L’avenir des flèches de l’église Saint-Romuald de plus en plus incertain

PATRIMOINE. Aucune décision définitive n’a encore été prise au sujet de la restauration des flèches de l’église catholique Saint-Romuald, mais tout porte à croire qu’elles pourraient simplement être retirées puis détruites.

«Le dossier a beaucoup évolué depuis la visite du journaliste de L’Avenir & Des Rivières à la mi-avril», reconnaît Benoit Côté, curé de la paroisse et président du conseil de Fabrique.

Lors d’une rencontre, tenue le 14 mai dernier en présence de représentants de la Fabrique Saint-Romuald, du Diocèse de Saint-Hyacinthe, de la Ville de Farnham, du Conseil du patrimoine religieux de la Montérégie et du ministère de la Culture et des Communications, les différentes parties en présence ont convenu de poursuivre la réflexion et de «se donner du temps» pour approfondir le dossier.

Position d’un historien

Au cours des dernières semaines, l’historien de l’art Paul Racine, a notamment produit un rapport sur la conservation des flèches du temple religieux de la rue Yamaska à l’invitation de l’abbé Côté.

Ce spécialiste du patrimoine religieux se dit favorable au retrait des flèches qui, affirme-t-il, «ne créerait aucun préjudice à l’architecture néo-romane du lieu de culte».

M. Racine reconnaît que les Farnhamiens se sont attachés au cours du dernier siècle à l’église Saint-Romuald et à ses fameuses flèches qui pointent vers le ciel et se reflètent dans les eaux de la rivière Yamaska.

Bien qu’il s’agisse d’un élément identitaire du paysage de Farnham, l’historien n’en croit pas moins que la réfection des flèches et leur réinstallation au sommet des clochers de l’église coûteraient une petite fortune et que le projet de restauration est hors de portée des paroissiens de Saint-Romuald, malgré les possibilités d’aide financière du gouvernent du Québec.

M. Racine prend également soin de rappeler que «le carnet de santé de l’église n’est guère reluisant» et que d’autres investissements importants seront requis au cours des prochaines années.

«Si j’étais concerné en tant que paroissien de cette cure, j’opterais sans ambages pour le fait de ne pas reconstruire les flèches (…) et de privilégier d’assurer la sécurité et surtout la pérennité de ce lieu de culte remarquable», conclut l’historien.

L’abbé Côté est du même avis..

«Si on choisit de sacrifier les flèches, il y aura un deuil à faire au niveau de l’aspect visuel de ce bâtiment monumental. Cela étant dit, il importe de s’entendre sur un projet socialement acceptable permettant de garantir la pérennité de l’église», indique-t-il.

Un toit temporaire

En début d’année, la Fabrique Saint-Romuald s’attendait à devoir absorber 30 %  des 500 000 $ requis pour descendre la flèche du clocher principal jusqu’au sol, l’autre partie devant être assumée par le Conseil du patrimoine religieux de la Montérégie. Il convient de rappeler que cette somme ne couvrait pas la restauration de la pièce ni sa remontée au sommet du clocher.

«En laissant tomber la restauration des flèches, on pourrait réaliser des économies de l’ordre de 2 M$», signale le curé Côté.

En réponse aux questions du journal, ce dernier confirme par ailleurs que des ententes contractuelles avec la compagnie St-Denis Thompson (fabrication des échafaudages) et Construction Couture & Tanguay (descente de la flèche principale et travaux de mise à niveau) ont déjà été signées.

«Les grues et les échafauds ont déjà été réservés. Les deux entreprises n’attendent plus que le feu vert de la Fabrique avant d’entreprendre les travaux», ajoute-t-il.

Si le projet se réalise, la flèche du clocher principal sera retirée et un toit temporaire devra être érigé au sommet de la tour pour recouvrir la chambre des cloches.

«Le toit temporaire fera éventuellement place à un chapeau permanent, qui ne sera pas totalement plat, mais n’aura pas non plus l’allure élancée de la flèche d’origine», explique le président de la Fabrique.

Même si l’entrepreneur recommande de retirer les deux flèches dès à présent, la Fabrique n’a pas encore pris de décision en ce sens.

«Pour descendre les deux flèches à la fois, il nous faudrait soumettre une nouvelle demande d’aide financière au ministère de la Culture», explique le curé de Saint-Romuald.

L’état de détérioration avancé de la flèche principale plaide cependant en faveur d’une action rapide.

«Notre ingénieur nous garantit que l’édifice est encore sécuritaire et qu’il n’y a pas lieu d’en interdire l’accès. Il ajoute que la température élevée de la saison estivale entraîne une augmentation des bactéries qui détériorent le bois des flèches. Selon lui, il serait préférable d’agir rapidement», résume l’abbé Côté.