L’église et le presbytère bientôt mis en vente

PATRIMOINE. La communauté catholique de Frelighsburg pourrait être en voie de perdre son seul lieu de culte. Confrontée depuis quelques années déjà à de multiples obstacles, d’ordres financiers notamment, les huit membres de l’Assemblée de Fabrique du milieu en sont venus au déchirant constat de mettre en vente les deux édifices unis, l’église et le presbytère, de même que le terrain.

À l’instar de plusieurs communautés catholiques du Québec, celle de Frelighsburg se penche depuis longtemps sur la situation de l’église Saint-François d’Assise. Et avant d’approuver un scénario de vente, plusieurs options, présentées aux paroissiens, ont été considérées au cours des derniers mois. «On a tout essayé au cours des dernières années, et à un moment donné, on en vient à cette conclusion-là. C’est sûr que c’est déchirant, puisque les gens qui s’impliquent le font parce que c’est important pour eux», mentionne Danik Savaria, prêtre modérateur et membre de l’Assemblée de Fabrique. 

Il a notamment été envisagé de séparer les bâtiments; la mise en vente du presbytère aurait alors servi à la cause de la réfection de l’église, construite en 1884. Cette solution présentait toutefois quelques revers. Les sommes requises consacrées à la démolition de la section qui lie les deux bâtiments demeuraient élevées. La valeur patrimoniale de l’ensemble aurait également diminué considérablement si une telle mesure avait été adoptée.

À bout de moyens financiers 

L’implication de la communauté connaît certes un essoufflement, mais le manque de ressources financières mine également les tentatives de conservation de ce patrimoine religieux. Une étude récente faisait état d’importantes réparations à effectuer sur l’église à court ou moyen terme, pour un montant dépassant les 30 000$ selon une évaluation préliminaire. «Nous avons fait une estimation à 33 000$, mais c’est très conservateur et on pense que ce serait plus que ça», explique le prêtre. Or, les avoirs de la Fabrique ne se limitent qu’à environ 25 000$, et malgré une gestion serrée des finances, les deux dernières années se sont soldées par un déficit cumulé de 11 000$.

Le manque d’implication de la communauté est pointé du doigt dans ce dossier. Le recrutement de nouveaux bénévoles est au neutre et les responsabilités se font de plus en plus lourdes sur les épaules des personnes engagées. Ainsi, quelques appels à la mobilisation seraient restés lettre morte au cours des dernières années. N’entrevoyant pas une amélioration de la situation, l’Assemblée de Fabrique n’a eu d’autres choix que d’opter pour la vente des édifices. «Le nombre de bénévoles étant de plus en plus restreint, on ne pouvait tout simplement plus continuer», exprime M. Savaria.   

Le cimetière exclu

L’ensemble de ces démarches ne touche en aucun temps les deux cimetières, l’ancien et le nouveau, de Frelighsburg. Les cimetières resteront la propriété d’une paroisse, même en cas de fusion avec une communauté voisine. Son entretien se poursuivra normalement. «Pour les gens, ça ne fait aucune différence, il n’y a aucun changement au niveau des cimetières», renchérit M. Savaria.           

Pas une fin en soi

Cette vente ne signifie pas pour autant la fin de la pratique religieuse. D’autres initiatives seront vraisemblablement mises de l’avant pour que les paroissiens puissent exprimer leur foi. «Dans sa lettre [répondant à la demande de l’Assemblée de Fabrique], Monseigneur [Lapierre] insiste pour que l’aspect pastoral ne soit pas négligé même s’il y a une vente de bâtisse. Il y a déjà en place depuis plusieurs années une collaboration entre les paroisses [unité les Vignes] qui gravitent autour de Cowansville. Ce n’est pas une suspension des services en pastorale», laisse entendre Denis Charpentier, procureur diocésain pour le diocèse de Saint-Hyacinthe.

Ce regroupement, basé à Cowansville, poursuivra sa mission d’animation de la vie pastorale. Il en va d’une certaine continuité, selon Danik Savaria. «Sans être insensible au deuil que les gens vivent, pour moi ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’une période. Aujourd’hui, ce qu’on vit, c’est la fin d’un christianisme de masse. Ça devient de plus petits groupes et pour moi, il peut se vivre quelque chose de très intéressant à travers ces petits groupes-là. Ce n’est pas la fin de l’expérience chrétienne», de conclure le prêtre. 

La paroisse Saint-François d’Assise à Frelighsburg

-Église bâtie en 1884

-Revêtement extérieur de briques

-Toiture en tôle

-Orgue Casavant et Frères, installé en 1960

-Paroisse fondée en 1886