La baie Missisquoi aux prises avec 51 espèces exotiques envahissantes

ENVIRONNEMENT. Selon l’Union mondiale pour la nature, les espèces exotiques envahissantes (EEE) constituent la deuxième menace la plus importante pour la biodiversité, après la destruction de l’habitat. Le lac Champlain compte une cinquantaine d’espèces d’animaux, de végétaux et de micro-organismes indésirables.

Selon le rapport du 18 juillet dernier produit par l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM), on retrouve 51 EEE différentes dans le lac Champlain.

La baie Missisquoi abrite plusieurs espèces fauniques dont la propagation peut constituer une menace pour la biodiversité indigène, les activités récréotouristiques et certaines infrastructures. La moule zébrée (introduite en 1993), le gaspareau (2003), le cladocère épineux (2014), la lamproie marine, l’écrevisse à taches rouges et la puce d’eau en hameçon (2018) font notamment partie de cette catégorie.

«Aucune carpe asiatique n’a encore été recensée dans les eaux de la rivière Richelieu ou du lac Champlain, mais on maintient la surveillance», signale le président de l’OBVBM, Pierre Leduc.

Ce dernier ajoute que l’installation par les États-Unis d’une barrière à lamproie marine sur le ruisseau Morpions, un tributaire de la rivière aux Brochets, a donné de bons résultats. Cet équipement, situé aux abords de l’édifice municipal de Notre-Dame-de-Stanbridge, a permis de capturer 134 spécimens en 2014, 248 en 2015, 140 en 2016, 30 en 2017 et 40 en 2018.

Espèces floristiques envahissantes

À la baie Missisquoi, on retrouve par ailleurs plusieurs espèces floristiques envahissantes provenant de l’extérieur de la région. C’est notamment le cas de la châtaigne d’eau (1940), du myriophylle à épi (1962), du potamot crépu et de l’hydrocharide grenouillette.

«Les spécimens de châtaigne d’eau trouvés en 2015 dans la réserve faunique Missisquoi et le delta de la rivière aux Brochets ont été enlevés et on n’en a pas aperçu en 2016 ni en 2017. Ça nous permet de croire que cette espèce est maintenant sous contrôle», indique M. Leduc.

Selon le président de l’OBVBM, la présence du myriophylle à épi au lac Champlain s’est également stabilisée au fil des ans.

«Ça prend un engagement sur plusieurs années avant de venir à bout d’une espèce exotique envahissante, car l’absence de prédateurs hors de son habitat naturel favorise la prolifération de la plante ou de l’animal concerné», explique M. Leduc.

Campagne de sensibilisation

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont transportées principalement par les embarcations et remorques d’un plan d’eau à un autre. Voilà pourquoi l’OBVBM mène depuis 2017, avec le soutien financier du Lake Champlain Basin Program, une campagne de sensibilisation auprès des usagers des rampes de mise à l’eau de la baie Missisquoi.

Cette initiative s’inspire d’un programme d’intendance réalisé depuis plusieurs années aux abords du lac Champlain dans les États du Vermont et de New York.

Chaque été, depuis maintenant trois ans, deux agents de sensibilisation procèdent à l’inspection des embarcations et remorques aux rampes de mise à l’eau du quai de Philipsburg à Saint-Armand et de la pourvoirie Courchesne à Venise-en-Québec. Cette démarche permet de localiser, identifier et retirer les EEE accrochées aux bateaux, motomarines, voiliers, chaloupes et kayaks afin de prévenir leur propagation dans la baie Missisquoi (lors de leur entrée au lac Champlain) ou vers les autres plans d’eau du nord de l’Amérique (lors de leur sortie du lac Champlain).

La campagne d’inspection des embarcations a permis de déceler et d’identifier deux spécimens d’organismes indésirables en 2017 et deux autres en 2018 au quai de Philipsburg. La récolte a été encore plus importante à la pourvoirie Courchesne avec quatre spécimens en 2017 et 24 en 2018. Les données de 2019 ne sont pas encore disponibles, car la campagne est toujours en cours.

 

Consignes aux plaisanciers

Inspecter soigneusement son bateau et sa remorque chaque fois qu’on la sort de l’eau ;

Nettoyer toute la boue, les plantes (même les petits fragments) et les animaux présents sur les embarcations ;

Laver les embarcations à la maison ou à une station de lavage avant de les remettre à l’eau ;

Drainer les bateaux et l’équipement loin d’un plan d’eau ;

Assécher tout ce qui est en contact avec l’eau ;

:Ne jamais relâcher les plantes, poissons ou animaux dans un plan d’eau à moins qu’ils ne sortent de ce plan d’eau.