Farnham barre la route à MMA

Coup de théâtre, hier soir, à l’hôtel de ville de Farnham. Les membres de l’administration Hüsler ont adopté une résolution demandant à Montreal, Maine & Atlantic (MMA) de suspendre une partie de ses activités jusqu’à la réalisation d’une étude indépendante sur l’état de la voie ferrée et de la flotte de véhicules de la compagnie ferroviaire. Une copie de cette requête sera acheminée à Transports Canada.

«La résolution demande plus précisément un arrêt temporaire du va-et-vient sur le réseau ferroviaire régional et la réalisation d’une étude, par les autorités supérieures, sur l’état des rails, locomotives et wagons de MMA», résume le directeur général de la municipalité, François Giasson.

Ce dernier soutient que la population est loin d’être rassurée et craint un nouvel accident. Elle verrait d’un mauvais œil la libre circulation de wagons citernes de matières dangereuses sur le territoire de Farnham au lendemain des événements de Lac-Mégantic.

M.Giasson laisse toutefois entendre que le conseil pourrait être prêt à mettre de l’eau dans son vin et à laisser circuler les wagons de marchandise en vrac (grain, bois, etc.), mais serait intraitable au sujet des matières dangereuses (pétrole brut, ammoniac, gaz propane, etc.).

«Il est vrai que le chemin de fer est là depuis 150 ans, mais il faut bien comprendre que les matières transportées à bord des trains n’ont plus grand chose à voir avec celles des débuts du transport ferroviaire. De nos jours, les produits chimiques occupent beaucoup plus de place que le bois ou les céréales dans les wagons de MMA», renchérit le directeur général.

La Ville de Farnham entend demander l’appui du Comité de train de passagers Montérégie-Estrie, histoire de donner plus de poids à sa requête. Ce groupe de travail, regroupant trois hommes d’affaires et des élus municipaux de Saint-Jean-sur-Richelieu, Farnham, Cowansville, Bromont, Magog et Sherbrooke, réclame depuis environ un an la mise sur pied d’un train de banlieue entre Montréal et Sherbrooke.

«Le conseil municipal sait très bien que le Comité n’a pas juridiction en matière de transport de marchandises, mais n’est pas sans savoir que celui-ci bénéficie d’une grande visibilité en Montérégie et en Estrie. Voilà pourquoi Farnham souhaite l’associer à sa démarche», ajoute M.Giasson.

Deux autres résolutions

Estimant qu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud et que le «timing» n’a jamais été aussi bon, l’administration Hüsler a par ailleurs décidé de revenir à la charge avec deux de ses demandes antérieures.

Le conseil a ainsi adopté une deuxième résolution demandant à MMA et aux deux paliers de gouvernement supérieurs d’investir les fonds nécessaires à la relocalisation de la cour de triage à l’extérieur du centre-ville de Farnham. Les autorités municipales avaient soumis une première demande en ce sens, voilà une dizaine d’années, mais personne n’y a jamais donné suite.

«Tout ce que la Ville avait reçu  à l’époque, c’est un accusé de réception… et rien de plus», prend soin de rappeler le maire Josef Hüsler.

Les élus souhaitent que la gare et la cour de triage soient déplacées à la sortie de la municipalité, à l’ouest du camp militaire et de l’école de parachutisme Nouvel Air.

«Une première étude, commandée par Farnham, évaluait le coût de réalisation du projet à 9 M $», signale M.Giasson.

Le conseil municipal revient également à la charge et demande au ministère des Transports d’aménager un pont à étagement ferroviaire, sur la route 104, à la hauteur du magasin RONA Lévesque.

«Les convois ferroviaires qui traversent la 104 paralysent la circulation routière et empêchent les services d’urgence de se rendre à destination. La mise en place d’un tunnel permettrait de solutionner ce double problème», poursuit le directeur général de la municipalité.