La vie au rythme d’une école de village

ÉDUCATION. Si l’on exclut du calcul l’école Notre-Dame-de-Lourdes, les écoles primaires de Val-des-Cerfs accueillent en moyenne 234 élèves. À Saint-Armand, la communauté serre les rangs autour des 35 enfants qui gardent en vie l’établissement au cœur du village.

La commission scolaire est catégorique: il n’a jamais été question de fermer l’école Notre-Dame-de-Lourdes. Guy Tardif, directeur de l’organisation scolaire, souligne que le ministère maintient les écoles de village tant qu’il y a un minimum de six élèves.

«Les parents de Saint-Armand veulent garder leur école et tout le monde s’implique ici», souligne le directeur général adjoint Éric Racine. Un constat relayé par la directrice de l’école Marie-Claude Dicaire et le maire Réal Pelletier.

«L’école est partie prenante de la communauté. Elle s’intègre dans le milieu», note Mme Dicaire. Réal Pelletier est d’accord avec l’affirmation, mais prévient qu’«il ne faut jamais arrêter de travailler, d’avoir des projets». Le duo collabore étroitement. Le maire et la directrice s’échangent leur ordre du jour pour que l’un et l’autre soient bien au fait des démarches en cours.

Saint-Armand s’apprête d’ailleurs à réaménager un petit parc municipal adjacent à la cour d’école. Afin de s’assurer de faire les bons choix, on a demandé aux enfants quels jeux ils préféraient voir installer.

Contexte favorable

Dans l’immense cour d’école qui compte un terrain de baseball, une patinoire, des modules de jeux et un grand espace asphalté, les 35 enfants de 7 à 12 ans s’amusent. Sous le regard des surveillantes Marie-Claire et Linda, on sent l’esprit de groupe et de solidarité.

«Les grands prennent soin des plus petits», nous assure Linda qui travaille à l’école depuis environ 16 ans. Sa collègue y a vu passer plusieurs générations depuis plus de 30 ans.

Une fois à l’intérieur, l’ambiance est étrangement calme pour une école primaire. Marie-Claude Dicaire souligne le caractère familial de l’école. «Tout le monde connaît tout le monde et il n’y a pas de cachettes ici, tout se sait».

Fait rare cette année, les élèves sont rassemblés en doubles niveaux pour les matières de base (français, mathématiques) et en triples niveaux pour les autres matières (musique, anglais, éducation physique).

Annie Jeanson a été élève à Notre-Dame-de-Lourdes avant d’y revenir comme enseignante en 1996. À son avis, les niveaux multiples favorisent l’autonomie. Elle voit aussi un autre avantage dans le fait de suivre ses élèves sur deux ans.

«On n’a pas à réapprendre qui sont les enfants et qui sont les parents. C’est très rare aussi qu’on va faire reprendre une année parce que je sais exactement où chacun est rendu», mentionne-t-elle.

Sa collègue Catherine Lareau trouve intéressant le fait d’avoir moins de têtes dans sa classe. «On peut faire plus de projets et j’ai le temps de faire le tour plusieurs fois pour m’occuper de tout le monde», signale-t-elle.

Démographie encourageante

D’une capacité de 132 élèves à une clientèle de 35, le déclin s’est observé sur une longue période. Au même rythme que le vieillissement de la population. «Il y a beaucoup de retraités qui déménagent à St-Armand pour avoir la paix. Le taux de natalité n’est pas très élevé. Il n’y a pas beaucoup de nouvelles familles», remarque Mme Dicaire qui est en poste depuis mai 2014.

Plusieurs familles armandoises vivent sur leurs terres de génération en génération et on observe peu de nouvelles constructions. «C’est difficile de construire parce qu’on est principalement en milieu agricole, mais il nous reste quelques terrains», explique le maire Pelletier.

Celui-ci se dit tout de même encouragé de voir que de plus en plus de jeunes familles rachètent des maisons dans le village. Les prévisions de Val-des-Cerfs semblent d’ailleurs optimistes pour Notre-Dame-de-Lourdes. D’après Guy Tardif, une cinquantaine d’enfants en moyenne devraient occuper les lieux au cours des cinq prochaines années.

Une vocation particulière?

À l’instar du succès observé à St-Joachim-de-Shefford, où l’on a pratiquement ressuscité un village en implantant un programme d’éducation internationale, pourrait-on offrir une vocation à St-Armand?

Réal Pelletier croit que oui. Un projet d’école à vocation artistique est dans les cartons depuis un bon moment. Avec une population d’artisans aux multiples talents et des collaborations avec le Conservatoire de musique de Montréal, l’idée s’impose.

La directrice Marie-Claude Dicaire n’est cependant pas convaincue. «On veut développer des projets, mais pas nécessairement un programme en particulier», indique-t-elle. L’année scolaire en cours exploite justement ce thème. Lors de notre visite, le vitrailliste Marc Cournoyer était de passage pour remettre aux enfants le vitrail auquel ils ont contribué.

Plusieurs artisans sont venus visiter les élèves et les initier à leur travail.

Comme la population de Saint-Armand compte une bonne part d’anglophones et que ces enfants sont envoyés à Bedford, le maire Pelletier soulève l’idée d’une école bilingue. Tout comme à Sutton, il aimerait pouvoir réunir tous les enfants sous le même toit dans des classes différentes.