Un deuxième championnat pour Charles Pelletier chez les professionnels

COMPÉTITIONS. Charles Pelletier, de Saint-Armand, collectionne les victoires aux compétitions de tire de tracteur chez nos voisins du Sud, mais plusieurs de ses concitoyens ignorent tout de ses récents succès et le connaissent simplement à titre de propriétaire de Concassage Pelletier inc.

Ce type d’épreuve n’a plus de secret pour ce fier compétiteur qui a fait ses débuts à l’Exposition agricole de Bedford, vers l’âge de 14 ou 15 ans, aux commandes d’un tracteur des plus ordinaires.

M. Pelletier évolue sur la scène internationale depuis six ans et au sein de la National Tractor Pullers Association (NTPA) depuis trois ans. Il s’agit du plus important circuit professionnel de tire de tracteur.

Ce dernier n’a pas tardé à faire sa marque chez les pros. En 2016, il a pris le troisième rang au classement général de la NTPA, au terme d’une série de 20 compétitions, en plus de rafler le titre de recrue de l’année.

«À l’époque, mes adversaires s’amusaient à dire que j’avais profité de la chance des débutants, mais ils ont fini par constater que Lucky Charlie avait vraiment sa place sur le circuit», explique le principal intéressé sur un ton mi sérieux, mi- blagueur.

L’an dernier, M. Pelletier a été sacré champion de la NTPA dans la catégorie 10 000 livres et a réussi à conserver son titre en 2018 contre toute attente.

«C’est la première fois en 50 ans qu’un Canadien remportait le championnat de la NTPA et la première fois en huit ou neuf ans qu’un compétiteur gagnait deux ans de suite», indique-t-il.

Au cours des derniers mois, le résidant de Saint-Armand a également remporté la 50e édition du Bowling Green, en Ohio. Cette victoire, à la plus importante et la plus populaire compétition extérieure de la planète, lui a valu un trophée et une bague souvenir ressemblant à s’y méprendre à celle du Super Bowl.

«J’ai été le premier Canadien à mettre la main sur cette bague», ajoute-t-il.

Le compétiteur québécois a par ailleurs gagné, le 15 septembre dernier à Urbana (Ohio), une compétition réunissant les cinq meilleurs compétiteurs de chaque catégorie. Il s’agissait de son deuxième titre en autant d’années.

«Cette fois-ci, j’ai essayé de quoi de nouveau et ça a fonctionné. J’ai même réussi à distancer mon plus proche adversaire de 18 pieds. Pour rester champion, il faut faire preuve d’inventivité et tenter sans cesse de s’améliorer. J’ai également la chance de pouvoir sur le support de fabricants qui croient en moi et n’hésitent pas à fabriquer des pièces sur mesure pour mes besoins personnels», explique-t-il.

Une année bien remplie

Les États-Unis présentent des épreuves de tire de tracteur neuf mois par  année. Les compétiteurs désirant se démarquer ont du pain sur la planche et doivent garder la forme.

Charles Pelletier vient à peine de terminer la saison 2018 qu’il pense déjà à la prochaine.

«J’ai droit à trois mois de répit à la fin de chaque année, puis ça recommence», résume-t-il.

La reprise des hostilités est prévue pour janvier prochain. Une compétition intérieure à Cloverdale (Indiana), puis une compétition sur invitation à Louisville (Kentucky) en février.

«Je participe au National Farm Machinery Show & Tractor Pull depuis cinq ans. J’y côtoie parfois un compatriote du Nouveau-Brunswick, mais, la plupart du temps, je suis le seul Canadien à prendre part à cette compétition intérieure», affirme celui qui a pris le quatrième rang, l’an dernier, au grand rassemblement de Louisville

L’homme de 52 ans s’attaquera ensuite à la défense de son titre en prenant part à la vingtaine d’épreuves sanctionnées par la NTPA.

«Je signe un contrat chaque année avec les organisateurs qui m’obligent à participer à chacune de ces compétitions. Évoluer sur le circuit de la NPTA coûte cher et demande beaucoup de sacrifices, mais j’adore ça», insiste-t-il.

M. Pelletier passe les mois de juin, juillet, août et septembre aux États-Unis, mais revient deux semaines à la maison au milieu de l’été. Sa conjointe, Linda Tétreault, et son équipe de mécaniciens – Josh, Russell et Tim Shipley – sont également sur place pour lui prêter main-forte.

Pas facile de faire sa marque

Malgré ses succès, Charles Pelletier a connu sa part de difficultés, l’été dernier, à la suite d’une série de bris mécaniques. Il a cependant réussi à se tirer d’affaire grâce au dévouement de ses mécanos.

«J’ai endommagé le moteur de mon tracteur à six reprises au début de la saison. Mes malheurs ont commencé à Hutchinson (Minnesota), puis ont continué de plus belle à Tomah (Wisconsin), où j’ai gagné le premier soir avant de briser le deuxième soir», résume-t-il.

Ce dernier ajoute que la compétition apporte son lot de déceptions, tout spécialement quand on peine à gagner. Les compétiteurs sont notamment à la merci de bris mécaniques et de l’ordre de passage dans l’enceinte (plus la compétition avance, plus la piste se détériore).

«Comme le moteur coûte extrêmement cher – environ 160 000 $ – et a une durée de vie limitée, il est impossible de pratiquer entre deux épreuves. Tout se joue lors des compétitions», explique-t-il.

Le compétiteur québécois doit également rivaliser avec des rivaux nettement plus fortunés et beaucoup mieux encadrés qui ne se déplacent jamais sans leur équipe.

«Je compétitionne avec des propriétaires d’entreprises. Ils arrivent en limousine ou en jet privé et n’ont pas à prendre la route entre deux compétitions. C’est le chauffeur qui s’en charge. De mon côté, je voyage seul avec ma femme et je couche dans mon truck», poursuit-il.