Pike River: le projet de TransCanada est justifié, estime le BAPE

ÉNERGIE. Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) estime que le projet de TransCanada Pipelines de doublement du gazoduc situé entre Saint-Sébastien et Pike River est «justifié» et limite les impacts sur les terres agricoles.

Le BAPE était appelé à se prononcer sur le projet de TransCanada, maintenant évalué à 29 M$, qui lui permettrait de répondre à ses obligations de livraison de gaz naturel à son client américain Vermont Gaz Systems. Cela implique l’installation d’une deuxième conduite de 12 pouces de diamètre sur une distance de 4 km entre les deux municipalités qui bordent les MRC du Haut-Richelieu et de Brome-Missisquoi.

Une seule partie prenante au dossier s’était opposée au projet. Il s’agit de la municipalité de Pike River. Son opposition avait mené à l’audience publique du BAPE, qui a rendu son rapport public la semaine dernière.

Les commissaires Marie-Hélène Gauthier, présidente de la commission, et Pierre Renaud avancent que le projet soumis par TransCanada «est justifié pour permettre à l’entreprise de satisfaire à la demande en gaz naturel au point de livraison de Philipsburg». Ils constatent que le choix du promoteur de juxtaposer son gazoduc projeté à celui qui est déjà en place permet de «réduire l’emprise totale nécessaire et de limiter les impacts sur les terres agricoles».

La solution proposée par Pike River, soit d’installer un poste de compression à Saint-Sébastien à Saint-Sébastien pour éliminer le besoin d’une conduite supplémentaire, n’a pas été retenue par le BAPE. Les commissaires indiquent que TransCanada a évalué le coût de cette suggestion. Il s’élève à 100 M$ pour une capacité que l’entreprise n’aurait pas été en mesure de justifier lors d’une demande à l’Office national de l’Énergie.

Sécurité

Quant aux impératifs de sécurité, la principale cause d’inquiétude pour les représentants de Pike River aux audiences de novembre et décembre, le BAPE estime que le projet respecte les lignes directrices du Conseil canadien des accidents industriels majeurs sur les niveaux acceptables de risques au Canada.

L’analyse du risque élaborée par TransCanada montre que le pire scénario serait une rupture complète de la conduite. Cette situation serait suivie par la formation d’une boule de feu puis d’un feu en chalumeau. Le promoteur calcule que les occupants des deux seules résidences situées dans un rayon de 98 m de la conduite à Saint-Sébastien auraient, au maximum, 2,65 chances sur un million de mourir des suites d’un tel incident. Pour les cinq résidences dans une distance de 98 m et 136 m du tuyau, soit deux à Saint-Sébastien et trois à Pike River, le risque est au maximum d’une chance sur un million.

Schéma de risque

Le rapport du BAPE suggère que le plan de sécurité civile des municipalités touchées par le projet de doublement soit harmonisé avec le programme de gestion des urgences de TransCanada. Elle propose aussi à Pike River de définir un plan de mesures d’urgence qui tient compte «des risques associés aux installations de TransCanada sur son territoire».

Cette suggestion n’avait pas été accueillie avec enthousiasme par la municipalité lors des audiences. Le maire Martin Bellefroid demandait ouvertement pourquoi Pike River devrait assumer entièrement les coûts reliés à ce nouveau projet alors que l’ajout du risque provient des activités de l’entreprise.

Décision finale

La publication du rapport du BAPE n’est pas une décision finale dans le dossier. La conseillère en communication de l’organisme, Karine Lavoie, mentionne que le ministre de l’Environnement fera lui-même une recommandation au conseil du ministre. C’est le gouvernement qui aura le dernier mot, et la décision sera publiée dans la Gazette officielle du Québec.

Du côté du ministère, il était impossible, lundi de savoir si une décision avait été rendue et, dans la négative, quand il y en aurait une.