Des élèves et citoyens manifestent leur désaccord au sujet du projet de loi 96

DROITS. Une quarantaine de personnes ont pris part à une manifestation citoyenne devant le pavillon des sports Roland-Désourdy, samedi dernier, pour signifier leur opposition au projet de loi 96 du gouvernement Legault.

Répondant à l’invitation des organisatrices, Nikki Moar de l’Association des Townshippers, et Tany Moreland, conseillère pédagogique à l’école secondaire Massey-Vanier, des participants de tous âges ont apposé leur signature au bas d’une pétition regroupant plusieurs centaines de noms tout en dénonçant certains aspects  du projet de loi visant à protéger la langue française.

La pétition contre le Bill 96 et une centaine de lettres rédigées par des étudiants devraient être acheminées dans les prochains jours au bureau de comté de la députée caquiste Isabelle Charest.

«Même si plusieurs jeunes de Massey-Vanier auront déjà complété leurs études collégiales au moment de l’entrée en vigueur des dispositions de la nouvelle loi,  ils ont compris la portée des changements proposés et jugent important de se mobiliser. Je trouve ça extraordinaire», indique le président de la commission scolaire Eastern Township, Michael Murray.

Des irritants

De façon générale, les opposants estiment que le projet de loi 96 porte atteinte aux droits et aux libertés des communautés linguistiques anglophone et francophone du Québec.

«Ce sont les impacts à long terme qui sont les plus alarmants. Le nombre d’anglophones ayant accès aux études collégiales en anglais va être limité et certains d’entre eux seront exclus», affirme M. Murray, en faisant référence à la notion de Historical Anglophone.

Ce dernier laisse également entendre que le projet de loi est particulièrement «obscur» en ce qui a trait au sort qui sera réservé aux enfants issus d’un mariage interculturel où l’un des parents est de langue maternelle anglaise et l’autre de langue maternelle française.

Denis Vaillancourt, de Bolton-Ouest, estime pour sa part que les citoyens devraient avoir plus de liberté quant au choix de la langue en matière de formation académique.

«Les jeunes anglophones n’ont rien contre l’apprentissage du français, mais ils ont assez d’esprit critique pour voir plus grand, quand vient le temps pour eux de penser carrière», précise-t-il.

M. Vaillancourt dit également avoir de sérieuses réserves au sujet des pouvoirs que le projet de loi pourrait accorder aux représentants de la «police de la langue» en ce qui a trait au respect des renseignements personnels et aux outils de communication privés.

Une richesse

Le président du conseil d’établissement du Massey Vanier High School, Marc Mercure, né d’une mère francophone et d’un père anglophone, indique que les deux langues font partie de son identité depuis toujours. Il ajoute que plusieurs de ses amis francophones lui rappellent régulièrement la chance qu’il a de parler couramment les deux langues.

«Comme parent, j’ai jugé utile d’inculquer à mes deux filles l’idée selon laquelle la maîtrise des deux langues est un véritable bijou. Comme administrateur de la commission scolaire, j’estime avoir le devoir de donner aux enfants tous les outils nécessaires (NDLR: pour réussir dans la vie). Et, à mes yeux, le bilinguisme, c’est un des outils les plus précieux», résume-t-il.

M. Mercure est également d’avis que François Legault n’agit pas en bon père de famille – pour reprendre une expression chère au premier ministre du Québec – «en enlevant des outils aux jeunes générations».