Nette progression de la maladie de Lyme en Estrie

SANTÉ. Le nombre de cas de maladie de Lyme rapportés depuis le début de l’année fracasse tous les records ; 120 personnes l’ont contractée sur le territoire du Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie, comparativement à 74 en 2016.

Si la progression, chiffrée à 166 %, a été particulièrement nette en un an, celle-ci s’est imposée de façon plutôt constante depuis 2012. Évitant d’être alarmiste, la directrice de la Santé publique, Dre Mélissa Généreux, juge néanmoins la situation préoccupante.

«Au fil des années, ce qu’on a observé comme tendance, c’est une augmentation du nombre de cas, mais qui est plus marquée dans deux territoires bien ciblés, les MRC de La Haute-Yamaska et Brome-Missisquoi». Le taux d’incidence, fixé à 25 pour 100 000 habitants dans la région sociosanitaire de l’Estrie, grimpe à 72 à ces endroits.

«C’est quand même assez élevé.[…] Aux États-Unis, où la situation est bien implantée dans le Nord-Est depuis

La directrice de la Santé publique du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Dre Mélissa Généreux, se veut rassurante en dépit du fait que le nombre de personnes ayant contracté la maladie de Lyme ait explosé en 2017.

plusieurs années , les taux vont être autour de 80 par 100 000», ajoute Dre Généreux, précisant toutefois que le calcul n’y est pas effectué exactement de la même façon. Près de 60% des cas québécois auraient probablement été contractés sur le territoire du CIUSSS de l’Estrie. La région est la plus touchée en province, suivie par la Montérégie.

Le réseau de la santé se fait rassurant

Si la maladie de Lyme est bien implantée chez nous et est appelée à gagner d’autres régions en province, elle ne constitue néanmoins pas une fatalité. Ainsi, la Santé publique tient à rassurer la population: soignés correctement, les patients en guérissent.

«C’est quand même quelque chose qui se traite facilement. Je n’ai pas eu, dans ma pratique, d’échec  thérapeutique», explique Dre Mirabelle Kelly, médecin spécialiste en microbiologie médicale et infectiologie à l’hôpital de Granby. Cette dernière précise d’ailleurs que les 120 patients infectés chez nous se portent désormais très bien.

Vaut mieux prévenir que guérir

La proportion de tiques infectées étant supérieure à 20 % en Haute-Yamaska et dans Brome-Missisquoi, la prophylaxie y est offerte depuis le printemps dernier, un moyen déjà très répandu chez les Américains.
«[…]si un patient arrive à l’hôpital avec une tique ou va dans une clinique, il pourra recevoir, si les critères sont remplis, un médicament pour prévenir l’apparition des symptômes», explique Dr Kelly. Dans ce cas, 200 mg de doxycycline, un antibiotique, sont administrés aux personnes mordues par une tique demeurée insérée dans l’épiderme pendant plus de 24 heures. Cette morsure doit toutefois être survenue dans les 72 heures précédant le traitement.

La Santé publique souhaite d’ailleurs rendre cette médication encore plus accessible via une ordonnance collective qui devrait être accessible l’été prochain. Des pharmaciens et des infirmières seraient ainsi autorisés à la prescrire à toute personne piquée sur le territoire des deux MRC. Le tout est actuellement en développement, précise Dre Mélissa Généreux.

«Une ordonnance collective, c’est comme un chèque en blanc que l’on signe comme docteur.  On veut donc s’assurer que c’est vraiment bien fait, que ça ne peut pas être interprété de manière inadéquate».

De petites… et de grandes conséquences

Rappelons que la maladie de Lyme peut être contractée lorsqu’une tique infectée, en quête de sang, s’accroche à la peau et libère la bactérie Borrelia burgdorferi par le biais de sa salive. Une réaction locale se produit alors dans les trois à 30 jours suivants. Si la bactérie progresse dans le système sanguin, des maux similaires à ceux de la grippe peuvent faire leur apparition, par exemple de la fièvre ainsi que des douleurs articulaires et musculaires.

D’autres symptômes plus graves peuvent se manifester en l’absence de traitement. «Ce qu’on va voir, ce sont des gros maux de tête, éventuellement une méningite et une paralysie faciale […]. Chez les enfants, on voit beaucoup d’arthrite et des cardites, c’est-à-dire une inflammation du muscle cardiaque», explique la Dre Geneviève Baron, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive.

Selon le réseau de la santé, le taux de transmission de la maladie se situe actuellement à environ 3 %.