Central Maine & Québec Railway veut être «un bon voisin»

TRAIN. Depuis la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, les travers et les déboires de la Montréal Maine & Atlantic Railway (MMA) ont été soulignés à grands traits. L’entreprise délinquante rayée du paysage, qu’en est-il de la Central Maine & Québec Railway (CMQ) qui a pris le relais?

Dans un échange courriel, le directeur de l’exploitation de CMQ, Ryan Ratledge a accepté de répondre à nos questions en lien avec l’avenir du chemin de fer et des installations de Farnham. Selon le curriculum vitae qui lui est attribué sur le portail web de l’entreprise, M. Ratledge a bâti sa carrière en redressant des entreprises ferroviaires et en améliorant principalement leur bilan de sécurité.

«Nous voulons être de bons citoyens corporatifs dans chacune des communautés. On a commencé à mettre de l’ordre dès le premier jour de l’acquisition», écrit-il en ouverture.

En guise d’exemples, il cite le nettoyage du site de déraillement dans le secteur de Bedford, le nettoyage des terrains de la compagnie au centre-ville de Lac-Mégantic, ainsi que le règlement d’un conflit qui durait depuis longtemps à Eastman.

Quels sont vos plans par rapport à votre réseau de chemins de fer?

«L’acquisition a été complétée le 30 juin et nous sommes très fiers du progrès accompli en quatre mois. Nous devons travailler à corriger plus de 10 ans de négligence. C’est un processus qui prend du temps.

Nous avons déjà investi près de 9M $ sur les rails et les infrastructures. Très bientôt, nous aurons un réseau efficace de transport à 40 km/h comparativement au vieux réseau décrépit à 16 km/h dont nous avons hérité. C’est la phase 1 de notre projet. La phase 2 vise à accroître la clientèle et le service.

Prévoyez-vous d’autres investissements?

«Nous investissons dans la formation de notre équipe. Nous avons ajouté des leaders, dont Sylvain Henry (surintendant) à Farnham, pour former, entraîner et guider nos employés.

Nous avons aussi choisi de ne pas conserver la majorité de la flotte de locomotives de nos prédécesseurs. Nous avons investi dans de nouvelles locomotives plus fiables et moins énergivores. Tous ces investissements vont nous permettre d’atteindre nos objectifs et d’offrir un meilleur service à nos clients.»

Allez-vous rouvrir la voie à la hauteur d’Ange-Gardien?

«Je ne suis pas au fait de la situation à cet endroit. Nous travaillons étroitement avec certains clients dans la région de St-Guillaume et nous allons investir dans cette voie pour l’ouvrir à nouveau si la demande le justifie.»

Quels sont vos projets pour la cour de Farnham?

«Comme plusieurs de nos voisins l’ont remarqué (et nous ont félicité), nous avons installé plusieurs milliers de dormants et ajouté de la pierre, amélioré l’état de plusieurs voies et rouvert quatre voies hors service. La cour de Farnham est notre plus grande au Québec et va demeurer le siège social de l’entreprise dans la province. C’est le lieu de travail de la majorité des membres de notre équipe.»

Prévoyez-vous rénover la vieille gare et les bureaux dans la cour?

«Nous cherchons la meilleure option coût/efficacité possible pour offrir à notre équipe un environnement propre et sécuritaire où travailler sur une base quotidienne.»

NDLR: TC Media a appris que l’entreprise serait intéressée à louer des bureaux dans le nouvel édifice de la Société des alcools du Québec, rue Principale. Ryan Ratledge ne nie pas cette possibilité, mais répond que l’entreprise analyse plusieurs options.

Plusieurs clients de MMA ont dû se trouver d’autres moyens de transport après le déraillement. Sont-ils de retour?

«Nous communiquons de plusieurs façons avec nos anciens clients, en personne et par lettre, pour les garder informés de la situation. Certains sont de retour chez nous, mais pas aussi rapidement que je le souhaiterais. Nos clients sont très ouverts et nous supportent beaucoup dans notre processus.»

Plusieurs personnes ont perdu leur emploi avec les déboires de MMA, prévoyez-vous les réembaucher et prévoyez-vous créer des emplois?

«Plusieurs des anciens employés de MMA se sont vus offrir la possibilité de revenir avec nous. Je crois que nous avons présentement le nombre juste d’employés pour notre chiffre d’affaires actuel. Nous devons faire les choses différemment, certaines personnes ont des postes différents de ce qu’elles avaient auparavant.»

Allez-vous continuer de transporter des matières dangereuses sur votre réseau et quelle proportion du transport représentent-elles?

«Le propane et d’autres matières dangereuses demeurent très en demande pour les régions autour de Farnham. Ces produits ont continué de circuler à travers Farnham après la tragédie. Ça demeure une portion significative de notre volume d’affaires.»