Sans rendez-vous de fin de semaine: le CSPB demande au CIUSSS de revenir sur sa décision

SANTÉ. Prenant la parole au nom du Comité santé du pôle de Bedford (CSPB), Lise Gnocchini, infirmière à la retraite, et Astrid Gagnon, sociologue de la santé, demandent au Dr Stéphane Tremblay, président-directeur général du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, de revenir sur sa décision concernant le service de sans rendez-vous dans le RLS La Pommeraie.

À compter du 11 juin, le service de consultations médicales sans rendez-vous de fin de semaine sera désormais offert en alternance, à raison d’un week-end sur deux, au CLSC de Bedford et au GMF U La Pommeraie de Cowansville (le samedi jusqu’au 26 juin et le dimanche par la suite).

Lise Gnocchini rappelle que la population de Bedford vit en milieu rural et doit souvent parcourir de longues distances pour se rendre à Cowansville.

«Samedi, le 11 juin prochain, un citoyen de Saint-Armand, inquiet pour sa santé, devra téléphoner à Cowansville dès 8 h le matin. S’il a la chance d’obtenir un rendez-vous, on lui indiquera le matin même le lieu où il doit se rendre. Il lui faudra ensuite parcourir près de 72 km pour aller à Cowansville et en revenir. S’il n’a pas les moyens de parcourir cette distance, que se passera-t-il? L’aggravation de son état de santé? De son anxiété peut-être? L’urgence? L’ambulance? Qui sait? Je n’ose même pas imaginer le pire! Nous naviguons dans l’illogisme» souligne Mme Gnocchini.

Astrid Gagnon voit les choses du même œil et laisse entendre que les citoyens de la région de Bedford n’ont pas intérêt à tomber malade durant le week-end.

«Cela n’a aucun sens de faire déplacer les personnes vers la ressource et nous ne comprenons pas comment on a pu en arriver à une telle décision. Les services du CLSC sont censés poursuivre des objectifs de prévention et de première ligne et, par conséquent, favoriser notamment le désengorgement des urgences. C’est la ressource qui doit venir vers les citoyens (et non l’inverse)», affirme-t-elle.

Érosion des soins de santé

À la lueur des derniers événements, Lise Gnocchini ne cache pas son inquiétude au sujet de l’avenir des services de proximité dans la région de Bedford.

«Il y a eu la question des prélèvements qui a fini par se régler, il y a le dossier actuel des Villas des Rivières, il y a les rumeurs qui circulent concernant la vaccination des enfants et les soins aux nourrissons qu’on n’hésite pas à déplacer vers Cowansville, le remplacement d’un médecin qui nous quittera bientôt ! Voilà qu’on nous annonce maintenant, mine de rien, des coupures supplémentaires au sans rendez-vous qui pourraient, semble-t-il, être permanentes», ajoute Mme Gnocchini.

Cette dernière estime que les services de proximité sont «sérieusement compromis» et dit craindre que «l’érosion des soins de santé» nuise aux efforts de revitalisation des municipalités du pôle géographique de Bedford.

Astrid Gagnon prend également soin de rappeler les annonces du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé laissaient entrevoir des jours meilleurs.

«Il devait décentraliser le système de santé et offrir à la population des services accessibles et améliorés. De toute évidence, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas: soit les décideurs sont trop loin de la réalité que nous vivons, soit les promesses du ministre ne sont que de belles paroles», avance-t-elle.

Les deux citoyennes impliquées au sein du Comité santé du pôle de Bedford demandent aux dirigeants du CIUSSS de l’Estrie – CHUS de changer de cap.

«Les services doivent être dirigés vers les citoyens et ils doivent être bonifiés. C’est une question de santé, de prévention, de logique et de survie du réseau. À ce sujet, Dr Tremblay a le devoir d’informer et de rassurer dès maintenant les citoyens et citoyennes du pôle de Bedford», insistent Mme Gnocchini et Gagnon.