Luc Martel derrière sa chaise de barbier depuis plus d’un demi-siècle

FARNHAM. À 70 ans, le coiffeur pour hommes Luc Martel ne fait pas son âge. Ce dernier a pourtant trimé dur et connu son lot d’épreuves, mais il a su garder le moral et continue de croquer dans la vie à belles dents en compagnie de sa seconde épouse.

Luc Martel a décidé de suivre les traces de son père Roger, dès l’âge de 16 ans, afin de devenir coiffeur pour hommes. Au terme d’une formation de neuf mois à l’École de barbier Labrosse ltée de Montréal, le jeune homme a décroché son diplôme en novembre 1969.

Le nouveau diplômé a travaillé avec son père pendant un an (1970) avant de faire équipe avec les barbiers Guy Gendron et Jacques Lacoste pendant dix autres années (1971-1981). L’établissement était connu sous le nom de Salon GLM (Gendron/ Lacoste/ Martel).

«Chacun de nous travaillait de façon autonome, mais nous partagions le même local, dans le lobby de l’hôtel Montcalm. Nous avions une grosse clientèle du Canadien Pacifique, du camp militaire et des usines Coronet, Domco, Collins», signale notre interlocuteur.

En 1981, Luc Martel a fait l’acquisition d’un salon de coiffure, sur la rue Centre à Granby, qu’il a revendu deux ans plus tard.

À son retour à Farnham, en 1983, Luc est retourné travailler avec son père, jusqu’à la retraite de celui-ci, en juillet 1987. Le salon familial est situé au 564 de la rue Saint-Paul depuis 1945.

«Roger a continué à me donner un coup de main de temps en temps, durant la période des Fêtes et les vacances annuelles, mais j’ai travaillé seul le reste de ma carrière», résume M. Martel.

Vie familiale

Luc Martel et sa première épouse ont eu un fils, David, aujourd’hui âgé de 41 ans.

Aux prises avec la rétinite pigmentaire, une affectation génétique qui entraîne une perte de vision graduelle, David a commencé à avoir de la difficulté à voir vers l’âge de 10 ans et a dû composer avec une cécité totale (moins de 20 % du champ de vision) dès l’âge de 16 ans.

«Après avoir complété son secondaire 5 à l’école JJB, mon fils a fréquenté l’Institut Nazareth et Louis-Braille, sur la rue Jean-Brillant à Montréal. Après une période de découragement, il a trouvé du travail dans un centre d’appels de Boucherville. Il est toujours à l’emploi de cette entreprise et habite aujourd’hui à Saint-Bruno-de-Montarville avec sa conjointe».

«Je suis grand-papa depuis dix ans. Mon petit-fils, né le jour des funérailles de mon père, se prénomme Nicolas» indique M. Martel.

Luc Martel s’est remarié en 2012 avec Monique Hébert, une résidente de Granby originaire de Saint-Hyacinthe. Les deux conjoints ont fait connaissance sur un plancher de danse, à la salle Le Rendez-Vous de Montréal.

«Les salles ont fermé pendant la pandémie et plusieurs d’entre elles n’ont jamais rouvert leur portes», précise le septuagénaire.

En plus de s’adonner à la danse sociale, le couple Martel-Hébert assiste régulièrement à des spectacles à Granby et à Saint-Hyacinthe.

Moins d’heures

Luc Martel a toujours la passion du métier, mais a réduit ses heures de travail au fil des ans.

«J’ai travaillé une soixantaine d’heures par semaine pendant nombre d’années, mais j’ai coupé ça de moitié. Le salon est maintenant accessible les mercredi, jeudi et vendredi, de 9h à 18h, et le samedi matin, pour une trentaine d’heures/semaine. Je n’ai jamais fonctionné sur rendez-vous et c’est pareil aujourd’hui», résume-t-il.

Le prix d’une coupe de cheveux a augmenté au gré des décennies, mais bien en deçà de l’inflation.

«Je chargeais de 8 $ à 12 $ dans les années 70. Aujourd’hui, la coupe de base est à 18 $», résume-t-il.

La fréquence des visites chez le barbier a également évolué avec le temps.

«À l’époque, beaucoup d’hommes étaient soucieux de leur apparence et se faisaient couper les cheveux aux deux semaines. De nos jours, on parle plutôt d’une coupe aux quatre à cinq semaines», ajoute M. Martel.

Il va sans dire que le coiffeur a rencontré beaucoup de gens en 52 ans de carrière et a su développer une belle complicité avec sa clientèle.

«À mes débuts dans le métier, il devait y avoir cinq ou six barbiers à Farnham. Depuis le départ à la retraite de mon confrère Jacques Lacoste, je suis aujourd’hui le seul coiffeur masculin dans cette localité», indique-t-il.

Quelques-uns des clients de M. Martel lui sont fidèles depuis près d’un demi-siècle. De nombreux autres se sont ajoutés au fil des ans.

«Certains membres d’une même famille fréquentent le salon depuis deux ou trois générations. Les clients sont le fun, de bonne humeur. J’ai appris à les connaître et je suis devenu le confident de plusieurs d’entre eux. Le secret avec la clientèle, c’est le respect et la discrétion. Ce qui se dit au salon reste au salon», poursuit le Farnhamien.