Des milliers de poissons asphyxiés

Des riverains ont eu tout un choc en découvrant des milliers de poissons morts sur les berges du lac Champlain, à Philipsburg, les 17 et 18 août dernier. Tout porte à croire qu’une concentration importante d’algues bleu-vert serait à l’origine du phénomène.

«Je suis partie du chalet pour aller travailler vendredi matin. Il n’y avait rien. À mon retour à 15 heures, il y avait une odeur épouvantable sur le bord de la rive. C’est à ce moment que nous avons découvert les poissons morts», explique Nicole Beaudry, qui demeure sur l’avenue Champlain, à Philipsburg.

En s’approchant de la rive, la résidente a été bouleversée par l’ampleur de la catastrophe. Perchaudes, achigans, brochets et crapets soleil gisaient sur leurs flancs. Des oiseaux tournaient au-dessus de sa tête pour s’arracher la meilleure partie de cet immense buffet.

«Il y avait une odeur de charogne épouvantable, souligne son conjoint, Michel Dignard. C’était pire que du purin.»

Les citoyens n’ont pas été les seuls à s’inquiéter. En constatant l’ampleur du phénomène, le maire de Saint-Armand et Philipsburg, Réal Pelletier, a immédiatement contacté le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) qui a envoyé des techniciens sur place.

Analyse

«La première étape a été de vérifier s’il n’y avait pas eu une action externe, tel un déversement, explique Réal Pelletier. Ils sont allés à l’usine de traitement des eaux. Ils n’ont rien répertorié. Ils ont donc attribué le phénomène à une forte concentration d’algues bleu-vert.»

Selon le maire, un fort vent du sud-ouest soufflait vendredi. Les vagues auraient ainsi poussé les cyanobactéries vers la berge.

«Les algues bleues étaient en si forte concentration qu’elles ont tiré tout l’oxygène de l’eau, explique Réal Pelletier. Cela s’est passé si vite que les poissons n’ont jamais eu le temps de regagner une zone plus profonde, où ils auraient été plus confortables.»

Les bêtes sont ainsi mortes asphyxiées. Leurs corps sont remontés à la surface où ils ont été poussés vers la rive.

Celui qui demeure dans le secteur depuis 20 ans affirme n’avoir jamais vu pareille catastrophe. D’après lui, le bas niveau de l’eau et la température élevée du lac expliquent en partie la forte concentration d’algues bleu-vert cet été. «L’an dernier, les inondations ont balayé les champs et amené beaucoup de sédiments dans le lac. Ce n’est rien pour aider», ajoute Réal Pelletier.

Rappelons que les eaux de ruissèlement provenant des terres agricoles contiennent du phosphore. Comme on le sait, il s’agit de l’un des grands responsables de la prolifération des cyanobactéries.

Corvée de nettoyage

Au cours de la fin de semaine, les riverains n’ont pas eu d’autre choix que de ramasser les poissons. L’odeur était insupportable.

«J’ai appelé au ministère de la Faune, mais ils m’ont dit que ce n’était pas de leur ressort, souligne Nicole Beaudry. Ils m’ont dit qu’ils ne se chargeaient pas des animaux morts, même pas des chevreuils sur la route.»

Les citoyens ont donc dû s’occuper eux-mêmes du nettoyage. Aux chalets Aux Deux Mousses, où demeure Mme Beaudry, les propriétaires ont ramassé près de 700 poissons sur une distance d’environ 100 pieds.

«Nous les avons brûlés, car ça sentait trop fort, explique la gestionnaire, Danièle Guay. Malgré des heures de travail, il reste encore des poissons. Ils sont pris dans les algues.»

Par ailleurs, le maire a offert deux collectes d’ordure supplémentaires aux résidents, lundi et mardi, afin qu’ils se débarrassent des dépouilles.

Depuis cet épisode, il n’y a pas eu d’autres phénomènes semblables. Toutefois, une écume blanche recouvre les berges du lac Champlain.

Voyez en vidéo les centaines de poissons morts sur la berge du lac Champlain, en visitant le www.canadafrancais.com.