Rodrigue Benoit: de Saint-Armand à Pyeongchang

CUISINE. Rodrigue Benoit réalise un de ses rêves en participant aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang en qualité de chef cuisinier de la délégation de ski suisse.

«Mon arrivée en Europe en 2001 fut motivée par l’idée de travailler et vivre les J.O. 2004 d’Athènes. Le coach de l’équipe de triathlon avait besoin d’un chef de cuisine, mais j’ai vite renoncé à cette idée, car je n’avais pas les connaissances au niveau des besoins alimentaires des athlètes», explique le principal intéressé.

Deuxième chance

L’automne dernier, Swiss-Ski a contacté Bruno Rossignol, un ami et ancien collègue de travail de Rodrigue Benoit, en prévision des J.O. de Pyeongchang. L’offre était intéressante, mais M. Rossignol ne pouvait se libérer pendant un mois complet et a alors proposé à M. Rodrigue un partage des tâches. Le premier s’occuperait de l’aménagement de la cuisine et de la première semaine de compétitions avant de céder sa place à son collègue jusqu’à la fin des Jeux.

En poste depuis le 10 février dernier, M. Benoit voit à la préparation des repas de 29 athlètes et des autres membres de la délégation durant toute la compétition.

Les journées de Rodrigue Benoit et des membres de son équipe sont particulièrement bien remplies, car elles commencent à 5h pour se terminer vers 22h.

Un défi de taille

Cuisiner pour des athlètes aussi différents qu’un descendeur ou un freestyler représente un défi de taille, de l’aveu même du principal intéressé.

«Nous devons adapter les menus selon les périodes d’entraînement et de compétition. L’heure, le nombre et la composition des repas servis sont par ailleurs ajustés en fonction des besoins nutritionnels particuliers de chaque athlète et selon les recommandations des médecins», confie-t-il.

Les grands froids des deux premières semaines ont notamment obligé les cuisiniers à adapter les menus afin de tenir compte de la dépense énergétique plus élevée.

«Les goûts, besoins et préférences diffèrent d’un athlète à l’autre. Les Suisses romands ont par ailleurs des habitudes alimentaires différentes de celles des Suisses allemands», explique le chef cuisinier de Swiss-Ski.

M. Benoit et son équipe ont choisi de miser sur les produits régionaux coréens (viande, poisson, légumineuses, etc.) sans négliger pour autant les saveurs du terroir suisse (chocolat, fromage Gruyère, Appenzell, farine des moulins de Cossonay).

«Le moral des athlètes passe aussi par leur estomac, d’où l’idée d’ajouter quelques touches personnelles et créatives pour satisfaire les goûts de l’ensemble des participants», ajoute le chef cuisinier.

Attachement au Québec

Originaire de Saint-Armand, M. Benoit vit et travaille à Lausanne depuis une quinzaine d’années. Il possède maintenant sa citoyenneté suisse, mais revient régulièrement au Québec pour visiter sa famille et sa belle-famille.

«Mon beau-frère Rodrigue est le benjamin d’une famille de cinq enfants. Il passe deux semaines par année dans Brome-Missisquoi, en compagnie de sa mère, ses deux sœurs et ses deux frères, tous domiciliés dans la grande région de Bedford», résume Line Larocque, belle-sœur du chef cuisinier.

Bruno Benoit décrit son frère comme «un homme enjoué, super positif, qui n’a pas peur de foncer». Ses qualités d’administrateur, ajoute-t-il, lui ont permis d’accéder aux plus hauts échelons de sa profession

«Nous sommes tous très fiers de lui», affirme-t-il.

Feuille de route

Rodrigue Benoit a séjourné en Europe pendant un an – vendanges en France, travail sur un bateau de croisière, etc. – avant de revenir au Québec et d’acquérir le restaurant La Sarcelle, à Bedford. Son aventure comme chef propriétaire aura duré huit ans.

M. Benoit s’est par la suite établi en Suisse, avec sa conjointe, Danielle Duchesneau, une infirmière de profession. C’était au printemps 2001.

L’homme de 48 ans a notamment enseigné à l’École hôtelière de Lausanne et travaille maintenant comme chef exécutif de Romandie pour SV Suisse, un groupe spécialisé dans la restauration et la gestion hôtelière qui occupe près de 5 500 collaborateurs.