La succursale de la SAAQ de Bedford dans le rouge

TRANSPORT. Le point de service de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), à Bedford, est déficitaire et doit être soutenu financièrement par la Municipalité et par l’Association des pompiers volontaires.

«L’Association des pompiers volontaires de Bedford, qui agit comme organisme mandataire pour la SAAQ, doit maintenant puiser dans ses réserves et injecter 5000 $ par an afin de maintenir le service. Ce n’est pas normal», indique le président de ce regroupement à but non lucratif, Yves St-Onge.

La Ville de Bedford éponge également une partie du manque à gagner de la succursale depuis une vingtaine d’années.

«À l’origine, la Municipalité accordait une réduction de loyer à l’Association des pompiers pour garantir le maintien du bureau d‘immatriculation à Bedford. Depuis quatre ans, la Ville ne touche plus un cent pour la location du local, ce qui équivaut à une subvention annuelle de l’ordre de 6000 $ et plus», précise le maire, Yves Lévesque.

Motifs

La popularité des paiements en ligne, la diminution du volume de transactions en succursale, l’élimination de certaines tâches anciennement dédiées aux bureaux régionaux et les modifications dans le mode de calcul des redevances sont autant de facteurs pouvant expliquer la baisse des revenus du bureau de Bedford.

«Par le passé, le bureau d’immatriculation touchait une redevance pour l’immatriculation de chaque véhicule. De nos jours, c’est une redevance par transaction, peu importe le nombre de véhicules à immatriculer. Le propriétaire d’une flotte de dix autobus qui déboursait 3 $ par véhicule, pour un total de 30 $, s’en tire aujourd’hui avec une facture de 3 $. Ça fait toute une différence», explique le directeur du service de sécurité incendie de Bedford, Fred Gilman.

Robert Casey, responsable du dossier de la SAAQ pour l’Association des pompiers volontaires, fait par ailleurs remarquer que les bureaux régionaux n’impriment plus les permis de conduire depuis cinq ou six ans. Il en va de même pour les cartes d’assurance-maladie.

«Le rôle du bureau régional se limite aujourd’hui à la prise de photos et les photos sont maintenant valides pour une période de huit ans, soit quatre ans de plus qu’auparavant. Ça fait autant de transactions en moins», indique-t-il.

M. Casey signale aussi que les concessionnaires automobiles s’occupent désormais de l’immatriculation de leurs véhicules. Une façon de faire qui facilite la vie aux acheteurs de voitures, mais qui privent les petits bureaux de la SAAQ d’une partie de leurs revenus.

«À une certaine époque, notre bureau aller chercher une bonne partie de ses revenus au printemps, quand les entreprises commerciales renouvelaient les plaques d’immatriculation de leur flotte de véhicules», poursuit-il.

Le maire Lévesque dit également mal comprendre pourquoi les citoyens doivent payer des frais de 3 $ pour une transaction en succursale alors qu’il n’y a aucuns frais pour le renouvellement d’une plaque d’immatriculation en ligne ou dans une institution financière.

Solutions

Les élus municipaux de Brome-Missisquoi s’entendent pour dire que les citoyens de la région ont droit à des services de proximité et que le maintien d’un bureau de la SAAQ à Bedford est pleinement justifié.

«Les politiciens disent fréquemment que l’État doit se rapprocher des citoyens. Or, le maintien d’un bureau de la SAAQ dans une région comme Bedford, c’est précisément le type de décentralisation qui mérite d’être encouragé. Il serait déraisonnable que les citoyens doivent se déplacer à Granby ou à Saint-Jean-sur-Richelieu pour faire immatriculer leurs véhicules», affirme le maire Lévesque.

Ce dernier ajoute que le gouvernement du Québec ne doit pas seulement signaler l’importance des services de proximité, mais doit les soutenir financièrement.

«Il faut que le ministère des Transports alloue un montant fixe annuel aux bureaux d’immatriculation et qu’il augmente les redevances versées aux mandataires», résume-t-il.

Le président de l’Association des pompiers volontaires, M. St-Onge, est du même avis.

«Le montant versé aux mandataires pour chaque transaction n’est pas assez élevé. Le bureau de Bedford ne reçoit que 3,34 $ par transaction, peu importe sa durée. Or, on n’est pas sans savoir que les consignes de distanciation sociale actuelles ralentissent les opérations», insiste-t-il.

Au moment d’aller sous presse, un groupe d’élus municipaux et des représentants des bureaux d’immatriculation de Bedford, de Cowansville et de Waterloo s’apprêtaient à transmettre leurs doléances à l’adjointe de comté de la députée ministre Isabelle Charest et à l’attaché de François Bonnardel, ministre des Transports du Québec. La vidéoconférence était prévue pour le 22 juin.