COVID-19: les camionneurs réclament un minimum de considération

 

TRANSPORT.Si les directives gouvernementales et les politiques instaurées par certains restaurants et établissements commerciaux pour limiter la propagation du coronavirus paraissent tout à fait sensées et raisonnables, elles peuvent cependant porter préjudice à certaines catégories de travailleurs. Le camionneur Bobby Smith est bien placé pour en témoigner.

Durant leurs déplacements sur les grands axes routiers, les camionneurs ont souvent de la difficulté à se nourrir ou à faire provision de denrées alimentaires en raison des consignes gouvernementales.

«Nous ne pouvons pas manger à l’intérieur des restaurants, car les salles à manger sont fermées au public. Nous ne pouvons pas non plus bénéficier du service à l’auto offert par les restaurants, car nos remorques sont trop longues et encombrantes. Il n’est pas non plus possible pour nous de débarquer de notre véhicule, de passer une commande et de la récupérer au guichet du service à l’auto sous prétexte que l’on est à pied», explique Bobby Smith, un Farnhamien d’origine qui exerce le métier de camionneur depuis une bonne vingtaine d’années.

M. Smith transporte des produits sanitaires (savons, lingettes, désinfectants, etc.) et fait la navette Montréal-Toronto sur une base régulière. Il est aux commandes d’un train routier de 155 pieds de longueur incluant deux remorques de 53 pieds.

Dormir et s’alimenter: un problème

Les camionneurs désirant stationner leur poids lourd en bordure de l’autoroute ou dans un stationnement réservé aux camions pour dormir ou casser la croûte rencontrent également leur lot de difficultés.

«Les stationnements pour camionneurs ne sont pas assez nombreux. Il n’est pas rare non plus de voir des automobilistes garer leur voiture dans un stationnement réservé aux camionneurs. Un camionneur utilisant des espaces de stationnement dédiés aux automobilistes risque de recevoir une contravention ou de voir son véhicule remorqué alors que les automobilistes fautifs sont rarement inquiétés par la police», ajoute l’homme de 56 ans.

Ce dernier prend soin de rappeler que la législation oblige un camionneur à s’arrêter et à dormir pendant huit heures après un trajet de 13 heures sur la route.

La fermeture de plusieurs stations-services et haltes routières en raison de la pandémie de COVID-19 prive également les camionneurs d’un accès à des salles de bain propres. Certains camionneurs doivent prolonger leur itinéraire habituel pour trouver une toilette ou en sont réduits à se «soulager» en bordure d’une route secondaire.

Les camionneurs, des travailleurs essentiels

Les camionneurs qui effectuent des déplacements aux États-Unis dans le cadre de leur travail ne sont pas tenus de s’isoler pendant 14 jours au retour de leur périple comme il est de mise pour un touriste ou un snowbird.

Après avoir passé de 60 à 70 heures sur la route et s’être absentés de leur domicile pendant plusieurs jours, les camionneurs bénéficient d’une journée ou deux de congé. Ils en profitent généralement pour magasiner et regarnir leur frigo.

Certains d’entre eux se voient parfois refuser l’accès à des magasins sous prétexte qu’ils représentent un risque pour la santé du personnel et des autres clients.

«Les camionneurs sont pognés. On ne leur permet pas de faire leur épicerie, mais on leur demande de continuer à travailler dans des conditions difficiles, au péril de leur santé. C’est un manque de respect», insiste M. Smith.

Le Farnhamien d’origine estime que les camionneurs doivent être considérés comme des travailleurs essentiels et bénéficier d’un peu plus de considération.

«Si les choses continuent comme ça, certains camionneurs risquent de tomber malades et de devoir rester chez eux. Et s’ils arrêtent de travailler, les citoyens ne pourront plus manger ni se laver», renchérit-il.