Bedford: la RPA Villas des Rivières envisage des coupures dans son offre de services

HABITATION. La résidence Villas des Rivières envisage un changement de certification à compter du 1er juillet prochain. Cette initiative, essentiellement dictée par la rareté de main-d’œuvre, viendra modifier à la baisse l’offre de services de cette résidence privée pour aînés (RPA) de Bedford.

L’établissement de 30 logements a été construit en 2005 pour répondre aux besoins d’une clientèle de personnes âgées autonomes et semi-autonomes.

En vertu de sa certification de niveau 3, Villas des Rivières est tenue d’offrir des logements à prix abordables ainsi que divers soins d’hygiène et d’infirmerie devant être dispensés par des préposés aux bénéficiaires sur une base continue (24 heures/jour). Son offre de services inclut également deux repas quotidiens (dîner et souper), la buanderie, l’entretien ménager, les loisirs et l’animation.

«L’importante pénurie de main-d’œuvre qui sévit ici comme ailleurs au Québec met en péril notre capacité à combler les postes nécessaires au rendement des services de notre certification. Notre quart de travail de soir est notamment à découvert en raison de la rareté des préposés aux bénéficiaires et rien ne laisse croire que nous serons en mesure d’y remédier. La situation est tolérée actuellement (par les autorités gouvernementales), mais ça ne peut pas durer éternellement car ça place notre organisation dans une position précaire quant à ses obligations et ses responsabilités morales», signale le président de l’Office d’habitation (OH) Brome-Missisquoi, Jean-Marc Savoie, dont l’équipe assure la gestion de l’immeuble

Il convient de préciser que la charte de Villas des Rivières n’autorise aucun déficit d’opération. L’établissement doit donc s’autofinancer avec les revenus du loyer et des autres services offerts à sa clientèle.

«Le CIUSSS de l’Estrie – CHUS subventionne une partie du salaire de nos préposés, ce qui nous permet de balancer. Depuis le début de la pandémie, le gouvernement du Québec accorde également une bonification de 4 $ l’heure à nos préposés, mais cette aide financière ne durera peut-être pas éternellement», ajoute M. Savoie.

Changement de certification

Pour solutionner cet épineux problème, les administrateurs de la résidence de la rue Saint-Joseph proposent de changer la vocation de l’établissement en desservant uniquement une clientèle autonome (certification de niveau 1). Comme cette mesure doit prendre effet le 1er juillet prochain, les responsables de l’OH Brome-Missisquoi ont rencontré les résidents le 16 décembre dernier pour leur faire de la décision du conseil d’administration.

«J’étais sur place cette journée-là, en compagnie de la directrice générale par intérim de l’Office, Sylvie Lafontaine, d’une travailleuse sociale et d’autres représentants du CIUSSS, pour expliquer les changements anticipés et répondre aux questions des résidents et des membres de leur famille», précise M. Savoie.

Ce denier admet que la nouvelle a suscité de l’inquiétude chez certains résidents, mais laisse entendre que la direction mettra tout en œuvre «pour éviter que nos résidents tombent entre deux chaises» ou soient privés des services auxquels ils ont été habitués.

Moins d’obligations

En optant pour une certification de niveau 1, la RPA devra continuer à assurer les services de sécurité (gardien de nuit avec formation RCR) et de loisirs (tâche déjà remplie par la responsable de l’établissement). En contrepartie, celle-ci n’aura plus l’obligation d’offrir les autres services (repas, buanderie, entretien ménager, présence de préposés aux bénéficiaires en tout temps).

«Malgré le changement de certification, nous envisageons la possibilité de continuer à servir le dîner aux résidents et de mettre à leur disposition des plats congelés ou prêts à réchauffer. Ce repas offrirait l’occasion aux résidents de se rencontrer sur une base quotidienne et permettrait du même coup à notre organisation d’assurer un suivi auprès de la clientèle», explique M. Savoie.

L’OH Brome-Missisquoi est par ailleurs en discussions avec le CIUSSS de l’Estrie – CHUS, le bureau de la députée Isabelle Charest et les autorités municipales pour évaluer de quelle façon on pourrait dispenser des services additionnels aux résidents qui en expriment le besoin.

«Les services de santé pourraient notamment être offerts par l’unité de soins à domicile du CIUSSS. Il faut également rappeler que le CLSC de Bedford est situé juste à côté de la résidence et que le personnel soignant de cet établissement connaît déjà nos résidents», indique le président de l’OH Brome-Missisquoi.

M. Savoie ajoute que le CIUSSS procède actuellement à une évaluation de l’état physique des résidents afin de déterminer si le réseau régional de la santé est en mesure de prendre la relève au niveau des services d’hygiène et d’infirmerie actuellement dispensés par les préposés aux bénéficiaires.

«Si le CLSC n’est pas en mesure de dispenser ces services, certains locataires  pourraient devoir quitter, toujours bien entendu, avec le soutien des gens du CIUSSS», avance le porte-parole de l’OH Brome-Missisquoi, dans une lettre remise aux résidents.

Baisse de la facture

Pour les occupants de Villas des Rivières, le changement de certification devrait également se traduire par une baisse des coûts liés à leur bail 2022-2023.

Les résidents doivent présentement débourser un montant équivalant à 25 % de leurs revenus pour le loyer et une somme additionnelle de l’ordre de 900 $ par mois pour les autres services offerts par l’établissement.

«En plus des frais de loyer, les résidents continueront à payer un certain montant pour les loisirs, la surveillance et, possiblement, le repas du midi, mais leur facture sera forcément allégée. Il y a également fort à parier qu’ils pourront se prévaloir des autres services actuellement offerts par la résidence à moindres coûts (buanderie, entretien ménager)», avance M. Savoie.

Réactions des élus

Le conseil municipal de Bedford est déjà au courant des démarches entreprises par l’OH Brome-Missisquoi pour modifier la certification de Villas des Rivières.

«Nous en avons discuté lors de notre caucus du 10 janvier, puis de nouveau lors de notre assemblée mensuelle du 11 janvier. C’est sûr que les coupures de services ne font pas l’affaire des membres du conseil et que les élus entendent continuer à suivre le dossier de près afin de s’assurer que les locataires de la résidence ne soient pas pénalisés», indique le maire Claude Dubois.

Ce dernier confirme s’être entretenu avec le président de l’Office avant Noël, puis de nouveau au cours de la semaine dernière.

«J’ai demandé à M. Savoie s’il était possible de retarder l’entrée en vigueur du changement de certification. Je lui ai également demandé de nous présenter deux budgets: un premier avec services et un autre sans services», résume M. Dubois.

Le maire de Bedford dit par ailleurs avoir obtenu la permission de s’entretenir avec les résidents de Villas des Rivières.

«Je tiens à leur dire qu’on n’a pas lâché la serviette et qu’on ne les oublie pas», poursuit-il.