcelle additionnelle chaque année jusqu’en 2022 pour une superficie totale de quatre à cinq hectares.

La réalisation du projet est rendue possible grâce au soutien financier du programme ÉcoAction d’Environnement Canada (achat des végétaux, engrais et paillis) et du programme ALUS Montérégie créé par la Fédération de l’UPA de la Montérégie (compensation pour les parcelles de terre non cultivées).

«Le programme ALUS Montérégie a compensé six hectares en 2016, 15 en 2017 et 17 autres en 2018. La compensation maximale offerte aux producteurs est de 750 $ par hectare», précise Cesar Largaespada, agent en agroenvironnement à l’UPA de la Montérégie.

Répondant à l’invitation de leur prof de sciences, Catherine St-Pierre, une vingtaine d’étudiants de l’école secondaire Mgr-Euclide-Théberge ont également collaboré au succès de cette corvée agroenvironnementale en fournissant les bras nécessaires à la plantation de 2018 chez Apiculture Patenaude.

«Les producteurs agricoles disposant de sols peu propices à la culture du maïs ou du soya et qui croient aux avantages de la biodiversité peuvent se prévaloir du programme ALUS Montérégie», signale Mme Patenaude.

Huit millions d’abeilles par an

Apiculture Patenaude a fermé son musée et son hydromellerie pour se concentrer sur l’élevage des abeilles.

L’entreprise apicole produit un millier de colonies par an, à raison de 8 000 abeilles par colonie, et dessert des clients partout au Québec.

«Nous offrons également une formation de base en apiculture, à la fois théorique et pratique, à notre ferme de Saint-Ignace. Une soixantaine de personnes se déplacent chez nous chaque année pour suivre les cours», résume Mme Patenaude.

Invitée à se prononcer sur les causes de mortalité chez les abeilles, Annie Patenaude pointe du doigt différents facteurs.

«Comme le climat change – printemps plus frais et automnes plus chauds – il nous faut adapter nos méthodes d’hivernage, d’alimentation et de gestion des maladies», explique-t-elle.

Cette dernière identifie le varroa destructor – un parasite qui se colle à l’abeille – comme la principale cause de mortalité, mais ajoute que le manque de diversité dans l’alimentation des abeilles est également un facteur non négligeable en raison de la multiplication de la monoculture.

«Il n’y a pas que les abeilles qui ont la vie dure. C’est aussi le cas des autres pollinisateurs comme les guêpes et des bourdons. De là l’importance d’investir dans la biodiversité et d’augmenter la diversité des plantes à fleurs», ajoute-t-elle.