Agrile du frêne: Farnham doit abattre une dizaine d’arbres
ENVIRONNEMENT. La présence de l’agrile du frêne sur le territoire de Farnham se confirme. Les autorités municipales ont coupé quelques arbres infestés, tard l’automne dernier, et doivent en abattre d’autres sou peu. Il s’agit d’une deuxième opération du genre en autant d’années.
Les choses ont commencé tout doucement, il y a environ 18 mois (automne 2016), lorsqu’un premier arbre infesté a été repéré dans le terre-plein de la rue du Centenaire, au nord de la rivière Yamaska. Il s’agissait de la première mention officielle de l’insecte dans les limites de Brome-Missisquoi.
Le coordonnateur du service forestier à la MRC de Brome-Missisquoi, François Daudelin, laissait alors entendre que la population d’agriles sur le site en question devait être assez importante, car l’arbre avait dépéri très rapidement.
La présence de frênes légèrement infestés a également été signalée, la même année, dans un lieu public situé à l’arrière de la rue Principale. Cette fois-ci, les arbres concernés ne comptaient qu’une ou deux lacérations.
L’examen sommaire des 2 000 autres frênes identifiés dans les parcs et espaces verts des municipalités de Bromont, Lac-Brome, Cowansville et Farnham en 2016 n’a pas révélé d’autres cas.
«D’après le rapport d’un ingénieur forestier, un cas d’infestation à l’agrile du frêne aurait été détecté à la fin de l’été 2015 sur le territoire de Bromont, mais l’Agence canadienne d’inspection des aliments – responsable du suivi des espèces exotiques – n’a rien trouvé l’été suivant», indique M. Daudelin.
Nouveaux cas à Farnham
Les pièges, installés en juin 2017 et retirés en septembre de la même année à Lac-Brome, Bromont, Cowansville, Sutton, Frelighsburg et Bedford n’ont pas permis de déceler la présence de l’agrile. Il en va tout autrement à Farnham.
L’automne dernier, le service des travaux publics de cette Municipalité a abattu trois frênes infestés en périphérie de la piscine Saint-Bruno et doit en abattre deux autres au même endroit prochainement.
«Nous avons également trouvé deux arbres infestés à l’agrile au poste de la Sûreté du Québec et un autre frêne présentant des signes de dépérissement au parc Roch-Bourbonnais, en face de l’école secondaire Jean-Jacques-Bertrand. On prévoit les couper dans les prochaines semaines avant de les transporter au site d’enfouissement de Cowansville, où ils seront déchiquetés en fines particules», précise le directeur des travaux publics, Michel Phaneuf.
En vertu des directives de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, l’abattage des arbres infestés doit se faire entre le 1er octobre et la mi-mars, alors que les larves sont en dormance.
«C’est le meilleur temps pour abattre les arbres, les déchiqueter sur place ou les transporter à une scierie », signale M. Daudelin.
Problématique urbaine
François Daudelin rappelle que l’agrile a fait son apparition à Granby en 2013, puis à Farnham en 2016. Cet insecte exotique, originaire de l’Asie, est également bien présent à Saint-Pie, Chambly, Saint-Hyacinthe et Saint-Jean-sur-Richelieu depuis quelques années déjà.
«Ce n’est qu’une question de temps avant que l’agrile étende son territoire. Dans un an ou deux, il y en aura certainement à Cowansville» affirme-t-il.
Ce dernier laisse par ailleurs entendre que l’agrile est davantage une problématique urbaine que forestière.
«Les administrations municipales devront tôt ou tard établir un plan de match, prévoir de l’abattage d’arbres et du reboisement, tout en prenant soin d’échelonner les dépenses», indique-t-il.
Selon M. Daudelin, Cowansville a été la première municipalité de Brome-Missisquoi à opter pour un traitement préventif de l’agrile. À ce jour, aucune autre ne lui a emboîtée le pas.
«Il faut savoir que le traitement est relativement coûteux – environ 200 $ par arbre aux deux ans – et qu’il s’adresse tout spécialement aux grandes villes possédant des frênes patrimoniaux», précise-t-il.
Michel Phaneuf abonde dans le même sens.
«Comme le traitement préventif coût cher et n’est pas garanti, il est souvent plus avantageux de couper les frênes infestés et d’en planter de nouveaux. À l’heure actuelle, on n’abat que les arbres en milieu urbain. On ne touche pas aux boisés, même si on présume que l’agrile doit être présente au centre de la nature», explique-t-il.
Le directeur des travaux publics rappelle que l’ancienne pépinière de la MRC de Brome-Missisquoi a cultivé beaucoup de frênes au fil des ans et que les spécimens n’ayant pas trouvé preneurs lors des distributions annuelles aux citoyens étaient souvent mis en terre à Farnham.
«Nous devons avoir replanté de 100 à 150 frênes dans le cadre de ce programme de reboisement. Comme il s’agit d’un bel arbre, on n’avait aucune hésitation à le faire. C’était bien sûr avant l’apparition de l’agrile en Amérique du Nord», affirme-t-il.
SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU EN MODE ACTION
La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a adopté l’approche élaborée par une université américaine pour éviter la propagation de l’agrile du frêne.
La Municipalité abat tous les frênes dont le diamètre est inférieur à 15 cm, peu importe leur état de santé, ces derniers étant plus faciles et moins coûteux à remplacer que les arbres plus volumineux.
La stratégie de Saint-Jean-sur-Richelieu prévoit par ailleurs l’abattage obligatoire de tout frêne présentant un taux de dépérissement supérieur à 30 %. Avec une telle infestation, l’arbre est considéré comme irrécupérable.
Le troisième volet du plan de lutte à l’agrile du frêne consiste à traiter tous les arbres sains de plus de 15 cm de diamètre. (C.H.)
Avec la collaboration de Gilles Bérubé