Eccles Hill: une bataille qui a marqué le comté de Brome-Missisquoi

HISTOIRE. Répondant à l’invitation de la Société d’histoire de Missisquoi et du comité de commémoration de la bataille d’Eccles Hill, une  cinquantaine de personnes se sont réunies à Frelighsburg, vendredi dernier, pour le dévoilement d’un nouveau panneau d’interprétation sur les invasions féniennes de 1866 et de 1870.

Pas moins de 152 ans se sont écoulées depuis la dernière tentative d’invasion du Canada.

«Nous avions prévu souligner le 150e anniversaire de cet événement en 2020, mais la pandémie de coronavirus est venue bouleverser nos plans», signale la directrice générale de la Société d’histoire de Missisquoi, Mona Beaulac.

Deux invasions en quatre ans

En juin 1866, plusieurs centaines d’hommes armés en provenance des États-Unis traversèrent la frontière pour envahir Frelighsburg et Saint-Armand dans le but de s’emparer du Canada et de tenir le pays en otage en vue de libérer l’Irlande de la domination de la Grande-Bretagne.

Les féniens, cette confrérie secrète irlandaise implantée aux États-Unis sous l’appellation The Fenian Brotherhood, croyaient à la justesse de leur cause. Voilà pourquoi, en juin 1866, ils choisirent d’envahir les provinces de Québec, Ontario, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse dans l’espoir de précipiter une crise dans l’empire colonial britannique.

Le drapeau irlandais flotta dans le ciel des villages de Frelighsburg et de Saint-Armand pendant plusieurs jours jusqu’à ce que des miliciens venus de Montréal repoussent les féniens derrière la frontière du Vermont. La seule victime de l’invasion de 1866 fut Margaret Vincent qui tomba sous un tir ami. Un monument consacré à cette dernière a été érigé dans le secteur Pigeon Hill, à Saint-Armand.

Les historiens signalent que l’invasion de 1866 ne fut pas un échec total pour les féniens puisqu’ils ont effectivement réussi à occuper une petite partie du sol canadien pendant trois jours. Encouragés par leur facilité à traverser la frontière, ne faisant face à aucune opposition pendant des jours et contrôlant les communautés frontalières sans grande difficulté, les féniens revinrent en mai 1870 avec une importante troupe d’hommes.

Peu de temps après leur arrivée en sol canadien, les féniens ont été défaits à Eccles Hill (Frelighsburg) par un petit groupe de fermiers et de commerçants locaux formant une garde régionale appelée Les Écharpes rouges. Ces derniers avaient fait serment de protéger les foyers et les propriétés du comté de Missisquoi contre la menace d’invasions féniennes ou d’autres groupes de bandits. N’eut-été de cette garde, les féniens auraient pu de nouveau capturer le Canada comme ils l’avaient fait en 1866, laissent entendre les historiens s’étant penchés sur la question.

La région se souvient

Les invasions des féniens ont contribué à convaincre les Canadiens que la confédération était une bonne chose car un tel regroupement pouvait constituer un rempart efficace contre les invasions. Malgré tout, l’importance de ces batailles fut presque oubliée dans les différents livres d’histoire.

La Société d’histoire de Missisquoi a cependant conservé des document, objets et images relatant ces faits d’armes. Cette dernière a par ailleurs présenté une exposition thématique, en 2016, à l’occasion du 150e anniversaire du premier raid et en organise une autre, cet été, pour commémorer les 150 ans de la bataille d’Eccles Hill. La Société d’histoire et de patrimoine de Frelighsburg a elle aussi tenu à souligner la victoire des Écharpes rouges et des soldats canadiens contre les féniens, en 2020, dans le cadre d’une exposition au Gramar Shool.

Les lecteurs que le sujet intéresse sont invités à consulter Les Féniens arrivent…, un ouvrage de l’historien Laurent Busseau.