Coup de foudre pour Ozias Leduc

Cinquante-sept ans après son décès, Ozias Leduc continue de faire parler de lui. Une jeune résidante de Brigham s’intéresse plus particulièrement aux œuvres religieuses de l’artiste peintre et a décidé de consacrer son mémoire de maîtrise aux tableaux qui ornent l’église catholique Saint-Romuald.

Marie-Hélène Naud n’a que 23 ans, mais en connaît sans doute plus que la plupart de ses concitoyens au sujet de la vie et l’œuvre d’Ozias Leduc. En l’écoutant parler du grand maître, il est difficile de rester indifférent.

«Les œuvres religieuses de Leduc ont longtemps été boudées par les connaisseurs, mais les écrits du professeur Laurier Lacroix, de l’UQAM, ont largement contribué à les faire mieux connaître», indique la bachelière de l’Université de Montréal.

Une belle découverte

Marie-Hélène Naud a découvert Ozias Leduc à sa troisième année d’université dans le cadre du cours Art, culture et identité au Québec, animé par Louise Vigneault.

«J’ai eu l’occasion de lire beaucoup de choses sur les églises de Saint-Hilaire et de Shawinigan-Sud, mais j’ai pu constater qu’aucune étude complète n’avait encore été publiée sur celle de Farnham, malgré l’importance du corpus. Mon mémoire devrait contribuer à combler ce vide», précise la jeune femme, d’un ton déterminé.

Ozias Leduc a appris son métier auprès de Luigi Capello, un peintre italien spécialisé dans les décorations d’église, avant de voler de ses propres ailes. On lui doit la décoration d’une trentaine d’églises et de chapelles au Québec, en Nouvelle-Écosse et sur la côte est des États-Unis.

Le peintre originaire de Saint-Hilaire a décoré la cathédrale de Saint-Charles-Boromée de Joliette (1892-1894), l’église de Saint-Hilaire (1896-1900), puis la cathédrale de Saint-Ninan d’Antigonish (1902-1903) avant d’entreprendre celle de Farnham.

«À Farnham, les tableaux de Leduc ont été réalisés à l’invitation de l’abbé Joseph-Magloire Laflamme, ex-curé de Saint-Hilaire, en trois étapes: 1905 à 1907, 1910 et 1911-1912. », précise Mme Naud.

33 œuvres de Leduc

L’église Saint-Romuald regroupe 33 œuvres de Leduc réparties dans l’ensemble du bâtiment: sacristie (1), chœur (4), extrémités des trancepts (4), autels latéraux (2), haut des confessionnaux (4), voûte (5) et chemin de croix (14).

«On y retrouve beaucoup de copies d’œuvres existantes et quelques scènes originales», signale l’étudiante en histoire de l’art.

Le grand tableau du chœur, intitulé Sermon sur la montagne et la pièce centrale de la voûte, intitulée La transfiguration retiennent tout spécialement l’attention des visiteurs en raison de leurs importantes dimensions.

«Les œuvres du chemin de croix ont été restaurées en 1926 par Paul-Émile Borduas. En 2005, Patrick Legris, de la firme de conservation Legris de Montréal, s’est attaqué avec succès à la restauration de quatre autres tableaux: La Sainte-Famille, Le couronnement de la vierge, La justice et La tempérance. D’autres tableaux sont demeurés intacts: La présentation de Marie au temple, La stigmatisation de Saint-François-d’Assise et Saint-Louis-de-Gonzague recevant la communion», ajoute Mme Naud, en puisant dans sa mémoire encyclopédique.

Plusieurs autres œuvres de Leduc ont été retouchées sans grand ménagement, dans les années 1960, au grand déplaisir des historiens de l’art et des admirateurs du grand maître.

«La restauration de la grande fresque du choeur, Le sermon sur la montagne, n’a malheureusement pas été faite selon les règles de l’art. On a notamment apposé des couleurs vives sur les vêtements des personnages, ce qui enlève du mystère et de la profondeur au tableau. On s’est également permis d’y ajouter des plantes qui n’ont pas la finesse du travail de Leduc», déplore l’abbé Éloi Giard, prêtre modérateur de l’unité pastorale des Frontières et ancien curé de la paroisse Saint-Romuald.

Ce dernier ajoute que la Fabrique a demandé une expertise, dans les années 2000, afin de vérifier s’il était possible de remettre le tableau de Leduc dans son état original.

«Les professionnels mandatés par le ministère de la Culture nous ont dit qu’il n’y avait rien à faire», poursuit l’abbé Giard.