Farnham: aux élus municipaux de statuer sur le sort du projet résidentiel La Tourbière!

DÉVELOPPEMENT. Quelques mois après la tenue d’un sondage favorable à la réalisation du projet de développement résidentiel La Tourbière, la Ville de Farnham tenait une rencontre d’information publique, mercredi dernier, pour prendre le pouls de la population et répondre aux questions les plus fréquentes.

Le conseil de ville envisage la construction de 436 unités d’habitation en cinq phases sur un terrain municipal de sept millions de pieds carrés situé au sud de la route 104 et à l’ouest de la route 235 (aux abords de l’ancien Home Hardware).

Le plan de match prévoit l’implantation de 194 résidences unifamiliales isolées, 186 résidences unifamiliales jumelées et 56 résidences unifamiliales en rangée (maisons de ville).

«Le projet d’origine comprenait plus de 1200 portes et des habitations multifamiliales, mais le conseil a jugé bon d’en réduire le nombre – et de mettre de côté les multiplex – de manière à offrir un environnement plus convivial aux futurs résidants», signale le maire Patrick Melchior.

La portion du site réservé au projet de construction résidentielle serait légèrement supérieure à 3 M de pieds carrés (pi2), soit l’équivalent de 45 % de l’espace disponible.

Les promoteurs seraient notamment invités à privilégier des toits en pente, une fenestration abondante et à utiliser des «matériaux naturels» qui se fondent dans le paysage.

Efforts de préservation

La Municipalité compte par ailleurs établir une zone de conservation de 4 M pi2 (55 % du site) sur le même terrain de manière à assurer la protection de la tourbière et du cours d’eau verbalisé qui s’y trouvent. Selon certaines données rendues publiques, près de 80 % des milieux humides à valeur écologique élevée seraient déjà préservées en vertu d’une servitude de conservation notariée.

«La zone de conservation projetée équivaut à 56 terrains de soccer ou à deux fois la superficie du centre de la nature. Il s’agit d’une superficie supérieure à celle de l’ensemble des parcs et espaces verts de Farnham, le centre de la nature y compris», indique le directeur général de la Ville, Yves Deslongchamps.

Le projet élaboré par la Municipalité inclut également l’aménagement d’un réseau de sentiers de 2 km, d’une piste multifonctionnelle de 3 km, d’un stationnement incitatif pour les visiteurs et de cinq bassins de rétention végétalisés pour les eaux de surface répartis dans autant d’endroits stratégiques.

Les profits générés par la vente des terrains à des promoteurs serviront à protéger et à valoriser les 4 M pi2 de la zone de conservation et d’autres espaces verts sur le territoire de Farnham pour un total de 5 M pi2. La Ville songe notamment au terrain boisé situé à l’arrière de l’école secondaire Jean-Jacques-Bertrand qui appartient à des intérêts privés.

«Si le conseil municipal décide d’abandonner le projet de développement immobilier – donc aucune vente de terrain – tout en désirant protéger et valoriser ces mêmes espaces verts, il faudra prévoir des investissements de l’ordre de 7 M$ pour la réalisation des travaux. Et comme la Ville croit pouvoir obtenir une subvention gouvernementale de 50%, il lui resterait à assumer la différence, soit 3,5 M$ provenant d’une taxe spéciale imposable à l’ensemble des contribuables. Le propriétaire d’une résidence de valeur moyenne de 265 00 $ devrait alors débourser 125 $ par année pendant dix ans. C’est l’un des scénarios envisagés, mais aucune décision n’a encore été prise à cet effet», précise M. Deslongchamps.

Il s’agirait simplement d’aménager le site dans le respect des normes en vigueur, en installant par exemple des passerelles de bois sur pilotis dans les milieux humides. Dans un tel cas, l’aménagement des sentiers se ferait comme prévu, mais à plus petit échelle, afin d’éviter que les gens marchent n’importe tout et piétinent les espèces végétales du site.

Réactions du public

À la suite de la présentation, une vingtaine de personnes ont profité de la période de questions pour exprimer leurs inquiétudes au sujet de la protection de la flore et de la faune.

Certains ont notamment dit craindre que la tourbière ne s’assèche, que les animaux souffrent d’une forte présence humaine, que les arbres dépérissent à la suite de l’aménagement de terrains inclinés en bordure des nouvelles constructions.

«Je veux laisser un site intact aux générations futures. Tout ce qu’on a à faire, c’est de ne toucher à rien», d’indiquer l’une des intervenantes. «La tourbière est un joyau qu’il faut protéger», a dit un autre. «Est-ce qu’on a vraiment besoin de ce projet?», a renchéri un troisième.

Un citoyen a par ailleurs qualifié la rencontre d’information d’info-pub et alors qu’une autre a questionné la valeur du sondage. «C’était un peu rhétorique, ce sondage, car la réponse était dans la question.»

Une Farnhamienne a également voulu savoir pourquoi les autorités tiennent tant à créer une banlieue à l’extérieur du centre-ville. «On a un centre-ville qui se meurt. Pourquoi vouloir développer à l’extérieur dans ces conditions ?», a demandé un autre pour qui «ce n’est tout simplement pas le bon projet à la bonne place».

Quelqu’un a insisté pour que l’on poursuive la réflexion au sujet du projet pendant qu’un autre mettait les élus au défi de consulter la population par voie de référendum.

En réponse aux questions du public, les autorités se sont faites rassurantes au sujet de la congestion à l’intersection des routes 104 et 235 («on va reconfigurer le carrefour 235-104 lors de la réfection des infrastructures souterraines sur Jacques-Cartier») et au sujet de l’approvisionnement en eau potable («l’usine de filtration a une capacité de 20 00 m3 alors que l’on n’en utilise que 7000 m3»).