Pike River: la ferme des Bellefroid prépare la relève et amorce son virage vert

AGRICULTURE. Les Bellefroid cultivent la terre et élèvent des animaux à Pike River depuis plus de 70 ans. Et ce n’est pas près de changer alors que deux membres de la quatrième génération intègrent aujourd’hui les rangs de l’entreprise familiale sur une base à temps plein.

«Tout a commencé en 1949 quand mon grand-père Casimir a quitté la Belgique avec ses neuf enfants pour s’établir dans le rang des Ducharme», signale Martin Bellefroid, porte-parole de la troisième génération.

En 1958, Ernest Bellefroid, fils de Casimir et père de Martin, a fait l’acquisition de la ferme voisine. Son fils, sa belle-fille et deux de ses petits-enfants ont par la suite pris la relève et continuent d’exploiter l’entreprise familiale.

Marc-Antoine, 26 ans, est de retour à Pike River depuis deux ans et demi après avoir terminé un baccalauréat en Histoire et défendu les couleurs du club de football Rouge et or de l’Université Laval.

Sa sœur Émilie, 24 ans, travaille également à temps plein avec ses parents depuis le printemps dernier. Elle a complété un diplôme d’études collégiales en Gestion et technologie agricoles au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu

«L’entrée en scène de Marc-Antoine et d’Émilie insuffle une bonne dose d’énergie à l’entreprise familiale et ouvre la porte à plusieurs changements», nous confie leur mère, Nathalie Martin.

Oeufs et viande

La ferme des Bellefroid se spécialise dans et l’élevage du veau lourd et du petit bœuf.

«Nous avons fait nos débuts en 1994 pour un intégrateur avant de poursuivre à notre propre compte en 2005», ajoute Mme Martin.

L’entreprise élève désormais une cinquantaine de têtes, soit une vingtaine de plus que l’année dernière, histoire de répondre à une demande sans cesse croissante stimulée par l’engouement des consommateurs pour l’achat local. L’abattage des animaux est confié à Viandes Campbell, de Saint-Sébastien, alors que les produits sont vendus directement aux consommateurs.

«Nous écoulons la moitié de notre production en quartiers et l’autre moitié à la pièce (rôtis, brochettes, saucisses, etc.). Tout est vendu directement aux consommateurs, mais on commence à faire des approches auprès de certains restaurateurs», signale Martin Bellefroid.

La ferme du rang des Ducharme mise par ailleurs sur un élevage de 99 poules pondeuses.

Culture maraîchère

En plus des grandes cultures (soya, maïs, blé), les Bellefroid s’intéressent notamment à la culture maraîchère depuis environ 18 mois.

«Nous avons décidé de cultiver nos propres légumes, pendant la pandémie, alors que l’expression autosuffisance alimentaire était sur toutes les lèves», explique Mme Martin.

Après une année d’essais erreurs, la famille est passée à la vitesse supérieure et exploite aujourd’hui deux potagers d’un hectare chacun.

«C’est le maximum qu’il nous est possible de cultiver avec les effectifs dont nous disposons. Nous avons déjà l’équipement requis pour doubler notre production de légumes, mais il nous faudrait alors trouver de la main-d’œuvre additionnelle. Avec l’aide de trois employés saisonniers, nous réussissons à tout faire avec sept paires de bras», précise Marc-Antoine Bellefroid.

Les nouveaux producteurs maraîchers proposent notamment à leur clientèle de la patate douce, des concombres, courgettes, choux, laitues, tomates (cinq variétés), piments forts (six variétés) et fines herbes (25 variétés).

Les amateurs de viande et de légumes frais pourront s’approvisionner à raison de quatre jours par semaine (jeudi au dimanche) au nouveau kiosque des Bellefroid qui doit être inauguré le 31 juillet.

«Le kiosque a été aménagé dans une ancienne laiterie. Tout a été refait à neuf, ou presque, mais le bâtiment conserve son aspect d’origine», ajoute Marc-Antoine.

Autres projets

Les Bellefroid, on l’aura compris, ne craignent pas les défis. En plus d’avoir pratiquement doublé la taille de leur élevage et de s’être lancés dans la culture maraîchère, ces derniers amorcent maintenant une transition vers les produits biologiques.

«Le choix du bio, ça nous vient d’Émilie qui s’est intéressée au sujet d’une façon très concrète dans le cadre de son projet de fin d’études collégiales», résume Mme Martin.

La principale intéressée estime que la ferme familiale devrait être en mesure d’obtenir sa certification vers le mois d’août 2022, soit 36 mois après une dernière application de produits chimiques dans les champs.

«Les démarches auprès de l’organisme Ecocert sont déjà en cours. On vise une certification bio aussi bien pour les grandes cultures que pour la culture maraîchère», précise Martin Bellefroid.

Et comme un projet ne vient jamais seul, les propriétaires songent également à la création d’un site Web (janvier 2022), l’ajout d’un service de vente en ligne (date à déterminer), la construction d’une serre (printemps 2022) et la vente de produits transformés (projet à moyen terme).