Réjean Racine: «Cette entente-là nous déshabille. On est perdant sur toute la ligne!»

INQUIÉTUDES. Présent lors de la rencontre avec député fédéral Denis Paradis et au secrétaire parlementaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Jean-Claude Poissant, aux côtés du président du Syndicat des producteurs de lait de la Montérégie-Est, Yvon Boucher, le producteur laitier de Brigham et président de l’UPA de Brome-Missisquoi, Réjean Racine, ne cache pas sa déception.

«On leur a mis beaucoup de choses sur le nez (à MM. Paradis et Poissant) et ils n’avaient pas grand réponses à nous donner», affirme M. Racine.

Si les représentants du gouvernement canadien estiment avoir «sauvé les meubles» en évitant l’abolition du système de gestion de l’offre réclamée par les négociateurs américains, le président de l’UPA de Brome-Missisquoi parle plutôt d’une «brèche importante» dans ce même système avec une concession de 3,59 % des parts de marché aux États-Unis.

«Le système de gestion de l’offre ne coûte rien au gouvernement canadien et pas plus cher aux consommateurs. Il a également le mérite de garantir la qualité du produit et une production en quantité suffisante», indique-t-il.

À quand la réciprocité ?

Réjean Racine se demande également pourquoi le gouvernement canadien n’a pas exigé la réciprocité en termes de réglementation lors des négociations de libre-échange avec le géant américain.

«La liste des produits vétérinaires autorisés aux États-Unis est beaucoup plus permissive que la nôtre et inclut notamment la somatropine, qui augmente la productivité des troupeaux laitiers», signale-t-il.

Le président de l’UPA de Brome-Missisquoi ajoute que les producteurs d’ici doivent également  composer avec des normes plus élevées en termes de salubrité, de bien-être animal et de protection environnementale.

«En bout de ligne, nos coûts de production sont plus élevés et il devient difficile de compétitionner les produits étrangers», explique-t-il.

Compensations

M. Racine signale que la marge de profit net n’est pas très élevée dans l’industrie laitière et que les producteurs ayant investi des sommes importantes au cours des dernières années sont très inquiets.

«On s’inquiète même pour la survie de certaines fermes», affirme-t-il.

Même s’il persiste à croire que les agriculteurs canadiens n’auraient pas eu besoin de compensations si le système de gestion de l’offre avait été maintenu intégralement, le Brighamois espère maintenant que le gouvernement fédéral «tiendra parole» et offrira aux producteurs laitiers «des montants justes et équitables».

«Les politiciens n’ont visiblement pas mesuré l’importance des sommes à débloquer pour compenser les agriculteurs», ajoute-t-il.

M. Racine réagit également à l’affirmation du député Denis Paradis voulant que l’accord de libre-échange permette aux producteurs laitiers d’ici de vendre à leur tour aux États-Unis.

«Aux États-Unis, on peut aller chercher 0,30 $ du litre alors que l’on reçoit 0,80 $ du litre en vendant notre lait ici», soutient-il.

Karine Marcoux, une productrice de Sainte-Sabine, se réjouit par ailleurs du «mouvement de solidarité» des consommateurs québécois à l’endroit des produits laitiers d’ici.

«Beaucoup de nos concitoyens sont sensibles à notre cause et ont pris l’habitude de rechercher le logo de la petite vache bleue (ou noire) dans un encadré sur les cartons de lait vendus en magasin», indique-t-elle.