Un travail à mi-temps, mais une passion de tous les instants

APICULTURE. Les Jardins apicoles des Frontières perpétuent un savoir-faire ancestral tout en développant des produits dérivés ou transformés au fil des ans. L’apiculture passe aujourd’hui par la diversification.

Cette PME agricole de Philipsburg, fondée en 2015, fabrique notamment du savon et du baume à lèvres à base de cire d’abeille depuis 2018, des chandelles et des emballages réutilisables depuis 2019.

«Cette année, on développe une moutarde au miel avec des produits du Québec (sauf le curcuma et l’huile d’olive) et, pour l’an prochain, on pense à un hydromel. Nous avons déjà acheté les cuves pour la fabrication de cette boisson», indique Patrick Guénette, copropriétaire de l’entreprise.

Cette initiative permet aux Jardins apicoles des Frontières d’offrir une belle diversité de produits aux consommateurs avides de nouveauté.

«Nous réalisons 70 % de nos ventes avec le miel et l’autre 30 % avec des produits dérivés du miel ou de la cire d’abeille», précise Audrey Veillette, copropriétaire de l’entreprise.

Les marchés publics et les marchés de Noël constituent une vitrine de choix pour les apiculteurs de Bedford qui y écoulent près de 75 % de leur production.

«En 2019, nous avons alimenté les marchés publics de Dunham, de Frelighsburg et de Venise-en-Québec durant la saison estivale, puis les marchés de Noël de Bedford, de Saint-Armand, de Frelighsburg et de Notre-Dame-de-Stanbridge. Nous avons également participé aux Fêtes de l’Acadie et fait un saut à l’Exposition agricole de Saint-Hyacinthe», ajoute Mme Veillette.

Cet été, les produits des Jardins apicoles des Frontières seront disponibles au marché public de Frelighsburg. Les propriétaires pensent par ailleurs louer un kiosque au marché public du Vieux Saint-Jean-sur-Richelieu, un établissement ouvert à l’année.

«Les marchés publics nous fournissent l’occasion de rencontrer et d’établir un lien direct avec les consommateurs. De nos jours, les gens aiment bien savoir ce qu’ils mangent et n’hésitent à poser des questions. Ils sont curieux et veulent toujours en savoir plus», souligne M. Guénette.

Six millions d’abeilles

L’apiculteur de Philipsburg a fait ses classes avec deux ruches, dont il s’occupait les soirs et la fin de semaine. C’était en 2015.

Cinq ans plus tard, celui-ci possède 100 ruches dispersées le long de la frontière canado-américaine, entre le lac Champlain et le lac Brome, chez des producteurs maraîchers, des gentlemen-farmers et sur des terres en friche.

«Avec 100 ruches et six millions d’abeilles, je peux encore m’en occuper à temps partiel. J’aimerais toutefois monter ça à 250 ruches de façon graduelle, puis à 500 ruches d’ici cinq ans. Ça prendra alors tout mon temps», laisse entendre M. Guénette.

L’entreprise produit de deux tonnes et demie à trois tonnes (2500 à 300 kilos) par an de miel 100 % naturel. Un miel à base de fleurs sauvages (trèfle, sarrasin, tilleul, houblon, monarde, asclépiade, etc.).

«Nous prenons une partie de nos vacances à l’automne pour la récolte du miel. L’extraction se fait dans notre cuisine», indique Mme Veillette.

Le miel des Jardins apicoles des Frontières est notamment disponible à l’épicerie écologique Vrac dans l’sac, à Bedford. Capeline & Chocolat propose également à sa clientèle des produits fabriqués avec le miel du tandem Guénette-Veillette.

Assurer ses arrières

Se lancer en affaires demande de l’audace et comporte son lot de risques financiers. Voilà sans doute pourquoi plusieurs nouveaux entrepreneurs jouent de prudence en conservant l’emploi qui les fait vivre tout en misant sur leur passion. Les propriétaires des Jardins apicoles des Frontières sont de ceux-là.

Patrick Guénette a travaillé comme boucher dans les supermarchés de la région pendant dix ans, avant de réorienter sa carrière. Après l’obtention d’un Diplôme d’études professionnelles en production horticole (en 2000 à Coaticook), puis d’une Attestation d’études collégiales en gestion et exploitation d’entreprises apicoles (en 2015 à Alma), celui-ci a assemblé ses premières ruches tout en continuant à travailler à l’extérieur. Il partage aujourd’hui son temps entre l’apiculture et l’entretien ménager.

«Je travaille à la Résidence Bedford une trentaine d’heures par semaine. Ça me donne le temps de m’occuper de mes ruches», résume-t-il.

Sa conjointe, Audrey Veillette, est notaire à l’étude Ménard & Paquette. Les fins de semaine, elle peinture des ruches, va aux champs, s’occupe de l’extraction du miel ou vend les produits de l’entreprise dans les marchés publics.

«J’ai suivi quelques formations en apiculture, mais le vrai spécialiste, c’est Patrick», indique-t-elle.

M. Guénette n’hésite pas à partager ses connaissances avec le grand public et se propose notamment d’initier les élèves de l’école primaire de Saint-Armand au monde merveilleux des abeilles dès la prochaine rentrée scolaire.

«Ça devait se faire le printemps dernier, mais le projet a été mis sur la glace en raison de la pandémie de COVID-19», explique le principal intéressé.