Attraction de main-d’oeuvre : une opération séduction à 1 M$ pour la MRC Brome-Missisquoi

SOCIÉTÉ. Faisant face à une importante pénurie de main-d’oeuvre, la MRC Brome-Missisquoi a élaboré une stratégie pour attirer 10 000 nouveaux travailleurs et 6000 jeunes familles d’ici 10 ans. Une première phase, dotée d’un budget de 1 M$, vient d’être lancée.

«La région a vraiment besoin de nouveaux travailleurs et de nouvelles familles pour préserver sa qualité de vie. La stratégie va se décliner par une première phase de trois ans où le conseil a décidé de consacrer un budget de 1 M$ pour définir les actifs importants, l’image de marque de Brome-Missisquoi, nos avantages pour les jeunes familles à venir vivre ici et ce qu’on a à offrir aux jeunes travailleurs», résume Robert Desmarais, directeur général de la MRC Brome-Missisquoi.

La MRC travaillera notamment avec les entreprises pour les rendre plus attrayantes et leur permettre de se démarquer. «En pénurie de main-d’oeuvre, les employés ont l’embarras du choix. Les entreprises ont à devenir des employeurs remarquables. On va les aider à s’adapter aux jeunes travailleurs. On va avoir des initiatives originales pour séduire les jeunes travailleurs», indique M. Desmarais.

«On veut aussi travailler avec les communautés pour permettre aux gens qui viennent visiter [de constater] que ce sont des communautés adaptées aux jeunes familles avec des logements et des services pour les jeunes familles», enchaîne M. Desmarais.

Clientèle cible

Les jeunes âgés entre 18 et 40 ans sont la clientèle cible de cette nouvelle stratégie. «On vise la clientèle de la grande région de Montréal, des Québécois de souche ou non. On veut parler aux gens de Montréal qui ont envie de sortir de Montréal et de vivre en région. On veut leur vendre, leur parler, leur faire la promotion des avantages, des valeurs et de la qualité de vie de Brome-Missisquoi», poursuit le DG. Parmi les avantages, il nomme l’emploi, le logement, les activités et la proximité de Montréal. «Il n’y a pas de problème de circulation ni de pollution. La nature est présente partout. Toutes les activités sont possibles dans la région», fait remarquer M. Desmarais.

Établie à Dunham avec son conjoint et ses trois enfants depuis un an, Maude Ménard-Dunn explique avoir quitté Rosemont et choisi Brome-Missisquoi parce que la région répondait à ses valeurs. «Ce qui a motivé notre choix, ce sont les valeurs d’engagement social ressenties dans la communauté. L’agriculture biologique et la promotion de l’achat local ont fait la différence pour nous, explique la jeune femme. On a été capable de créer une connexion avec nos voisins et on a réussi à réduire notre dose de stress pour connecter avec les gens et la nature.»

2000 postes à combler

Et surtout, des emplois sont disponibles. Actuellement, le taux de chômage est d’environ 4% et 2000 postes sont à combler dans Brome-Missisquoi. Ce chiffre est appelé à grimper. «Les études démographiques démontrent qu’il y a plus de gens qui vont quitter le marché du travail que de jeunes qui vont embarquer sur le marché du travail dans les prochaines années. On va avoir un déficit qui va s’accroître continuellement, mentionne M. Desmarais. On va avoir besoin de nouveaux travailleurs de l’extérieur pour venir remplacer le bassin de travailleurs actuels.»

Selon des chiffres cités par Sylvie Dionne-Raymond, préfète de la MRC Brome-Missisquoi, le nombre de personnes âgées de 50 ans et plus dans la région a augmenté de 48% depuis 2001, tandis que le nombre de personnes âgées de moins de 50 ans a diminué de 12%, de sorte que l’Institut de la statistique du Québec prévoit que le nombre de personnes en âge de travailler diminuera de 6% dans Brome-Missisquoi d’ici 2031.

Conséquences

La stratégie d’attraction sera mise en oeuvre de l’été 2018 à l’été 2021. Robert Desmarais précise que la plus grande partie de l’argent sera investie en 2019, notamment pour l’élaboration de contenus et d’outils. Sans trop s’avancer, il parle aussi de mesures originales et de contenus innovants qui seront déployés l’an prochain.

«On veut être une région qui continue d’être dynamique et en croissance. On veut lancer le message aux entreprises présentes qu’elles peuvent continuer à prendre de l’expansion et aux entreprises qui voudraient s’implanter chez nous qu’on a des bassins de main-d’oeuvre suffisants», dit Robert Desmarais.

Sylvie Beauregard, présidente du CLD Brome-Missisquoi, souligne que le manque de main-d’oeuvre a des conséquences préoccupantes. Elle cite en exemple des employés qui doivent faire des heures supplémentaires ou encore des commerces qui doivent restreindre leurs heures d’ouverture. «Ça limite la croissance des entreprises», dit-elle.

Une réalité partagée par Carl Ward, directeur des ressources humaines chez Roulements Koyo. L’entreprise, qui planche sur des projets d’investissements, se questionne sur leur viabilité. «Si j’investis des millions de dollars, est-ce que la main-d’oeuvre va suivre?»

La MRC s’attardera aussi à certains défis qui pourraient freiner le recrutement, notamment l’accès à des logements abordables et le transport collectif. L’acceptabilité sociale des citoyens de Brome-Missisquoi devra aussi faire partie de la solution. «Il faut travailler avec la communauté et les entreprises pour développer l’ouverture d’esprit au niveau des immigrants», conclut M. Desmarais.

Notons qu’une portion de 80 % du budget de la stratégie provient de programmes gouvernementaux et de contribution des entreprises qui vont faire partie de la démarche.