Ils découvrent la banque de terres et réalisent leur rêve

AGRICULTURE. Deux techniciens de Montréal oeuvrant dans le domaine du spectacle effectuent un virage à 90 degrés et se lancent dans la culture maraîchère bio avec la complicité de la banque de terres de Brome-Missisquoi.

Comme bien d’autres jeunes avant eux, Amélie Bourbonnais et Aurélien Pochard en avaient assez de la grande ville et ont décidé de changer de vie. Répondant à l’appel de la nature et du grand air, ces deux néo-ruraux ont d’abord pris soin d’apprendre le métier d’agriculteur avant de partir à leur compte.

Ces derniers ont d’abord suivi des formations en horticulture au Jardin botanique de Montréal et au Cégep de Laval, puis travaillé à la Ferme coopérative Tourne-Sol (Les Cèdres), aux Jardins de Tessa (Frelighsburg) et aux Jardins de la Grelinette (Saint-Armand) pendant trois étés consécutifs (de 2014 à 2016), tout en effectuant des recherches pour se trouver un coin bien à eux.

«On connaissait Brome-Missisquoi pour y avoir cueilli des pommes. L’endroit nous semblait intéressant pour partir une entreprise à cause de son microclimat et de sa proximité de Montréal. Encore fallait-il trouver un lopin de terre à prix abordable pour réaliser notre projet», signale Amélie.

En mode recherche

Le couple a contacté le Centre local de développement de Brome-Missisquoi dès le printemps 2015 et pris contact avec la responsable de la banque de terres dans l’espoir de dénicher la perle rare.

«Nous avions des critères de sélection bien précis comme l’emplacement, la superficie et le type de sol», résume Aurélien.

Les aspirants agriculteurs ont finalement pris entente avec un citoyen de Bedford ayant hérité d’une terre familiale abandonnée de dix acres sans bâtiment ni eau, ni électricité.

«Nous avons visité la ferme à l’automne 2015 et signé un bail notarié en décembre de la même année. On parle d’une location de cinq ans avec option d’achat pouvant être renouvelée à l’échéance», résument les principaux intéressés.

L’année suivante a été consacrée à la préparation du sol, à l’aménagement d’un puits et à la conversion d’un conteneur maritime en espace de travail et d’entreposage. Le couple a réalisé ces travaux tout en travaillant chez un producteur maraîcher de la région.

«Nous avons dû expliquer nos idées à l’inspecteur municipal, car l’utilisation d’un conteneur maritime en milieu agricole sortait un peu de l’ordinaire. Pour des raisons d’esthétique, nous avons également recouvert les murs du conteneur avec du bois», indique Amélie.

Aucun engrais chimique ou pesticide n’a été épandu sur le sol au cours des deux dernières années. Les aspirants agriculteurs devront cependant patienter une autre année avant de pouvoir nous qualifier pour une certification biologique.

Mise en production

Amélie et Aurélien ont pris entente avec les propriétaires des Jardins de Tessa, à l’automne 2016, afin de pouvoir utiliser une partie de leurs installations durant la saison froide pour la préparation des semis.

Le couple a commencé la production au printemps 2017 tout en travaillant dans un vignoble de la région durant les week-ends.

«Nous cultivons une quarantaine de légumes et de fines herbes à l’ancienne. Nos produits sont livrés et vendus à Côte-des-Neiges et au centre-ville de Montréal, sous forme de paniers, de la fin juin à la fin octobre», résume Aurélien.

Les producteurs maraîchers prévoient augmenter leur production en 2018.

«Notre production devrait passer de 65 à 100 paniers par semaine au cours dès l’été prochain. Nous prévoyons également nous doter d’un point de chute à Bedford où les gens pourront passer prendre leur panier le jeudi après-midi. Ça nous permettra d’accommoder les gens d’ici et de créer des liens avec la communauté», poursuit Amélie.

Il convient de préciser que la ferme Les Jardins du chat noir – c’est le nom de l’entreprise d’Améllie et d’Aurélien – écoule ses produits par l’entremise du réseau Équiterre, un regroupement de 140 fermiers qui dessert 20 000 abonnés au moyen de 600 points de chute. Plus de détails sur le site www.fermierdefamille.com .

Amélie et Aurélien voient la production maraîchère comme une première étape.

«Les légumes, c’est la base pour asseoir l’entreprise. Nous voulons ajouter à nos paniers des produits complémentaires comme des œufs et des champignons (pleurottes). La plantation d’arbres fruitiers sur notre site est également prévue à moyen terme», explique Aurélien.