Aventure sur paille a le feu vert

Un couple de producteurs maraîchers de Stanbridge East entend diversifier ses sources de revenus en aménageant un gîte rustique dans un bâtiment de ferme. Cette initiative s’inspire largement d’Aventure sur la paille, un concept européen qui connaît sa part de succès.

«En Suisse, le réseau Aventure sur la paille est déjà bien établi et regroupe quelque 175 fermes participantes. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec des membres du réseau et d’évaluer les avenues les plus prometteuses», signale Nassereddine Boumenna, un ancien consultant en Internet qui a troqué son ordi pour la culture bio voilà cinq ans.

Selon le plan d’affaires de l’entreprise, réalisé par Claire Lanctot, conjointe de M.Boumenna et spécialiste en finances, le projet Aventure sur la paille devrait couvrir ses frais d’ici trois ans.

«La conversion d’une partie de la grange existante en gîte nous fournira l’occasion de diversifier nos activités et de mettre en valeur les produits de la ferme (petits fruits, œufs, etc.) à l’heure du petit déjeuner tout en utilisant des espaces vacants. Cette initiative permettra également à des citadins de bénéficier d’une offre d’hébergement différente et de vivre pleinement l’aventure agricole. Ceux qui le désirent auront en effet l’opportunité de participer aux travaux de la ferme (plantation, désherbage, récolte)», explique Mme Lanctot, dont l’entreprise écoule chaque semaine 250 paniers bio dans six points de chute de Montréal via le réseau Équiterre.

M.Boumenna fait également valoir que la formule Aventure sur la paille pourrait contribuer à la sauvegarde du patrimoine bâti du Québec en fournissant une source de revenus aux producteurs agricoles qui possèdent une vieille grange, mais n’ont pas les ressources financières pour la rénover.

Le projet du couple Boumenna-Lanctot s’adresse tout spécialement aux jeunes familles, aux cyclistes et aux touristes de passage dans la région de Bedford. Au dire des deux principaux intéressés, il pourrait également convenir aux sorties de fin d’année scolaire (mai et juin).

Le projet Aventure sur paille a raflé un prix l’an dernier au concours d’entrepreneuriat du CLD de Brome-Missisquoi et bénéficiera d’une subvention de 14 000 $ du ministère de l’Agriculture, des pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Long cheminement

Les deux néo-ruraux n’ont pas eu la tâche facile et ont dû vendre leur salade à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qui voulait notamment s’assurer que le gîte ne finirait pas par avoir préséance sur la culture maraîchère.

«Les gens de la CPTAQ avaient besoin d’être rassurés sur nos intentions et nous avons répondu à toutes leurs questions. À la suite de nos explications, ils ont bien compris que le projet Aventure sur la paille constitue une sorte de complément à nos activités et ne prendra jamais le dessus sur le reste. L’aspect physique du bâtiment ne le permet tout simplement pas», résume M.Boumenna.

Les promoteurs ont également dû travailler avec les représentants de la municipalité et du service de protection incendie pour les rassurer sur l’aspect sécuritaire des lieux et leur démontrer que tout est conforme au Code du bâtiment.

La réalisation du projet a nécessité l’installation d’un système d’alimentation en électricité, d’une fosse septique, d’un champ d’épuration, de huit fenêtres et de sorties de secours. Il a également fallu aménager six mini-dortoirs et quatre salles de bain.  

«En Suisse, tout le monde couche dans un seul et même dortoir. Chez nous, les gens auront accès à des cubicules pouvant accueillir jusqu’à quatre personnes. Les gens dormiront sur une couverture de laine posée directement sur la paille et chacun fournira son sac de couchage. Une aire commune, située du côté est du bâtiment, pourra également servir de salle à dîner», précise M.Boumenna.

Les installations de Stanbridge East permettront d’accueillir entre 20 et 25 personnes à la fois.

«Le rez-de-chaussée est réservé aux animaux et l’étage aux humains. Il faut cependant comprendre que les deux clientèles ne cohabiteront pas directement, car nos moutons passent l’été dans les pâturages», indique le promoteur.