Charlie Hebdo : des dessinateurs de la région ébranlés

CHARLIE. La plaie est encore très vive au lendemain du tragique évènement qui s’est déroulé en France. Mais l’attentat terroriste ne touche pas que nos cousins français. «On est tous Charlie», affirme le dessinateur de Sutton, Stéphane Lemardelé.

«On ne peut pas être insensible à ça. On va rester marqué, dit Stéphane Lemardelé au lendemain de l’attentat. «Je ne vois pas de sens. Je vis un mélange de colère, d’incompréhension et de tristesse».

Hier était une journée forte en émotions pour celui qui est né en France. «Cabu et Wolinski étaient de vieux monsieur. Moi, j’ai baigné avec eux toute ma vie. Le personnage héros de Cabu m’a bercé dans mon enfance», explique-t-il.

Pour Stéphane Lemardelé, Cabu était un homme charmant. Il était resté un grand ado malgré son âge avancé. «Il nous faisait rire, mais également réfléchir. Les caricaturistes de Charlie Hebdo ont forgé mon esprit critique, ma dérision pour l’art ainsi que ma dérision de la vie», dit le résident de Sutton.

Considérant le geste comme une atteinte à la liberté d’expression, l’ancien abonné du magazine satirique se questionne sur l’avenir de la bêtise humaine. «Charlie Hebdo était le dernier rempart contre la connerie. Les autres journaux s’étaient tous calmés».

Et l’humour dans tout ça. «Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’on ne peut plus rire ? Je ne pensais pas que de dessiner des Mickey pouvait être dérangeant. On se doit de rire», avance le dessinateur.

Une honorable carrière

François Lapierre, un auteur jeunesse et bédéiste récemment installé à Bromont abonde dans le même sens que Lemardelé. «Ça me touche à plusieurs niveaux. Du point de vue professionnel, c’est éprouvant parce qu’ils ont tenu leur plume jusqu’au bout. Ils sont morts de ça. Puis en tant que citoyen, je trouve ça autant tragique», affirme l’ex-contractuel de Casterman, une grande maison d’édition belge.

«Ce sont des monuments de la satire en France. Ils ont une carrière très honorable. Ils savaient quelles étaient les conséquences de leur geste, mais ils persistaient pour aller au bout de leur processus créatif. C’est d’une tristesse totale. Je leur lève mon chapeau», avance M. Lapierre.