Témérité aux passages à niveau: un citoyen de Farnham sonne l’alarme

TRANSPORT. Voilà plus de cent ans que les Farnhamiens cohabitent avec les trains, mais certains individus font toujours preuve d’inconscience et adoptent des comportements qui menacent leur vie ou leur intégrité physique.

Guillaume Lessard, un père de famille résidant à l’intersection des rues Victoria et Pacifique, peut en témoigner.

Le 31 janvier, vers 14h45, ce dernier a dû patienter pendant une vingtaine de minutes au passage à niveau de la rue Meigs-Saint-André pendant le passage d’un convoi ferroviaire. Des étudiants de l’école secondaire Jean-Jacques-Bertrand, qui venaient de terminer leur journée et s’en retournaient à la maison, sont venus se joindre aux piétons faisant le pied de grue aux abords de la voie ferrée.

«C’est très frustrant d’être arrêté aussi longtemps, car le train ne fait pas que passer: il avance et recule à plusieurs reprises dans la cour de triage», signale le principal intéressé.

Cette journée-là, contre toute attente, un jeune a décidé de traverser le passage à niveau, entre deux wagons, pendant que le train était à l’arrêt. Une dizaine de ses confrères lui ont emboîté le pas par la suite, sans même réaliser que le convoi pouvait se remettre en marche à tout moment.

«J’étais fâché, j’avais peur pour eux, mais j’ai surtout pensé à mes garçons de huit et onze ans. Bientôt, ce sont eux qui seront confrontés à cette situation… et je ne pourrai pas toujours être là pour les surveiller», indique M. Lessard.

Si un geste d’une telle audace est plutôt exceptionnel aux passages à niveau, il n’est pas rare que des jeunes passent entre les wagons ou sous le train à l’arrière de l’école primaire Farham Elementary, ajoute notre interlocuteur.

Mise en garde

À son retour à la maison, Guillaume Lessard a relaté à ses deux fils les événements dont il venait d’être témoin.

«Je leur ai raconté, pour la énième fois, l’histoire de cette jeune femme de Montréal qui a eu les deux jambes sectionnées dans une situation similaire. Après quelques regards exaspérés, je leur ai fait promettre encore une fois qu’ils ne poseraient jamais un geste aussi téméraire. J’ai fait une petite prière là-dessus», poursuit le père de famille.

Ce dernier a également pris soin d’écrire au maire de Farnham pour le sensibiliser à cette problématique.

«Monsieur le maire, écrit-il, il me semble qu’on joue à la roulette russe avec la vie de nos enfants – et la sécurité générale des citoyens – en laissant cette situation perdurer. Je comprends qu’on ne peut pas arrêter le train de circuler (…) et je sais que vous travaillez à sortir la cour de triage du centre du village. Mais ça prend du temps ces décisions-là. En attendant, serait-il possible de travailler à trouver une solution avant que l’irréparable se produise?

M. Lessard reconnaît avoir lui-même été jeune et téméraire, mais estime que la situation a assez duré et qu’il faut passer à l’action.

«Ça passerait plutôt mal aux nouvelles si quelqu’un perdait la vie alors que rien n’a été fait pour régler un problème connu et aussi dangereux», renchérit-il.

Réactions du maire

Le maire Patrick Melchior, qui agit également comme préfet de la MRC de Brome-Missisquoi et président du sous-comité sur la sécurité de l’Alliance du corridor ferroviaire Estrie-Montérégie (ACFEM), se sent interpellé par les faits rapportés par M. Lessard.

«La sécurité des citoyens de Farnham, c’était une préoccupation pour les anciens élus et c’en est également une pour les membres du conseil municipal actuel. Il est irréaliste de poser des gestes aussi téméraires pour sauver trois ou quatre minutes d’attente», indique-t-il, en ajoutant qu’il a l’intention d’aborder le sujet lors d’une prochaine rencontre avec les dirigeants du Canadien Pacifique.

M. Melchior est bien conscient que la localité est «carrément scindée en deux» lors du passage des convois ferroviaires et que cette situation indispose les citoyens tout en risquant de poser problème advenant une situation d’urgence. Il croit également que «la présence d’une cour de triage au centre-ville n’a plus sa place en 2020».

Le maire dit par ailleurs discuté de sécurité ferroviaire avec le sous-ministre adjoint des Transports, mercredi dernier, à Québec. Il croit également que la création de l’ACFEM témoigne d’une synergie sans précédent entre les élus municipaux de la région et facilitera les négociations avec les gouvernements supérieurs et les propriétaires de l’entreprise ferroviaire.

«On n’a rien contre le CP (Canadien Pacifique) et on croit en cette compagnie. C’est un partenaire important et on veut travailler avec ses dirigeants pour réduire les temps d’attente aux passages à niveau et améliorer la sécurité ferroviaire dans la région. La cour de triage est également à l’agenda: on veut la sortir du centre-ville, mais on souhaite toutefois qu’elle demeure dans Brome-Missisquoi», insiste M. Melchior.