10 000 postes à combler dans Brome-Missisquoi d’ici dix ans

TRAVAIL. Les entreprises privées et institutions publiques de Brome-Missisquoi devront être proactives et travailler de pair si elles veulent attirer de nouvelles familles et combler les postes disponibles en milieu de travail. Problèmes de relève et pénurie de main-d’œuvre obligent!

Voilà le constat dressé, le week-end dernier, à l’Euro-Spa de Saint-Ignace-de-Stanbridge, lors d’un colloque régional sur l’attraction de nouvelles populations réunissant des représentants des 21 municipalités, de la Chambre de commerce, du Carrefour jeunesse emploi, du Centre local de développement (CLD) et du milieu des affaires (IBM, KDC, Fabritec, Mont Sutton, SPA Balnea, Ajustages Altech, etc.). Cette rencontre, organisée par la MRC de Brome-Missisquoi, a attiré plus de 110 participants.

«Il n’est plus possible de fonctionner en silo, chacun de son côté. Il faut que les élus municipaux et les gens du secteur privé combinent leurs forces et travaillent ensemble pour trouver des solutions au manque de ressources humaines», affirme la présidente du CLD, Sylvie Beauregard.

Les intervenants du milieu socio-économique s’entendent également pour dire que Brome-Missisquoi gagnerait à être mieux connue, tout spécialement si elle veut réussir à se démarquer des autres régions concurrentes.

«À part la Route des vins et les stations de ski, force est de constater que Brome-Missisquoi est encore relativement peu connue», indique la préfète de la MRC, Sylvie Dionne-Raymond.

État de la situation

La MRC de Brome-Missisquoi a connu une hausse de population inférieure à celle de l’ensemble du Québec (11,3 % contre 12,5 %) entre 2001 et 2016. L’écart avec la Montérégie, qui a bénéficié d’une hausse de 17 % en quinze ans, est encore plus important.

«Beaucoup de jeunes quittent la région après leurs études secondaires et s’établissent dans les grands centres. Il n’y a qu’une minorité d’entre eux qui revient dans Brome-Missisquoi pour travailler. À l’inverse, notre région continue à attirer beaucoup de retraités et de préretraités. Les deux facteurs réunis contribuent au vieillissement de la population», explique le directeur général de la MRC, Robert Desmarais.

Brome-Missisquoi, à l’instar des autres régions du Québec, doit également composer avec le départ à la retraite des baby-boomers.

«Plusieurs entreprises peinent à combler certains postes, mais continuent à créer de l’emploi au fur et à mesure qu’elles prennent de l’expansion. Bref, les besoins en main-d’œuvre augmentent sans cesse alors que les travailleurs disponibles sont de moins en moins nombreux», ajoute M. Desmarais.

Le défi est d’autant plus important que la MRC prévoit avoir besoin de 10 000 travailleurs au cours des dix prochaines années.

«Le nombre limité de travailleurs disponibles freine la croissance de certaines entreprises. C’est notamment le cas de Fabritec, qui a grand besoin de main-d‘œuvre pour conquérir de nouveaux marchés aux États-Unis», poursuit M. Desmarais.

Main-d’oeuvre de l’extérieur

Certains gros employeurs – KDC et Fabritec par exemple – doivent notamment recourir à des agences de placement pour les aider à combler leurs besoins en personnel non qualifié ou peu qualifié.

«Les travailleurs viennent de Sherbrooke ou de Montréal. Un autobus les amène à Lac-Brome ou Bromont, le matin, et les ramène à leur port d’attache en fin de journée», explique le directeur général de la MRC.

L’entreprise KDC a vu défiler 665 employés temporaires à l’intérieur de ses murs au cours de la dernière année. C’est sans compter ses 750 employés permanents.

«KDC alloue entre 60 000 $ et 100 000 $ chaque semaine aux agences de placement pour l’approvisionner en travailleurs. Cela équivaut à 3,8 M$ par an. Il va sans dire qu’elle préférerait pouvoir compter sur des travailleurs réguliers plutôt que de devoir constamment s’en remettre aux agences. L’entreprise se dit prête à travailler avec la MRC afin de trouver des façons de fidéliser la main-d’œuvre», indique M. Desmarais.

Éléments de solution

Plusieurs observateurs s’entendent pour dire qu’une amélioration du système de transport collectif et la présence de maisons ou de logements plus abordables pourraient inciter des travailleurs de l’extérieur à s’établir dans Brome-Missisquoi, à proximité de leur lieu de travail. Une bonne campagne de promotion aiderait également à vendre les attraits et avantages concurrentiels de Brome-Missisquoi (qualité de vie, services bilingues, disponibilité d’emploi, proximité de Montréal, pas d’embouteillage, etc.).

Certaines municipalités comme Bromont (population en hausse de 81,4 %) ou Farnham (population en hausse de 12 %) ont développé des recettes à succès susceptibles d’attirer de jeunes familles.

«Farnham a notamment défini les règles du jeu en matière de construction et récolte aujourd’hui les fruits de son travail. On n’a qu’à penser au succès du projet domiciliaire Le Quartier des Braves», indique M. Desmarais.

On croit par ailleurs que Brome-Missisquoi va devoir s’ouvrir davantage à l’immigration. La MRC et l’organisme Solidarité ethnique régionale de la Yamaska (SERY) travaillent actuellement à l’élaboration d’un plan d’action en ce sens.

«Il faut que les municipalités et les entreprises soient plus accueillantes à l’endroit de la main-d’œuvre étrangère. On doit également mettre à profit les immigrants déjà établis dans notre région afin qu’ils agissent comme des ambassadeurs auprès de leurs amis et de leurs proches parents», ajoute M. Desmarais.

Selon ce dernier, les travailleurs étrangers, auxquels certains accolaient jadis le qualificatif peu flatteur de «voleurs de job», sont dorénavant perçus comme des «sauveurs d’entreprises». Sans leur présence, certains employeurs n’auraient pas d’autre choix que de fermer leurs portes ou de limiter leur croissance. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la culture maraîchère.