Saint-Armand sert de décor à la réalisation d’un thriller psychologique

CULTURE Le cinéaste Guy Édoin a choisi l’automne et un coin de pays qu’il connaît bien pour le tournage de son nouveau long métrage, Frontières. Il a également fait appel à des comédiennes chevronnées qui bénéficient de son entière confiance.

« L’automne, c’est la grisaille, le temps de la chasse, le dépouillement de la nature. C’est exactement l’atmosphère que je recherchais pour ce genre de film », explique M. Édoin.

Le décor champêtre de Saint-Armand convient également à merveille au format cinémascope privilégié par le réalisateur et aux nombreux plans-séquences du film.

« Comme je tourne chez nous, je connais la géographie des lieux, je sais où et quand le soleil se lève ou se couche. Je suis également familier avec les bâtiments du voisinage et je sais comment les magnifier », indique le principal intéressé.

Ce dernier prend soin de rappeler que les résidences des trois sœurs en vedette dans Frontières appartiennent à des membres de sa famille.

« Les responsables des décors modifient cependant l’apparence des lieux, à tel point que j’ai parfois du mal à reconnaître certains coins de ma propre maison », ajoute-t-il.

Guy Édoin signale par ailleurs que le titre du film fait référence à la frontière canado-américaine bordant le village de Saint-Armand tout en ouvrant la porte à plusieurs autres déclinaisons. La frontière entre le réel et l’irréel par exemple.

Pascale Bussières

Le long métrage Frontières aborde des thèmes chers au réalisateur – la fratrie, la solidarité, l’omniprésence de la mort – tout en se démarquant de ses œuvres précédentes.

« Le film met en scène un trio féminin très fort, des femmes qui s’entraident et s’unissent face à l’adversité, qui sont là les unes pour les autres quand ça compte », précise M. Édoin.

Ce dernier a confié le rôle-titre à Pascale Bussières, une comédienne qu’il a dirigée dans deux de ses films précédents.

« Le film raconte l’histoire de trois sœurs très différentes, mais également très proches, vivant à la campagne. Un tragique accident vient bouleverser la vie de cette famille et entraîne Diane Messier, le personnage que j’incarne, dans une grande détresse psychologique. La vie de Diane oscille désormais entre deux mondes – le réel et l’irréel – et la femme finit par croire que sa maison est hantée », résume Mme Bussières.

Sa participation au film Frontières permet notamment à l’interprète de côtoyer Micheline Lanctôt, une comédienne et réalisatrice qui l’a dirigée à ses débuts au cinéma lors du tournage de Sonatine, puis à deux autres reprises (Deux actrices en 1993 et Suzie en 2009).

Christine Beaulieu

La deuxième sœur, Carmen Messier, est interprétée par Christine Beaulieu, une comédienne que Guy Édoin a eu l’occasion de diriger lors du tournage de la télésérie Cérébrum.

« Je campe une femme très solide, très libre, très directe, pour qui la franchise est toujours de mise », résume-t-elle.

Mme Beaulieu est originaire de Pointe-du-Lac, en Mauricie, et adore les tournages en région.

« C’est génial! On se sent un peu en vacances. On passe cependant beaucoup de temps à l’extérieur par temps froid et c’est fatiguant », admet celle qui tourne présentement à Saint-Armand, loge à Venise-en-Québec et prend une partie de ses repas à l’ancienne auberge Old Mill 1849 de Stanbridge East.

Mme Beaulieu ne cache pas son admiration pour ses collègues Pascale Bussières, avec qui elle dit avoir beaucoup d’affinités, et Micheline Lanctôt, « une femme qui ne manque pas de caractère ».

Mme Beaulieu vient de terminer le tournage de la deuxième saison de L’œil du cyclone, une comédie familiale dans laquelle elle occupe le rôle-titre aux côtés de Patrick Hivon. Une mère de trois enfants aux antipodes de son personnage dans Frontières.

« La première saison sera présentée en janvier prochain à la télé (Radio-Canada) alors que la deuxième saison devrait être diffusée sur le Web dès la mi-février », indique-t-elle.

Marilyn Castonguay

Marilyn Castonguay joue le rôle de la troisième soeur, Julie Messier. Il s’agit de sa première collaboration avec Guy Édoin.

« Je voulais travailler avec lui depuis longtemps. J’ai envoyé ça dans l’univers… et ça a fonctionné! C’est un type très simple, facile d’approche », lance-t-elle.

La comédienne ajoute que les personnages des films du réalisateur de Saint-Armand « cadrent avec la vraie vie » et que tout le monde peut se reconnaître dans les histoires qu’il raconte.

Mme Castonguay se dit heureuse de retrouver Micheline Lanctôt, avec qui elle a joué au théâtre et dans la série télévisée Fatale-Station.

« Micheline est un exemple de rigueur au travail et un cours vivant de cinéma, de jeu, de vie », affirme-t-elle.

La diplômée de l’École nationale de théâtre dit également avoir eu un grand coup de cœur pour sa nouvelle collègue Pascale Bussières.

« Je ne l’avais jamais rencontrée. J’apprécie sa finesse, sa gentillesse, sa simplicité », précise-t-elle.

Marilyn Castonguay a terminé, le 7 octobre dernier, le tournage de la deuxième saison de la télésérie C’est comme ça que je t’aime, dont la sortie sur ICI Tout.Tv est prévue pour mars 2022 et à la télévision (Radio-Canada) pour septembre de la même année.

« Cette télésérie est arrivée à un moment décisif, soit dix ans après ma sortie de l’École. Le temps finit par nous donner confiance. À mes débuts, je n’aurais pas abordé le personnage d’Huguette ave la même facilité, le même abandon », indique-t-elle.

La comédienne admet que le tournage de Frontières et de C’est comme ça que je t’aime, à trois semaines d’intervalle, demande une certaine adaptation, mais perçoit ça comme un beau défi. « La base de notre métier, c’est d’être capable de se transformer », explique-t-elle.