Saint-Armand: un nouveau joueur dans l’industrie brassicole du Québec

AGROALIMENTAIRE. Forts d’une expérience combinée d’une dizaine d’années en brassage de bière artisanale et en culture urbaine de houblon, trois jeunes entrepreneurs de la région de Montréal ont choisi Saint-Armand pour l’implantation d’une ferme brassicole à dimensions humaines.

Louis-Philippe Auger, Jean-Nicolas Lacasse et Jean-Sébastien Leduc-Lapierre ont déniché un site convenant à leurs besoins à l’intersection de la rue South et de la route 133 dans le secteur Philipsburg.

«Comme le houblon est une plante capricieuse, le climat clément de Saint-Armand nous semblait être un choix judicieux. Le support offert par les instances régionales et la notoriété de la banque de terres de Brome-Missisquoi ont également pesé dans la balance», indique M. Auger.

Les promoteurs ont opté pour une terre en friche et signé un bail locatif de cinq ans avec le propriétaire des lieux en août 2016 afin d’y établir une pépinière à houblon.

Ces derniers ont implanté une houblonnière sur la moitié du lot d’un acre et une petite exploitation maraîchère-fruitière sur une autre parcelle de terre. À ce jour la houblonnière comprend 440 rhizomes de onze variétés mis en terre en septembre 2016. L’ajout de 200 plants supplémentaires est prévu pour l’été prochain.

«Le houblon a une durée de vie utile de 25 à 30 ans et développe un système racinaire de six pieds de profondeur. Les plants peuvent atteindre une hauteur de 18 à 20 pieds, mais on les coupe en fin de saison et on les recouvre de paille pour les protéger du gel», précise M. Auger.

La première récolte de houblon est prévue pour l’automne prochain.

«Nous avons pris entente avec les propriétaires de Houblon de Dunham afin de pouvoir utiliser leur machinerie au moment de la récolte», ajoute le porte-parole du trio d’associés.

Caractère distinctif

Les trois partenaires misent notamment sur la culture et l’utilisation de certaines variétés de houblon rarement exploitées au Québec pour se démarquer de la concurrence.

«Le caractère unique des bières signées Urubu sera mis en valeur par l’utilisation de houblon local et rehaussé par la production maraîchère (souchet, piment fort, betterave à sucre, etc.) et la culture de fines herbes, qui fourniront un complément d’aromates hors pair», signale M. Auger.

L’entreprise vise l’autosuffisance au niveau de l’approvisionnement en houblon, mais n’écarte pas la possibilité d’acheter une partie des autres matières premières chez des producteurs maraîchers locaux. Elle envisage par ailleurs de vendre une partie du houblon transformé aux microbrasseries de la région ou de l’utiliser pour des projets spéciaux développés en collaboration avec d’autres brasseurs.

«À titre d’exemple, la Chelaji a été brassée à la Brasserie Dunham avec des piments cultivés sur notre parcelle de terre de Philipsburg», indique M. Auger.

M. Auger et ses associés prévoient également la mise en place d’un programme de fermentation et de vieillissement en barrique de certaines bières pour développer une signature propre à la ferme brassicole de Saint-Armand.

Stratégie commerciale

La production de la Ferme brassicole Urubu sera disponible en fût et en bouteille au salon de dégustation de l’entreprise. Il sera également possible de s’en procurer à la boutique attenante à la brasserie.

«La vente dans des bars offrant des bières artisanales permettra d’accroître la notoriété de nos produits durant les premières années de production. À terme, notre objectif est de concentrer l’ensemble des ventes au salon de dégustation et à la boutique de l’entreprise», précise Louis-Philippe Auger, porte-parole de l’entreprise.

La Ferme brassicole Urubu envisage d’établir sa brasserie en bordure du lac Champlain, à environ deux kilomètres de la houblonnière.

«Des discussions à cet effet sont en cours avec la Municipalité de Saint-Armand, propriétaire du bâtiment ciblé pour l’implantation de nos installations brassicoles», ajoute M. Auger.

Le projet s’inscrit dans une tendance de production à petite échelle, délaissant la quantité au profit de la qualité.

«Des exemples au Québec (Brasserie Dunham, Ferme brassicole des Cantons), en Ontario (Bellwoods Brewery) et au Vermont (Hill Farmstead) illustrent l’engouement pour des brassins distinctifs offerts en quantités limitées ainsi que pour l’approvisionnement local en termes de matières premières», poursuit M. Auger.