Développement ferroviaire: des élus de l’Estrie et de la Montérégie sautent dans le train

TRANSPORT. L’Alliance du corridor ferroviaire de l’Estrie et de la Montérégie (ACFEM) saute dans le train et rappelle l’importance de la sécurité et de la modernisation du réseau ferroviaire. Une cure de jouvence de 300 M$ étalée sur dix ans que l’organisation entend mousser auprès des instances concernées dans les semaines et mois à venir.

Réunis à Bromont jeudi dernier, les élus membres de l’Alliance ont exposé l’ambitieux projet reliant l’Estrie à la Montérégie aux médias locaux.

«On a créé en juillet l’ACFEM, on en a parlé un peu, mais là, il y a des élections qui s’en viennent, a affirmé le maire de Bromont et président de l’ACFEM, Louis Villeneuve. On a un forum cet après-midi [le 5 septembre] sur le ferroviaire ici à Bromont. Je pense que le moment était opportun pour lancer officiellement tout ça et dire qu’on existe.»

«Ça fait quelque temps qu’on travaille sur ça, c’est merveilleux de voir la synergie qui est là, a indiqué de son côté le maire de Farnham, Patrick Melchior. C’est important de dire que de Sherbrooke à Montréal, il y a des instances municipales qui sont là, des gens d’affaires, autour de ce projet-là.»

Outre la réfection du réseau ferroviaire, l’ACEFM, en collaboration avec le Chemin de fer du centre du Maine et du Québec (CMQR), projette d’offrir un service de transport de passagers entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Sherbrooke en plus d’y maintenir des activités de transport de marchandises. Un projet que l’Alliance prévoit mener à terme avec la participation, entre autres, d’Ottawa et de Québec et du secteur privé.

«Un projet de cette ampleur-là, on ne peut pas faire ça juste entre municipalités, a déclaré M. Villeneuve. Ça prend de l’argent des gouvernements supérieurs, c’est évident. C’est un projet de 300 M$, mais quand je dis ça, je veux être très prudent parce que les études ne sont pas complétées. On va arriver avec beaucoup plus de détails dans les prochaines semaines, les prochains mois, et là, on va être capables de détailler l’ensemble du projet.»

«Les villes se sont déjà compromises, Bromont à la hauteur de 1 M$, Farnham, 500 000$, sur dix ans. Nous, on a fait ce qu’on avait à faire, on attend la suite», a ajouté le maire de Farnham, Patrick Melchior.

Accent sur la sécurité

Les représentants de l’ACFEM l’ont martelé à plusieurs reprises : l’accent doit être mis sur la sécurité d’abord.

Plusieurs représentants municipaux ont assisté à l’annonce de l’Alliance du corridor ferroviaire de l’Estrie et de la Montérégie, jeudi dernier, à Bromont. (Photo: L’Avenir et des Rivières – Xavier Demers)

«Le massage qu’on doit porter, c’est que les trois priorités, c’est la sécurité, la sécurité et la sécurité, a déclaré Louis Villeneuve. Ensuite, chacune des municipalités qui est membre de l’ACFEM a ses problématiques à régler. Si je parle de Bromont, il y a du transport de produits pétroliers à côté de résidences. Dans le quartier Adamsville, il y a une entreprise de propane qui doit être déplacée à côté d’un centre de transbordement, ce qui va éviter, en cas d’explosion, que Bromont soit touchée. Si je prends Bedford, il y a deux entreprises où il y a un petit bout de voie ferrée à ouvrir pour leur permettre de l’utiliser. Il y a d’autres besoins comme ça dans différentes municipalités.»

«À Farnham, avec la cour de triage au cœur même de la ville, c’est important de voir ce qu’on peut faire à ce niveau-là, a ajouté Patrick Melchior. On comprend la nécessité du train, mais on comprend bien avant la nécessité de la sécurité. L’échéancier est dur à nommer pour l’instant parce qu’on ne peut pas en parler tant que les rails ne sont pas sécuritaires. Après ça, on pourra phaser les choses en partenariat avec les gouvernements et les entreprises.»

Économie et environnement

L’ACFEM est catégorique : le projet a des bienfaits autant du côté environnemental qu’économique.

Avec le traité de libre-échange avec l’Union européenne, le président de l’ACFEM, Louis Villeneuve, considère que le projet arrive à point.

«Il y a le transport de marchandises aussi vers les États-Unis. Avec le traité de libre-échange Canada-Europe, on comprend bien que les Européens qui veulent atteindre le marché américain, pour l’instant, devront passer par le Canada. On est collés sur les lignes.»

«Le transport, au-delà de 300 km, il devient plus économique par voie ferroviaire que sur route, par camion», a ajouté M. Melchior.

Selon l’ACFEM, ce sont approximativement 11 840 tonnes de gaz à effet de serre qui pourront être évitées avec ce projet.

«Ce n’est pas rien, l’environnement, on en parle du réchauffement planétaire, a déclaré M. Villeneuve. On n’est pas mal tendance, sécurité, environnement, rapidité de transport, développement économique. On ne peut pas être contre la vertu!»

«Il faut saisir l’opportunité, elle est là. Ce serait bien malaisant qu’on ne le fasse pas et je pense qu’ils s’y attendent aussi. Qui ne veut pas la sécurité? Je suis convaincu qu’on aura des oreilles attentives à nos requêtes», a conclu Patrick Melchior.