Terres enclavées par la 35: la CPTAQ reste sur ses positions

DÉCISION. La CPTAQ accueille favorablement la demande du ministère des Transports du Québec (MTQ) qui souhaite aliéner en sa faveur une superficie cultivable additionnelle de 20,7 hectares située au sud-est de la rivière aux Brochets, à la hauteur de Pike River, pour les besoins du projet de parachèvement de l’autoroute 35 vers les États-Unis.

Les commissaires Yves Baril et Hélène Lupien reconnaissent que la réalisation du projet entraînera la perte de sols cultivés ou offrant de l’intérêt pour l’agriculture, mais estiment que le projet ne peut se réaliser sur d’autres sites.

La CPTAQ ajoute que le gouvernement a procédé par décret en 2007 pour établir l’assiette du tracé, de sorte que la Commission n’a plus juridiction pour bonifier le projet de construction de l’autoroute de mesures de mitigation visant à assurer la pérennité de la pratique agricole sur la superficie qui se retrouvera enclavée par l’autoroute.

Il convient de rappeler que le décret gouvernemental avait pour but de modifier le tracé d’origine afin de permettre d’éloigner l’autoroute 35 de boisés existants et de milieux humides servant de refuge à des oiseaux migrateurs et à d’autres espèces animales menacées ou vulnérables (petit blongios, pie-grièche migratrice, paruline à ailes dorées, etc.).

Demandes des agriculteurs

Si le nouveau tracé a permis de répondre à certaines préoccupations des écologistes, il a été plutôt mal accueilli par le milieu agricole et le monde municipal.

Les agriculteurs de Pike River expropriés en 1973-1974 pour les fins du projet réclament depuis des années un retour au tracé d’origine ou la présentation d’un tracé alternatif. La municipalité de Pike River, la MRC de Brome-Missisquoi et l’UPA de la Montérégie défendent la même position.

Afin de minimiser l’impact du projet sur l’agriculture, certains producteurs ont suggéré le prolongement des digues existantes afin de s’assurer que les 78 hectares de terres enclavées ne soient plus inondées et que les agriculteurs puissent cultiver ces terres lors des travaux de construction. Ils ont également recommandé l’installation de digues supplémentaires du côté est de l’autoroute.

Réagissant à ces demandes, le MTQ a fait valoir aux commissaires de la CPTAQ que la mise en place des remblais réclamés par les agriculteurs contreviendrait à la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables et pourrait causer des «dommages sérieux» aux espèces de poissons présentes dans la rivière aux Brochets et ses affluents.

Les agriculteurs ont par ailleurs proposé la mise en place d’un viaduc agricole pour accéder aux terres agricoles enclavées, mais le MTQ privilégie plutôt l’aménagement d’un chemin d’accès pour permettre aux résidants, à la machinerie agricole et aux animaux de circuler de part et d’autre du futur tronçon autoroutier.

Le MTQ est propriétaire des terres enclavées depuis novembre 2014 et les offre en location aux agriculteurs désireux d’en faire l’exploitation.

Réactions du maire Bellefroid

Martin Bellefroid, maire de Pike River et producteur agricole, se dit déçu de la décision de la CPTAQ.

«Au départ, on nous avait laissé entrevoir que des aménagements favorisant la pratique agricole étaient envisageables. Nous avons l’impression d’avoir fait toutes ces démarches pour rien. C’est un peu démotivant», affirme-t-il.

Ce dernier prend soin de rappeler que la construction de l’autoroute obligera certains producteurs agricoles à effectuer un détour de 2 km à 5 km pour accéder aux terres en culture.

«Les agriculteurs auront à décider s’il y a lieu de poursuivre les démarches. La municipalité de Pike River ne peut piloter le dossier sur une base individuelle, mais est prête à les appuyer», ajoute le maire Bellefroid.