Des citoyens disent NON au parachèvement de l’autoroute 35

TRANSPORT. Onze ans après le début des chantiers, un groupe de citoyens demande au ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, de mettre fin au parachèvement de l’autoroute 35. Une intervention qui surprend les maires de la région de Bedford concernés par la réalisation du projet.

La géographe Clémence Benoit, originaire de Saint-Armand, estime que le parachèvement de l’autoroute 35, un projet élaboré dans les années soixante dans le but d’assurer un lien direct entre Boston et Montréal, est «désuet» et n’a plus sa place de nos jours.

Cette dernière a déjà rallié à sa cause plus de 150 personnes grâce au lancement d’une pétition sur la plateforme www.change.org  et la mise sur pied sur Facebook d’un groupe de mobilisation contre le prolongement de la 35.

Mme Benoit a également écrit au ministre Bonnardel pour lui demander reconsidérer la construction d’une telle infrastructure routière. Les députées provinciales Isabelle Charest, de Brome-Missisquoi, Claire Samson, d’Iberville, et Ruba Ghazal, porte-parole de Québec Solidaire en matière de transport, de même que trois maires de la région de Bedford sont interpellés par la demanderesse.

Faible achalandage

L’instigatrice de la pétition reprend notamment à son compte l’affirmation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) selon laquelle le débit routier moyen doit être de 8000 véhicules par jour pour légitimer une telle infrastructure en milieu rural.

«La circulation sur ce tronçon a diminué de 17,1 % entre 2000 et 2019, le débit quotidien moyen passant de 4100 à 3400 véhicules», précise-t-elle.

Mme Benoit ajoute qu’un lien autoroutier direct existe déjà entre Boston et Montréal, à partir des autoroutes 10, 55, 91 et 93.

«Il suffit d’emprunter l’autoroute 35 entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Sébastien pour constater que ce tronçon, inauguré en 2014, est sous-utilisé (…) et que les véhicules y sont rares, ce qui donne l’impression d’une autoroute fantôme», poursuit-elle.

Protection de l’environnement

Clémence Benoit et les autres signataires de la pétition rappellent que la phase III du projet touchera la zone de conservation de la tortue molle à épines, une espèce menacée d’extinction au Canada, alors que la phase IV de ce même projet passera en plein cœur du refuge d’oiseaux migrateurs de Philipsburg.

La construction d’un pont au-dessus de la rivière aux Brochets entraînera par ailleurs une hausse de 5 cm des crues de récurrence de 100 ans selon une étude d’impacts du Groupe-conseil Genivar datant de 2008.

Le parachèvement de la 35 entraînera également la perte de 120 hectares de terre agricole de bonne qualité, prend-elle soin d’ajouter.