Projet Héritage: Graymont reçoit le feu vert de la CPTAQ

RÉCRÉOLOGIE. Le projet de création d’un parc récréotouristique dans la région de Bedford a franchi une étape cruciale, il y a une dizaine de jours, en obtenant un avis favorable de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

La CPTAQ avait émis un avis préliminaire défavorable à l’égard de ce projet, à la fin mars 2014, obligeant du même coup la compagnie Graymont à refaire ses devoirs afin de réduire l’impact des futures installations sur les terres agricoles de la région.

L’entreprise a alors demandé et obtenu la permission de se faire entendre, afin d’être en mesure de répondre aux questions des commissaires et de mieux cerner les préoccupations du milieu agricole.

«On a notamment démontré à la CPTAQ que l’entreposage temporaire de plusieurs milliers de tonnes de matière inerte – une proposition de la Commission – était plus ou moins acceptable sur le plan environnemental tout en mettant en péril la rentabilité du projet en raison du coût élevé d’un transport aller-retour», indique Sébastien Villeneuve, directeur de l’usine Graymont de Bedford.

Compromis et compensations

Afin de rencontrer les attentes de la CPTAQ, Graymont a notamment modifié à la baisse sa demande initiale en retranchant 13,7 hectares au projet. La superficie du parc passera ainsi 70,3 à 56,6 hectares.

«La parcelle de terre située à l’arrière de l’école Mgr Desranleau, qui devait être transformée en colline, demeurera intacte. Notre entreprise détenait une option d’achat signée sur ce terrain», précise M. Villeneuve.

Graymont a également proposé de redonner une vocation agricole (acériculture) à une parcelle de 22,4 hectares ayant déjà un usage non-agricole. Le terrain est situé dans la région de Lanaudière.

L’entreprise compte par ailleurs vider de son contenu une petite sablière actuellement en sa possession avant de la remplir avec de l’ardoise de schiste (shale) provenant de son site  d’extraction de Bedford. La pierre de construction qui s’y trouve déjà pourra ensuite être stockée au-dessus de l’ardoise, à la hauteur du sol.

«La sablière dispose d’une capacité d’entreposage de 400 000 tonnes métriques», ajoute M. Villeneuve.

Poursuite des activités

Graymont devra se départir de 32 millions de tonnes d’ardoise au cours du prochain demi-siècle. L’accumulation de ces résidus sans valeur commerciale à l’intérieur de la carrière empêche l’entreprise d’accéder au calcaire servant à la fabrication de la chaux et menace par conséquent la poursuite de ses activités. Le projet Héritage permettra de résoudre le problème en aménageant des collines artificielles avec la pierre stérile dont Graymont ne sait que faire.

La révision à la baisse du projet Héritage – les fameux 13,7 hectares retranchés à la proposition initiale – obligera cependant l’entreprise à sacrifier une partie de la pierre calcaire dont elle dispose.

«Compte tenu de la situation, on a décidé de réduire la zone d’extraction de dix mètres de large. Ça représente 1,3 millions de tonnes de pierre en moins», signale le DG de Graymont.

Un projet évolutif

Même si la décision de la CPTAQ est sujette à contestation durant la période de 30 jours suivant le dépôt de l’avis final, Sébastien Villeneuve demeure optimiste et prévoit la levée d’une première pelletée de terre dans 18 ou 24 mois tout au plus.

«Le projet a reçu un bon accueil au sein de la population et ce n’est pas sans raison. Au lieu d’arriver avec un projet clé-en-main, sur lequel personne ne peut rien dire, notre entreprise a pris soin de consulter les gens et d’adapter son projet à leurs demandes», soutient M. Villeneuve.

Graymont a déjà remplacé l’un de ses quatre camions de 50 tonnes par un camion de 70 tonnes, en 2014 et prévoit en remplacer un autre en juillet prochain.

«En utilisant des camions plus gros et moins bruyants, pour le transport de la pierre, on cherche à réduire les impacts négatifs du projet sur le bien-être de la population et à accélérer la réalisation des travaux en diminuant le nombre de voyages entre la carrière et le parc récréotouristique. L’installation d’un revêtement de caoutchouc à l’intérieur des boîtes des nouveaux véhicules vise le même objectif», explique M. Villeneuve.

Les prochaines étapes

. Dépôt d’une requête auprès de la CPTAQ pour l’acquisition des terrains manquants (30 % de la superficie du parc).

. Demande des certificats d’autorisation au ministère de l’Environnement.

. Discussions avec les municipalités et demande des permis de construction.

. Mise en chantier de la zone tampon entre la carrière et la zone habitée (quatre années de travail).

. Aménagement des collines, plantation d’arbres et construction des infrastructures (chalet, amphithéâtre, sentiers, etc.).